samedi 30 mai 2020

Le nœud de l'aiguillette.

Le nœud de l'aiguillette.


I

Une reine de Perse, voyant qu'on "tourmentait" un cheval, demanda ce qu'on lui faisait; on lui répondit, avec force périphrases, qu'on voulait le rendre hongre. - "Que de mal on se donne! répliqua-t-elle; faites-lui boire du café, et vous arriverez au résultat que vous cherchez." (1)
On connait la fameuse thèse soutenue, en 1695, à la Faculté de médecine de Paris, et dont l'auteur prouvait jusqu'à l'évidence que l'habitude du café rendait les hommes inhabiles à engendrer, et les femmes à concevoir.
Pour justifier cette propriété attribuée au café, de rendre frigides ceux qui en font un abus, on cite l'exemple de Voltaire, qui on le sait, usait plus que de raison cet excitant cérébral, ce qui ne l'empêcha pas d'atteindre un âge avancé, mais ce qui l'aurait, d'assez bonne heure, considérablement refroidi à l'égard du sexe.
Il ne s'en montra pas moins fort jaloux des femmes qu'il aimait, témoin Mme du Châtelet*. Un des biographes les plus autorisés du philosophe a rapporté une curieuse conversation, au cours de laquelle Mme du Châtelet, rappelant à Voltaire son "insuffisance" finit par lui faire accepter d'avoir pour suppléant son ami Saint-Lambert, de préférence à un étranger. Voltaire se laissa persuader, et un nouveau ménage à trois s'établit ce jour-là. C'est la même Mme du Châtelet qui, se trouvant enceinte du fait de Saint-Lambert, s'était rapprochée, pendant quelques jours de son mari, pour obtenir de son époux au moins l'apostille.
- Quel besoin a-t-elle donc, dit un mauvais plaisant, d'aller voir son mari?
- Sans doute une envie de femme grosse, riposta une autre bonne langue.
Cette réputation anaphrodisiaque du café est d'ailleurs fort ancienne. Quelques auteurs ont même nommé le café potus caponum (liqueur des chapons).
L'alcool, qui a eu longtemps la réputation d'augmenter les désirs, n'aurait cette action que d'une façon tout à fait éphémère: " Il diminue la résistance aux tendances perverses (Marie Manacéine, Forel, etc.) qui sont plutôt liées à l'impotence; l'absence de désirs vient bientôt.
Dans l'alcoolisme, comme dans la neurasthénie en général, les désirs sexuels sont quelquefois augmentés pour un temps, mais la puissance est généralement diminuée." (2)
Le tabac a également été incriminé, le docteur Le Juge de Segrais s'est chargé du réquisitoire contre l'herbe à Nicot. Ce confrère tabacophobe a nettement accusé la cigarette de produire l'anaphrodisie, et il a rapporté à l'appui plusieurs faits tirés de sa pratique personnelle. Dans plusieurs de ces cas, il a suffi de conseiller aux malades de cesser de fumer, pour voir leur appétit vénérien revenir.(3)
N'est-il pas à propos de rappeler que l'on trouve mentionnée cette curieuse propriété du tabac dans un livre du seizième siècle (4), dont l'auteur rapporte qu'en Amérique, les femmes s'abstiennent de l'usage du tabac (5), parce qu'elles croient qu'il empêche la conception et les désirs charnels?
On comprend mieux que les lésions de la moelle épinière, qui affectent directement ou indirectement le centre génital, puisse produire cette anesthésie spéciale, qu'on observe encore dans certains cas de lésions de l'écorce du cerveau, notamment dans la paralysie générale progressive.
Ce que réalisent les lésions grossières et permanente de l'écorce, des troubles de la nutrition peuvent le reproduire, comme on le voit dans l'hystérie, l'hypocondrie, la mélancolie (Féré). Mais c'est surtout dans la neurasthénie, ou plutôt dans les états neurasthéniques (6), que s'observe une diminution marquée de l'activité génitale. Ces malades sont sensibles, plus que tous les autres, à la suggestion sexuelle et restent en inhibition; ils éprouvent, comme on l'a dit, une véritable syncope génitale (7), quand ils ont l'appréhension de ne pas arriver à leurs fins, soit parce qu'ils ont échoué peu auparavant, soit parce qu'ils pensent trop à l'acte qu'ils vont accomplir.
Tardieu a raconté l'histoire d'un individu qui avait beaucoup de mal à arriver au résultat désiré, mais qui, une fois cependant, avait réussi complètement. Il se trouvait alors dans une mansarde et avait aperçu, pendu à la fenêtre d'en face, un bonnet de femme qui séchait; pendant la consommation de l'acte sexuel, son attention avait été attiré sur ce bonnet, et c'est ce qui lui avait permis de réussir. Or, depuis cette époque, toutes les fois qu'il voulait se livrer à la même manœuvre, il se munissait d'un bonnet, qu'il accrochait dans un coin de la chambre.
Nous en avons assez dit pour montrer que la neurasthénie se trahit souvent par des troubles de la sexualité, plus fréquents chez l'homme que chez la femme. Ces troubles consistent principalement en une excitabilité excessive, coïncidant avec une impuissance d'abord relative, quelquefois absolue, et s'accompagnant de perversions diverses.


(1) Improvisateur, t. III, p. 397. Le café est accusé depuis longtemps de produire de pareils effets (Cf. Linné, dans sa dissertation, Potus coffeæ, Amœn. acad., t. VI). Murray (Apparat. médic., t.I, p. 565) cite en preuve le témoignage d'Oléarius, Itinerar persic. p. 578 et de Hecquet, Traité des Dispenses du Carême, Paris 1709, p. 495, livre dévot qu'on lisait au réfectoire des religieuses à Port-Royal. Celles-ci se montrèrent si scandalisées de certains détails, que l'auteur dut les supprimer dans les éditions ultérieures.
(2) Féré, l'Instinct sexuel.
(3) M. Le Juge de Segrais a rappelé à ce propos, les expériences faites par M. Georges Petit, secrétaire général de la Société contre l'abus du tabac, sur un grand nombre d'animaux, chiens, cobayes, lapins, qui furent, les uns soumis à l'action de la fumée du tabac, d'autres traités par des lavements à la nicotine. Il en résulta, chez quelques-uns, une intoxication aiguë, et leurs testicules furent trouvés congestionnés, les tubes séminifères étant le siège d'une prolifération cellulaire abondante et d'une desquamation épithéliale. Chez d'autres, on observe une intoxication chronique; chez ceux-ci, les testicules étaient atteints de sclérose atrophique, les vésicules séminales étaient flétries et l'on n'y pouvait découvrir un seul spermatozoïde.
(4) Ce livre a été publié, en 1558, par un explorateur français, André Thevet, sous ce titre: "Les singularitez de la France antarctique autrement nommée Amérique et de plusieurs terres et isles découvertes de notre temps."
(5) On avait remarqué, il y a déjà longtemps, que son emploi trop abusif, en poudre, en mastication, ou en fumée, est contraire à la fonction sexuelle, comme les autres plantes solanées (Ephem. nat. eur., déc. III, an I, obs. 4 et Nov. act. nat. eur.; t. IV, obs. 59)
(6) Cf., dans la Revue internationale de médecine et de chirurgie, 1903 (ou 1902), une clinique du docteur Lemoine sur les "états neurasthéniques".
(7) Le mot a été crée par le docteur Marc, médecin de Louis-Philippe.


