jeudi 27 février 2014

Adolphe Adam.

Adolphe Adam.


L'illustre musicien Adolphe Adam, l'auteur du chalet, du Postillon de Lonjumeau, de Si j'étais roi et de beaucoup d'autres opéras-comiques charmants, était, dans son enfance, le petit bonhomme le plus paresseux qu'il y eût au monde. Il adorait la musique, mais il ne voulait pas se donner la peine de l'apprendre. Il se plaisait à tapoter sur le piano, à improviser sans savoir ses notes, et comme il était très bien doué, il arrivait parfois à trouver de jolis airs; quant à faire des exercices, à s'astreindre à étudier, rien ne pouvait l'y décider.
Son père, Louis Adam, était un professeur de piano très renommé, sa mère était elle-même bonne musicienne, et ils recevaient chez eux un grand nombre de célébrités artistiques. Parmi les intimes de la maison était les parents de Ferdinand Hérold, l'auteur du Pré-aux-Clercs. Le jeune Ferdinand avait pour parrain M. Adonsi dont il était un des meilleurs élèves. Du même âge que Sophie Adam, la sœur d'Adolphe, il avait douze ans de plus que celui-ci et se moquait souvent de l'ignorance de son petit camarade, ignorance complète, car si Adolphe ne savait pas ses notes, il ne connaissait pas d'avantage ses lettres.
Un jour de l'an, Hérold lui apporta un cadeau soigneusement enveloppé et attaché de belles faveurs. Le petit Adolphe, enchanté, s'empressa d'ouvrir le papier, impatient de voir quelles superbes étrennes il cachait. Jugez de sa déception, quand il découvrit un paquet de verges! Ferdinand et Sophie riaient de sa mine déconfite et de son air épouvanté.
"Méchant!" cria-t-il à Hérold en rejetant vivement les redoutables verges et en faisant la moue.
Déjà les yeux du pauvre mystifié étaient pleins de larmes, qui cependant furent vite séchées, car la paquet, en tombant, s'était ouvert, et il s'en échappait une grande quantité de bonbons.
Adolphe sauta au cou de son grand ami, mais il ne lui promit pas de travailler: la promesse aurait été trop difficile à tenir. Il resta longtemps encore un élève indocile et paresseux; cependant, grâce à sa brillante organisation musicale, aux soins que ses parents prirent de son instruction, au dévouement de ses professeurs, il parvint à faire de sérieuses études; son talent se développa et il devint un artiste célèbre. Quant à Hérold, il fut un des plus illustres compositeurs français, et tous deux ont laissé des œuvres connues et applaudies dans le monde entier.

                                                                                                   Marie Moreau-Marmignat.

Mon Journal, recueil hebdomadaire illustré pour les enfants, 24 février 1894.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire