dimanche 9 novembre 2014

Notre-Dame de Chalons-sur-Marne.

Notre-Dame de Chalons-sur-Marne.

"Voici Chalons aux belles flèches," disait autrefois le voyageur dès qu'il découvrait de loin les longues et fines aiguilles de charpente et de plomb, au nombre de six, qui s'élevaient fièrement à 65 ou 66 mètres au-dessus des maisons.
Notre-Dame de Vaux, plus favorisée à cet égard que la cathédrale Saint-Etienne, avait alors quatre de ces six flèches à elle seule: il ne lui en reste qu'une, celle du beffroi, qu'on appelle la Guette; mais on peut juger par notre dessin que l'édifice entier a conservé assez d'importance, d'ornements et de solidité pour ne pas avoir trop lieu de se plaindre des injures du temps et des hommes. 



C'est une belle église gothique, dont l'évêque Alpin, seigneur de Bayes, avait, dit-on, posé des humbles fondations, dès le cinquième siècle, dans une vallée près de la ville, sur un souterrain anciennement consacré aux divinités gauloises. Longtemps on appela cette église Sainte-Marie ou Notre-Dame en Vallée; l'une des chapelles a gardé le nom de "chapelle des marais".
En 1157, Notre-Dame n'était encore construite qu'en bois; on s'aperçut à temps qu'elle menaçait ruine: un jour, on enleva en toute hâte les cloches, les stalles, les vitres, et aussitôt l'édifice s'écroula; ce fait est consigné sur une lame d'airain enchâssée dans l'un des murs du monument actuel. La piété publique s'émut d'un si grand désastre; les dons pour la réparation de Notre-Dame ne se firent pas attendre. On employa cent soixante ans à remplacer l'église de bois par le riche monument en pierre qui est encore aujourd'hui l'une des beautés de Chalons: toutefois le portail en pierre n'a été construit qu'en 1469. 
Notre-Dame de Vaux a dû en grande partie les ressources qui ont permis de l'entretenir, de la réparer, et même de l'agrandir pendant plusieurs siècles, au grand concours de fidèles généreux qu'attirait dans son sanctuaire la célèbre relique du saint Nombril, venue de Rome et exposée pour la première fois, en 1407, par l'évêque Charles de Poitiers. On assure qu'en 1707, un autre évêque de Châlons, M. de Noailles, conçut des doutes sur l'authenticité de cette relique, qu'il la fit examiner, et qu'il résolut de ne plus en permettre l'exposition. Un procès engagé à ce sujet ne fut jamais entièrement jugé; le reliquaire en vermeil fut restitué aux marguilliers.

Le magasin pittoresque, janvier 1851.

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