II

Les anciens (1), ne sachant qui rendre responsable de ces défaillances imprévues, que des hommes, en apparence vigoureux, éprouvaient temporairement, eurent tôt fait de les attribuer à quelques maléfices, à quelque herbe malfaisante, que l'infortuné avait dû absorber à son insu. Certaines femmes passaient à leurs yeux pour rendre les hommes impropres au service de Vénus, grâce à des sortilèges dont elles détenaient le secret. Ces sortilèges, Platon va nous dire ce que les Grecs désignaient sous ce nom.
Dans le livre II des Lois, le philosophe conseille à ceux qui se marient, de prendre garde à ces charmes ou ligatures, qui troublent la paix des ménages, et dans le livre IX il ajoute, qu'il y a une espèce de maléfices qui, "grâce à certains prestiges d'enchantements et de ce qu'on nomme ligature, persuadent à ceux qui ont l'intention de faire du mal aux autres, qu'ils peuvent en faire par là, et à ceux-ci, qu'en usant de ces sorte de maléfices, on leur nuit réellement."
Il est très difficile, ajoute-t-il prudemment,  de savoir exactement ce qu'il y a de vrai en cela, et quand on le saurait, il ne serait plus aisé de convaincre les autres. Il est même inutile d'essayer de prouver à certains esprits fortement prévenus, qu'ils n'ont pas à s'inquiéter de "petites figures de cire", qu'on aurait mises soit à leur porte, soit dans les carrefours ou sur le tombeau de leurs ancêtres, et de les encourager à en faire mépris, parce qu'ils ont une foi confuse à la vertu de ces maléfices...
"Celui qui se sert de charmes, d'enchantements et de tout autre maléfice de cette nature, pour nuire par de tels prestiges, s'il est devin ou versé dans l'art d'observer les prodiges, qu'il meure.
Si, n'ayant aucune connaissance de ces arts, il est convaincu d'avoir usé de maléfices, le tribunal décidera ce qu'il doit souffrir dans sa personne ou dans ses biens."
Platon admettait, dans certains cas, les circonstances atténuantes; mais les Athéniens, qui avaient les sorciers particulièrement en horreur, les condamnaient le plus souvent à mort, sans même recourir aux formes employées dans le jugement des autres citoyens. (2)
" Que dois-je croire?, s'écrie Tibulle, au sortir sans doute de chez une de ces sagæ, sorcières, devineresses ou avorteuses, prêtes en un mot pour toutes les louches besognes; elle m'a dit qu'elle pouvait paralyser mon amour par ses enchantements et par ses philtres." Et le poète était moins rassuré qu'il ne voulait le paraître.
Pauvre Tibulle! sa mésaventure mérite d'être contée.
Son amie, Délie, étant tombée malade, le voilà tout en émoi. Ce n'était pourtant rien de grave, à en juger par l'efficacité du traitement qu'il mit en pratique: trois fois autour de la couche de la belle, il "promena" le soufre purificateur. Après qu'une vieille eut prononcé ses incantations magiques, il écarta les songes funestes en offrant aux dieux un pieux tribut de farine et de sel. La guérison s'en suivit.
Mais le poète devait être bien mal récompensé de ses soins, tant il est vrai que l'ingratitude est de tous les temps: la volage Délie, à peine rétablie, se mit à le tromper à bouche que-veux-tu, et Tibulle de se lamenter, de maudire la perfide:
"Plus d'une fois, avoue-t-il, je serrai une autre femme dans mes bras, mais, au moment heureux, Vénus me rappelait Délie et trahissait mon ardeur. Alors cette belle abandonnait ma couche, disant qu'on m'avait jeté un sort, et, j'en rougis, elle racontait ma honteuse aventure." (3)
