dimanche 23 mars 2014

L'amiral Jurien de la gravière.

L'amiral Jurien de la Gravière.


Récemment élu membre de l'Académie, l'amiral Jurien de la Gravière appartient à une famille de marins; son père était vice-amiral et pair de France sous la monarchie de Juillet.
Sa carrière maritime a été des plus brillantes; né le 19 novembre 1812, il entrait en 1828 à l'école navale et en sortait, l'année suivante, avec le grade d'aspirant. En 1841, il commandait la "Bayonnaise" dans les mers de Chine. Pendant la guerre d'Orient, il était capitaine de vaisseau, chef d'état major de l'amiral Bruat et assistait à la prise de Kinburu. En 1861, quand éclata la guerre du Mexique, le nouvel académicien, prit le commandement de la flotte française avec les pouvoirs les plus étendus; c'est à ce titre qu'il signa, avec l'Angleterre et l'Espagne, la convention de la Soledad, qui mettait fin à l'expédition; mais le gouvernement le désavoua et la guerre continua.
Promu vice-amiral en 1862, M. Jurien de la Gravière fut chargé de missions diplomatiques et de la direction des comités de réorganisation; atteint en 1870 par la limite d'âge, il fut maintenu cependant en activité, comme ayant commandé une division navale devant l'ennemi.



Les remarquables travaux techniques de l'amiral le firent nommer en 1866, membre de l'Académie des sciences, section de géographie, ses nombreux travaux historiques sur la marine; ses études géographiques, lui ont ouvert les portes de l'Académie française.
Citons, parmi ses ouvrages les plus remarquables: "Les guerres maritimes sous la République et l'Empire", "Les souvenirs d'un amiral", d'après les notes de son père; "La marine d'autrefois; la marine d'aujourd'hui"; "Doria et Barberousse", etc.
L'amiral Jurien de la gravière succède à M. de Viel-Castel dans le fauteuil de Condorcet; on sait que chacun des fauteuils de l'Académie porte le nom de celui qui l'a le plus illustré.
C'est, comme on le voit, une belle carrière que celle de l'amiral: il a consacré toute sa vie à son pays, à la science et à la marine dont il est un des représentants les plus éminents. Ajoutons que c'est à l'initiative de l'amiral Jurien de la Gravière qu'est due la formation du comité d'où sortit la création de l'Institut Pasteur, récemment inauguré.
Au physique, l'amiral n'a rien de commun avec le "vieux loup de mer"; c'est un homme d'une distinction parfaite, à la figure fine et spirituelle; n'était une légère claudication, qui alourdit un peu sa démarche, on ne lui donnerait pas les soixante-dix-sept ans qu'il a. Au moral, il est aimable, d'une égalité constante d'humeur et ceux qui l'approchent et vivent auprès de lui, affirment qu'il ne l'ont jamais vu en colère.

                                                                                                                   P. B.

La Petite Revue, premier semestre 1889.

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