lundi 24 novembre 2014

Henri 1er.

Henri 1er
dit le Large, ou le Libéral.


Malgré le peu d'éclat de son règne, Henri 1er tient une place à part parmi les comtes de Champagne et de Brie. Fils de Thibaut IV, il succéda à son père au commencement de 1152. En 1147, sous le nom de comte de Meaux, il fit partie de la seconde croisade prêchée par Saint Bernard; au retour, il épousa la princesse Marie, fille du roi de France Louis le Jeune.


Bien qu'il doive d'être surnommé le Large ou le Libéral à sa grande piété et à ses largesses sans nombre envers les églises et les couvents, le comte Henri paraît ne pas avoir mené une conduite irréprochable pendant sa première jeunesse. Il est des lettres où la princesse sa mère se plant très-vivement de lui à l'abbé de Clairvaux; mais saint Bernard qui avait sur ce jeune prince un grand empire, sut l'amener dans la voie du bien.
Un de ses premiers actes de piété fut une donation qu'il fit aux religieux de Saint-Rémy: il leur donna la justice de Condé-sur-Marne. Ensuite, et successivement, il établit avec de riches dotations, des chanoines dans l'église de Sezanne, dans celle de Pouzi, au château de Bar-sur-Aube, à Notre-Dame de Provins, etc. ; puis il assura des rentes aux religieux de Cluny, de Charmoies, d'Andécies, de Soisi et à bien d'autres encore. Il fonda quatorze ou quinze hôpitaux, et outre cela treize églises, dont la principale fut la Collégiale de Sainte-Etienne de Troyes. Il attacha à cette église soixante-douze prébendes en l'honneur des soixante-douze disciples de Jésus-Christ; aux titulaires de ces prébendes, qu'il appelait ses enfants, ses chapelains (filios meos, capellanos meos) , il donna de grands biens et de nombreuses maisons situés entre les deux bras de la Seine qui traverse la ville. C'est le quartier qu'on appelle encore aujourd'hui le cloître Saint-Etienne. Enfin, ses libéralités étaient si considérables que souvent, ses ressources s'en trouvaient épuisées, il ne lui restait rien à donner au moment où il l'eût désiré le plus.


A ce propos, voici un fait que cite une des chroniques du temps: Un jour, un pauvre chevalier demandait à Henri, au nom de Dieu, qu'il lui donnât de quoi marier ses deux filles. Présent à l'entrevue, Arthaut de Nogent, le confident du prince, s'empressa de dire à ce chevalier que l'état des finances du comte ne pouvait lui permettre en ce moment aucune libéralité. Mais Henri, se tournant aussitôt vers Arthaut de Nogent: "Vous dites que je n'ai plus rien à donner; vous vous trompez: j'ai encore vous-même, et je vous donne." Fort de cette parole, le chevalier pressa tant Arthaut qu'il en tira 500 livres.
Henri 1er répudia, vers 1162, la comtesse Marie, ainsi que Louis le Jeune avait jadis fait de la reine Eléonore; mais, sur les remontrances de saint Bernard, il la rappela près de lui en 1164. L'abbé de Clairvaux l'avait engagé à revêtir de nouveau la croix, il s'y décida en 1178 et repartit pour la Terre-Sainte en compagnie de Pierre de Courtenay, frère du roi et de Philippe, évêque de Beauvais, neveu du même prince. Cette nouvelle prise d'armes n'eut aucun succès.
Forcé de revenir en France, et comme il traversait, en 1180, l'Asie mineure et l'Illyrie, Henri tomba dans des embûches qu'on lui avait tendues, et fut fait prisonnier, ainsi que la plupart de ses gens. Délivré par l'empereur des Grecs, il parvint à regagner la France au mois de mars 1181; mais sept jours après son arrivée dans ses états, il mourut.
La comtesse Marie, sa veuve, lui fit élever un tombeau magnifique dans la collégiale de Saint-Etienne. 


Toutefois le tombeau dont nous donnons ici le dessin n'était évidemment pas d'époque si ancienne: il ne remontait qu'au seizième siècle. Détruit aujourd'hui, ce précieux monument, avait 6 pieds de long sur 2 et demi de large. Il était enrichi de vingt-huit émaux d'un grand fini.

Le magasin pittoresque, juillet 1851.

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