lundi 24 novembre 2014

La gare de chemin de fer de Paris à Strasbourg.

La gare de chemin de fer de Paris à Strasbourg.

La gare de chemin de fer de Paris à Strasbourg, située dans le cinquième arrondissement, entre les faubourgs Saint-Martin et Saint-Denis, est la plus monumentale de toutes celles qui ont été construites jusqu'à ce jour dans la capitale. Son aspect a de la grandeur et un caractère vraiment spécial: on voit de suite à quel usage cet édifice immense est destiné.
Ce n'est point un palais, ce n'est point un temple, une usine; c'est évidemment une gare. Toute construite en pierres de taille jusqu'au niveau du toit, elle est terminée par un comble en fer, d'une hardiesse et d'une légèreté remarquable.


L'ensemble du monument, précédé d'une vaste cour demi-circulaire et entourée de grilles, présente la figure d'un rectangle parfait, d'une longueur d'environ 180 mètres sur une largeur de 70. Il se compose, outre le grand vaisseau du milieu où sont les rails, de deux ailes ou pavillons qui avançant sur la cour de 10 ou 12 mètres, ont deux étages et se relient, au niveau du premier étage, par une sorte de plate-forme garnie d'une balustrade en pierre et décorée d'une horloge que surmontent deux figures sculptées représentant la Seine et le Rhin. Le pavillon ou l'aile de droite contient la salle d'arrivée, la caisse, l'économat et la comptabilité générale; le pavillon de gauche comprend les salles de départ, le secrétariat général, les archives, le contentieux, etc. Au faîte du toit du grand vaisseau, qui est à plans inclinés, se dresse une statue colossale personnifiant la ville de Strasbourg.
Au rez-de-chaussée, une galerie couverte forme comme une ceinture autour de l'édifice. Une galerie semblable règne intérieurement à la hauteur du deuxième étage. La galerie extérieure compte onze arcades sur la cour d'entrée et vingt-cinq ou trente à chacune des faces latérales; celle de l'intérieur n'en compte que sept sur le devant et trente-sept par côté. Ces galeries donnent une grande légèreté au monument. Les chapiteaux des innombrables colonnes qui les décorent sont tous ornementés différemment: ici des grappes de fruits, là des bouquets de fleurs, plus loin des têtes d'animaux. Les colonnes qui supportent les onze arcades s'ouvrant sur la cour sont de plus surmontées d'écussons habilement sculptés, qui indiquent tout le parcours de la voie de fer dont cette gare est la tête, ainsi que ses embranchements: ils représentent les armes des villes de Paris, Meaux, Château-Thierry, Epernay, Reims, Châlons, Bar-le-Duc, Nancy, Metz, Lunéville, Saverne et Strasbourg.
Construite aux frais de l'Etat, la gare de Strasbourg, avec ses annexes et dépendances, a coûté 18 millions. M. Duquesney, l'architecte qui a donné le plan et dirigé les travaux, n'a malheureusement pu jouir de la vue de son oeuvre terminée. Il est mort subitement l'an passé, au moment d'y mettre la dernière main.

Le magasin pittoresque, août 1851.

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