Tibulle, en un mot, se croyait enchanté, et cette autosuggestion suffisait à paralyser son essor génital.
Ovide s'était trouvé dans la même position fâcheuse que son ami Tibulle auprès de sa maîtresse Corinne. Mais c'était tout à fait contraire à ses habitudes, et il a bien soin d'y insister, pour qu'aucun doute ne reste dans nos esprits. Il n'était, à l'entendre, qu'un poison subtil pour avoir produit en lui un tel changement, à moins qu'on ne l'eût envoûté.
Un envoûtement, déjà?
Nous vous avons mis sous les yeux le passage de Platon où il est question de "figures de cires"; mais Ovide est plus explicite encore. Lisez plutôt:
"Est-ce que la vertu magique d'un poison thessalien qui engourdit aujourd'hui mes membres? Est-ce un enchantement, une herbe vénéneuse, qui me réduit à un si triste état; ou une sorcière aurait-elle gravé mon nom sur de la cire rouge, et m'aurait-elle enfoncé des aiguilles minces dans le foie?" (4)
Ceci semble bien prouver qu'au temps d'Ovide, les "enchanteurs" avaient recours à une figure de cire. Ils l'entouraient de cordons et de rubans de différentes couleurs, puis prononçaient sur sa tête des conjurations, en serrant les cordons l'un après l'autre.
Ovide s'abusait évidemment, et Tibulle, si inquiet pour son propre compte, trouve,  pour le rassurer; des arguments très plausibles.
" Ce n'est pas, lui dit-il, un enchantement, ce ne sont pas des herbes malfaisantes qui t'ont ensorcelé pendant la nuit. La véritable cause de ton malheur, c'est d'avoir trop souvent touché le corps de ta maîtresse, de l'avoir tenu dans des embrassements trop prolongés, de t'être plu à son contact."
La raison que donne Tibulle de la frigidité passagère d'Ovide nous paraît des plus acceptables. Quelques jours ou plutôt quelques nuits de repos auraient suffi pour amener la guérison. Mais on croyait, en ce temps-là, qu'il fallait se soumettre à certaines pratiques.
Ces pratiques, nous les connaissons, en partie du moins, grâce à Apulée, qui nous en a laissé une curieuse description dans ses Métamorphoses.
" Prenez, écrit le philosophe, sept tiges de pied-de-lion*, séparées de leurs racines, et faites-les bouillir dans l'eau au déclin de la lune. Lavez le patient avec cette eau, à l'entrée de la nuit, devant le seuil de sa porte hors de sa maison; et lavez-vous-en aussi, vous qui lui rendez cet office. Brûlez ensuite de l'herbe d'aristoloche*, parfumez-en l'homme et rentrez tous deux à la maison, sans regarder derrière vous, et il sera incontinent délivré ou délié." (5)
Le procédé était relativement facile à mettre en pratique; celui qu'indique Pétrone (6) était plus compliqué. C'est toute une scène de magie à laquelle "l'arbitre des élégances" va nous faire assister.
"La vieille tire de son sein un réseau, tout bigarré de fils retors, qu'elle attache autour de son cou. Ensuite, elle pétrit avec sa salive la poussière qu'elle prend sur le doigt du milieu, et, malgré ma répugnance, mon front en est stigmatisé. Elle invoque le dieu des jardins et m'ordonne de cracher trois fois, de jeter par trois fois dans mon sein de petits cailloux qu'elle a magiquement préparés et teints de pourpre; puis ses mains interrogent l'organe malade.
Celui-ci, plus prompt que la parole, obéit à l'appel et remplit les mains de la vieille. Alors, tressautant de joie: "Tu vois, dit-elle, tu vois... mais ce n'est pas pour moi que j'ai fait lever le lièvre."
Lever le lièvre est plutôt joli. Après cela, Pétrone pouvait se dire... un fameux lapin!...

