jeudi 20 novembre 2014

Éléphant envoyé à Charlemagne.

Éléphant envoyé à Charlemagne.


On sait que, parmi les présents offerts de la part du khalife Haroun al Raschid à Charlemagne, figuraient un jeu d'échecs et une horloge. Il paraît que le prince arabe lui fit aussi cadeau d'un éléphant. Voici, du reste,  quelques circonstances curieuses de cette histoire, apportées par Cl. Fauchet dans ses Antiquités gauloises (l. VII, c.9 et 10). Le prétendu roi de Perse dont il parle, qu'il nomme Aron et qualifie de Miramamolin, en donnant à entendre qu'il a régné pareillement à Cordoue, ne peut être que le khalife de Bagdad lui-même, Haroun al Raschid, fils de Madhi et cinquième souverain de la dynastie des Abassides, qui monta sur le trône en 170 de l'hégire (786 de J-C.) et mourut en 193 (809).
La Perse, effectivement, n'avait point alors de rois particuliers. Quant au titre d'Émir al moumenin, commandant des fidèles, corrompu par nous en Miramamolin, titre d'honneur dont les khalifes d'Orient se paraient depuis Omar, ce n'est que dans le quatrième siècle de l'hégire qu'Abd al Raschid III l'Ommiade le prit en Espagne. Haroun al Raschid pouvait en outre, en vertu des prérogatives du khalifat se considérer comme le suzerain des princes mêmes, ennemis de sa maison, qui dominaient à Cordoue.
(An 801) "Au partir de Spolette, dit Fauchet, l'empereur vint à Ravenne, où il demeura quelques jours, comme aussi à Pavie. Là, adverti par les ambassadeurs d'Aron, roy de Perse (que d'aucuns appellent Miramamolin et pensent avoir esté roy de Cordoue) estoient descendus auprès de Pise, il envoya des gens pour les lui amener à Verseil et Yuree. L'un d'eux estoit Perse et l'autre Sarrasin d'Afrique, ambassadeur d'Abraham Amiras, d'un lieu nommé Fossatum, ainsi appelé pour le lieu où jadis les Romains plantèrent et fortifièrent leur camp, et aujourd'hui Fez. Il eut aussi nouvelles que Isaac Juif, quatre ans au précédent despêché avec Lantfrid et Sigismond ses ambassadeurs vers le roi de Perse, estoient arrivez; mais Lantfrid et Sigismond estoient morts par le chemin. L'empereur envoya Archambaud, son secrétaire, vers la rivière de Gênes, faire bastir un vaisseau avec lequel on lui peust amener l'éléphant et d'autres présents à lui envoyez; et pour son regard vint faire la feste de Saint Jean en la ville d'Yuree, puis passa les monts".
(802) "Le vingt-uniesme huillet, Isaac Juif amena l'éléphant, et délivra à l'empereur Charlemagne les dons et présents que le roy de Perse lui envoyoit. Le nom de cette beste ( car on dit qu'ils se plaisent d'estre appelez par quelque nom, et c'est merveille de ce qu'on raconte de leur mémoire et raison, s'il faut parler ainsi d'une beste) estoit Ambulabat (il marchait, il se promenait)."
On doit reconnaître, en effet, que ledit éléphant venait de faire une assez longue promenade.

Le magasin pittoresque, juillet 1851.

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