lundi 20 janvier 2014

Chanson.

Le roi d'Yvetot.



Il était un roi d'Yvetot
Peu connu dans l'histoire
Se levant tard, se couchant tôt
Dormant fort bien sans gloire
Et couronné par Jeanneton
D'un simple bonnet de coton
Dit-on
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah!
Quel bon petit roi c'était là!
La, la.


Il faisait ses quatre repas
Dans son palais de chaume,
Et sur un âne, pas à pas, 
Parcourait son royaume.
Joyeux, simple et croyant le bien
Pour toute garde il n'avait rien 
Qu'un chien.
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah!
Quel bon petit roi c'était là!
La, la.


Il n'avait de goût onéreux
Qu'une soif un peu vive
Mais, en rendant son peuple heureux,
Il faut bien qu'un roi vive.
Lui-même, à table et sans suppôt,
Sur chaque muid levait un pot
D'impôt.
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! 
Quel bon petit roi c'était là
La, la.


Aux filles de bonnes maisons
Comme il avait su plaire, ses sujets avaient cent raisons
De le nommer père:
D'ailleurs il ne levait de ban 
Que pour tirer quatre fois l'an
Au blanc.
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! 
Quel bon petit roi c'était là
La, la.


Il n'agrandit point ses Etats, 
Fut un voisin commode,
Et, modèle des potentats
Prit le plaisir pour code.
Ce n'est que lorsqu'il expira
Que le peuple qui l'enterra
Pleura.
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! 
Quel bon petit roi c'était là
La, la.



On conserve encore le portrait
De ce digne et bon prince; 
C'est l'enseigne d'un cabaret
Fameux dans la province.
Les jours de fête, bien souvent,
La foule s'écrie en buvant
Devant:
Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! 
Quel bon petit roi c'était là
La, la.



                                                                          Pierre-Jean de Béranger , mai 1813.

                                                                                                     Air: quand un tendron vient en ces lieux.

Chansons de P.-J. de Béranger, anciennes et posthumes, nouvelle édition populaire, Paris, Perrotin,libraire, 1866.

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