(1) Voyez l'histoire d'Amasis, dans Hérodote, l. II, par.181, p. 131, édit Didot et Pétrone, fragment CXXVIII.
(2) Docteur J. Regnault, La Sorcellerie, p. 44-45.
(3) Nous venons d'emprunter la traduction de Ménière, mais nous donnons ci-dessous le texte même, pour les lecteurs épris de latinité:

Sæpe aliam tenui; sed jam, quum gaudria adirem,
Admonuit dominæ deseruitque Venus
Tune me devotum descendens femina dixit,
Et pudet, et narrat scire, nefanda mea.
(4) Ovide, Les Amours, liv. III, élég. VII.
(5) Apulée, De herba a um virlulibus historia.
(6) Satyricon, CXXXI.


III

Alfred de Vigny et Michelet, chacun de leur côté, se rappelant les curiosités indiscrètes de l'Eglise, l'analyse qu'elle a faite des passions et en particulier de l'amour, ont pu dire, le premier que le roman "est né de la confession"; le second que Manon Lescaut, ce type des romans pervers, n'était rien d'autre qu'un commentaire des cas de conscience. Louis Ulbach, qui rappelle ces deux opinions d'auteurs célèbres, y ajoute une remarque singulière: tous les papes, dit-il, qui ont mis le nez dans ces questions légèrement scabreuses, se trouvent marqués du chiffre 3. Ce sont, en effet, Grégoire III, Alexandre III, Luce III, Innocent III, Célestin III, Honorius III. Ce nombre impair, qui plaît aux dieux, aurait-il une vertu spéciale pour rendre les papes particulièrement experts à résoudre ce genre de problèmes?
Ce nombre 3 semble avoir été une véritable obsession pour les souverains de l'Eglise. Ainsi, selon les théories canoniques, la femme n'a de chance d'obtenir la nullité du mariage, quand même elle prouverait sa virginité, que si son mari est "inutile" par vice de conformation ou par frigidité flagrante. Encore faut-il trois ans de cohabitation, après lesquels une visite peut être ordonnée.
Le pape Honorius trois ordonnait aux maris et aux femmes, "précipités en telle plainte, de faire pénitence"; après quoi, au bout de trois ans, si la patience et la pénitence n'avaient rien produit, si la femme était reconnue intacta virgo, le mariage était déclaré nul.
Dans la plupart de ces cas, la frigidité était due, au moins le croyait-on, à un maléfice. Ainsi, l'Eglise (1) lançait-elle des anathèmes contre ceux qui usaient de ces manœuvres diaboliques. Les conciles les frappaient des peines les plus sévères, notamment celui qui se réunit à Melun en 1579. Le rituel d'Evreux de 1621 interdit aussi cette pratique superstitieuse et déclara excommunié ipso facto tous ceux qui s'y livraient.
Le rituel de Reims, en 1677, excommunia également "tous les sorciers et sorcières, devins et devineresses, et ceux qui, par ligatures et sortilèges empêchent l'usage et la consommation du mariage."
Les magistrats ne craignirent point non plus de punir "cette méchanceté" de la peine capitale; le Parlement de Paris la prononça en 1582 et en 1587; en 1718, il y eut un noueur d'aiguillette brûlé par ordre du Parlement de Bordeaux (2).
Un jurisconsulte du temps de Henri IV, Bodin, trouve qu'un crime aussi atroce ne saurait être trop rigoureusement châtié; il fait observer que les noueurs "sont cause des adultères et paillardises qui s'en suivent, car ceux qui sont liés, brûlant de cupidité l'un après l'autre, vont adultérer." Le même, dans son Traité sur la démonologie, se lamente sur les ravages et l'étendue du mal.
" De toutes les ordures de la magie, il n'y en a point de plus fréquentes partout, jusqu'aux enfants qui en font métier avec telle impunité et licence qu'on ne s'en cache point, et plusieurs s'en vantent... la pratique en est aujourd'huy plus commune que jamais, veu que les enfants mesme se meslent de nouer l'aiguillette, chose qui mérite un chastiment exemplaire..." écrit Boguet, sous le règne de Henri IV. (3)
Pierre de Lancre, un contemporain de Boguet, nous apprend que la terreur de ce maléfice est si répandue au commencement du dix septième siècle, que la plupart des mariages se célèbrent en grand secret et comme à la dérobée. (4)
Nous ne nous attarderons pas à dénombrer et à détailler par le menu tous les modes de ligature vénérienne; ils dépassent la cinquantaine, si l'on en croit Bodin. (5)
On pouvait lier pour un jour, pour un an ou à perpétuité.
Le nom que l'on donnait à ces noueurs d'aiguillettes est caractéristique et porte, pour ainsi dire, sa date avec lui. Les hauts de chausses étaient alors habituellement lacés par devant, et quand les deux bouts du cordon qui les fermait venaient à s'emmêler et à se nouer l'un dans l'autre, on ne pouvait plus se déshabiller; un fait matériel était devenu logiquement une figure de rhétorique
Le rite le plus usuel, pour cette ligature, s'accomplissait communément à l'église, pendant la cérémonie nuptiale. Ce rite était des plus simples.
Après s'être muni d'un lacet, on assistait à la célébration du mariage. Lorsque les anneaux s'échangeaient, on faisait au lacet un premier nœud; on en faisait un second au moment où le prêtre prononçait les paroles essentielles au sacrement, enfin, quand les époux étaient sous le drap, on en faisait un troisième, et l'aiguillette était nouée.
Un autre procédé consistait à entrelacer les doigts de ses mains tordues, la paume en dehors; on commençait par le petit doigt de la main gauche et l'on continuait lentement, jusqu'à ce que les deux pouces se rejoignissent: alors le charme était parfait;
Ce rite devait s'accomplir dans l'église, au moment où le mari présentait l'anneau à sa femme. (6)
Nombre d'auteurs (7), fort experts en magie noire, ont pris la peine de faire connaître les méthodes dont usaient les noueurs d'aiguillette; mais, comme dit Thiers, "l'honnêteté ne permet pas de les marquer ici."
L'abbé Thiers, ennemi de toute superstition, ne va pas cependant jusqu'à révoquer en doute l'existence d'un semblable sortilège: "Ce n'est pas, dit-il, un maléfice imaginaire et fantastique, il est réel et effectif."
Le jurisconsulte Fevret, invoquant, de son côté, l'expérience journalière, ajoute: " Il est aussi aisé, par cet art magique, de rendre un homme impuissant à l'art du mariage, comme il est facile, par sortilège, de nouer la langue et ôter l'usage de la parole, arrêter en un instant la course des chevaux, fixer et encheviller les rouages d'un moulin, charmer le canon de l'arquebuse d'un chasseur et choses semblables que les sorciers font à l'aide du démon."

(1) Dans une ordonnance rendue par l'archevêque de Lyon (imprimée chez Pierre Rigaud, en 1614, in-8), on lit que "Monseigneur se réserve à lui, ou à ceux auxquels il en donnera le pouvoir, l'absolution de tous sorciers, enchanteurs, devins et magiciens... de ceux qui nouent l'aiguillette et empêchent la consommation du mariage." Lyonnaisiana, par G. Véricel, p. 110.
(2) Salgues, Des erreurs et des préjugés répandus dans la société, t. I, p. 173.
(3) Discours exécrable des sorciers; Lyon, Rigaud, 1610, in-8, p. 212.
(4) Stanislas de Guaita, Essais des sciences maudites, t. II, p. 197.
(5) L'abbé J.-B. Thiers, dans son Traité des superstitions qui regardent les sacrements, consacre à la question de nombreuses pages; (V. notamment le tome IV)
(6) St. de Guaita, loc. cit.
(7) Sprenger, dans le Maleus maleficorum; Crespet, De la haine de Satan contre l'homme; Delrio, Disquisitiones magicæ; Miolaus, Dies canicularii, colloq. III, etc.


IV

La plupart des moyens par lesquels on croyait échapper à cette incantation étaient plus absurdes les uns que les autres.
Une méthode recommandée par des personnes habiles consistait à réciter à rebours un des versets du psaume Miserere, et à prononcer trois fois le nom et le surnom des deux nouveaux mariés, en formant un nœud la première fois, en le serrant un peu la seconde et en le nouant tout à fais la troisième. On pouvait aussi faire trois nœuds à une corde en disant: Ribal, Nobal, Zanarbi, lorsque le prêtre donne la bénédiction nuptiale.
Certains maris avaient imaginé, contre un si désagréable accident, de mettre du sel dans leur poche ou dans leur chaussure, en allant se marier; de passer sous le crucifix sans le saluer, au moment de la bénédiction nuptiale; ou d'uriner trois fois dans l'anneau conjugal en disant: In nomine Patris; ou encore de faire acte de mari avant la célébration du mariage. (1)
Tous les moyens semblaient bons pour se soustraire à cette fâcheuse position conjugale. C'est pour cela qu'on frappait avec des bâtons la tête et la plante des pieds des mariés, pendant qu'ils étaient agenouillés sous le poêle: le remède pouvait être plus violent que le mal.
D'autres maris se contentaient de faire bénir deux ou trois anneaux et même jusqu'à cinq, destinés tous ensemble au doigt annulaire de l'épousée; ou bien, ils recommandaient à celle-ci de laisser tomber l'anneau, quand on le lui présenterait; ou encore, ils faisaient célébrer les épousailles en cachette, la nuit, dans quelque chapelle basse et fermée, de sorte qu'il n'y avait à la bénédiction nuptiale que des assistants exempts de tout soupçon.
Ce qui paraîtra incroyable, c'est que des hommes tels que Paracelse et Ambroise Paré aient ajouté foi à de pareilles billevesées. Passe pour Paracelse, mais Paré (2), ce chirurgien illustre entre tous! Il est vrai qu'il n'en fut pas de plus crédule.
" Il n'en faut pas douter, écrit l'excellent Ambroise, qu'il n'y ait des sorciers qui nouent l'aiguillette à l'heure des épousailles, pour empêcher l'habitation des mariés, desquels ils se veulent venger meschamment pour semer discorde, qui est le vray métier et office du diable."
Delrio (3) dans ses Disquisitions magiques observe que ce maléfice tombe plus souvent sur les hommes; qu'y ayant plus de sorcières que de sorciers, les hommes se ressentent, plutôt que les femmes, de la malice de ces magiciennes.
On peut, en effet, citer nombre de personnages historiques qui ont été maléficiés, et tous appartiennent au sexe laid.
Pierre le Cruel, roi de Castille et de Léon, est empêché, par les charmes de sa concubine, Maria Padilla, d'accomplir son mariage avec Blanche sa femme.
Ludovic Sforza empêche, par des sortilèges, son neveu, Louis Galeas, duc de Milan, de cohabiter conjugalement avec la duchesse Isabelle.
Jean, comte de Bohème, est frappé d'impuissance la nuit de ses noces, etc.
Au seizième siècle, le siècle de Rabelais et de Montaigne, les juges eux-mêmes croyaient ferme comme roc à toutes ces inepties, témoin l'histoire rapportée par Bodin, et qui se passait en 1560.
Le juge criminel de Niort, sur la déclaration d'une nouvelle épousée, qui accusait sa voisine d'avoir lié son mari, avait fait mettre en prison cette enchanteresse, la menaçant de ne l'en faire sortir que si elle déliait ceux qu'elles avait noués. "Deux jours après, la prisonnière manda aux mariez qu'ils couchassent ensemble. Aussitôt, le juge, estant averty qu'ils estoient déliés, lascha la prisonnière." (4)
Cent ans plus tard, on parlait encore du nœud de l'aiguillette. "J'ai vu, écrit le docteur Dumont,  en lisant l'un des nombreux mémoires qui racontent la vie privée du dix-septième siècle, que le fameux comte de Guiche, n'ayant pu faire honneur au rendez-vous que lui avait assigné la comtesse d'Olonne, en écrivait en ces termes à son ami M. de Vineuil:
" Je ne comprends pas une si extraordinaire faiblesse chez une partie par laquelle j'ai été jusqu'ici une espèce de chancelier."
Le mot est piquant. Combien se vantent d'être des "chanceliers", qui ne sont que de "pauvres hères en amour"! comme disait je ne sais plus qui, Rabelais peut-être.
René de la Bigotière, sieur de Parchambault, auteur des Commentaires sur la coutume de Bretagne et président aux enquêtes du parlement de cette province, dit en son livre, imprimé à Paris en 1702, qu'il a vu plusieurs fois se développer des accusations de magie par-devant la Cour, mais sans y avoir trouvé de fondement, "fors (excepté) qu'on a vu des misérables se vanter d'avoir l'art d'empescher la consommation du mariage pour s'attirer des présens et qui l'empeschoient en effet par l'impression qu'ils faisoient sur l'imagination des personnes mariées." Le magistrat ajoute qu'il n'a puni ces sortes de gens qu'en les exposant publiquement, avec l'inscription sur le front d'affronteur public. (5)
Dulaure, qui écrivait au commencement du siècle dernier, assure qu'il existait encore, peu de temps avant la Révolution, dans le département de l'Allier, un fascinier, nommé Gabriel Roux, dit Damiens. Il était métayer au lieu du Petit-Clos, canton de Chambon, commune de Châtelet. Il fut tué, le 11 fructidor an X, par un meunier qui, marié depuis trois ans et ne pouvant avoir d'enfant, accusait Roux de l'avoir ensorcelé. (6)
Il n'y a pas encore bien longtemps, écrivait le professeur Brissaud (7) il y a quelques années à peine que le phimosis était attribué aux maléfices des noueurs d'aiguillettes. ces sorciers "qui empeschent que l'homme n'a rendu son urine, ce qu'ils appellent cheviller", ont joué un grand rôle dans l'histoire des superstitions.
Il va sans dire que, dans beaucoup de cas d'impuissance génitale, le phimosis n'est pour rien; mais il n'en est pas moins vrai que l'étymologie du mot phimosis (8) explique en grande partie la signification moderne d'aiguillettes nouées.

(1) P. Lacroix (Bibliophile Jacob), Croyances populaires au moyen âge.
(2) A. Paré, Chirurgie, l. XVIII, c. XLIII.
(3) "Il n'y a point aujourd'hui de maléfice plus commun ou plus fréquent que cestuy-cy, s'écrit Delrio, qui écrivait, en 1598, de sorte qu'à peine oseroit-on en quelques endroits se marier en plein jour, de peur que quelques sorciers ne charment les mariez, ce qu'ils font en prononçant quelques mots... et nouant cependant quelque aiguillette avec lesquelles ils pensent nouer les conjoints pour tel temps qui leur plaist.
Qu'ils ayent ceste puissance... il se prouve tant par l'authorité des canons et commune opinion des théologiens que par les pratiques de l'Eglise, laquelle a coustume, après l'expérience vaine de trois ans et le serment de sept tesmoins, signé de leur main, , de séparer ceux qui sont ainsi maléficiez." Les Controverses et recherches magiques de Martin del Rio, p. 414.
(4) Desmazes, les Pénalités anciennes, p. 132.
(5) Documents de criminologie rétrospective, par les docteurs Corre et Aubry; Lyon et Paris, 1895, p. 522.
(6) Dulaure, Des Divinités régénératrices relatives à l'anatomie, etc. édition Lisieux, p. 252.
(7) Hist. des expressions populaires relatives à l"anatomie, etc. Paris, Chamerot, 1888.
(8) φιμωσιζ, état d'une chose liée.


V

Vous avez vu qu'on s'était, de bonne heure, préoccupé de forger des armes contre l'esprit malin, contre ces suppôts de Satan, qui semblaient prendre plaisir à se jouer de toutes les menaces dirigés contre eux; mais on n'aurait pas un instant songé à une maladie, à un trouble de l'imagination: le diable seul était capable de pareils artifices.
L'Eglise, après avoir recherché et décrit avec soin tous les sortilèges analogues sous le titre de la décrétale De frigidis et maleficiatis, anathématisait les auteurs, agents et instigateurs de ces superstitions détestables, non seulement les sorciers et magiciens, mais encore quiconque oserait, dans une perverse intention, "tourner les mains en dehors et enlacer les doigts les uns dans les autres, quand l'époux présente l'anneau à l'épouse; lier la queue d'un loup, en nommant les mariés; attacher certains billets, certains morceaux d'étoffe, aux habits des époux; toucher ces époux avec certains bâtons faits dans certain bois; leur donner certains coups dans certaines parties du corps; prononcer certaines paroles en les regardant; faire certains signes avec les mains, les doigts, la bouche, les pieds, etc."
Quant aux superstitions qui avaient pour but de dénouer l'aiguillette, elles étaient aussi nombreuses et aussi singulières que celles qui servaient à nouer. L'Eglise ne les autorisait pas davantage. Voici les plus communes:
1° mettre deux chemises à l'envers le jour des noces.
2° placer une bague sous les pieds de l'époux pendant la cérémonie.
3° dire trois fois en se signant: Ribald, Nobal et Varnobi.
4° faire dire, avant la messe de mariage, l"évangile de saint Jean, In principio.
5° frotter de graisse de loup les montants de la porte du logis nuptial.
6° percer un tonneau de vin blanc et faire couler le premier jet dans l'anneau de mariage.
7° uriner dans le trou de la serrure de l'église où le mariage a été célébré.
8° prononcer trois fois Yemon avant le lever du soleil.
9° écrire sur un parchemin neuf, dès l'aube: A igazirtvor etc.
D'autres professaient gravement (1) que l'oiseau appelé picvert était un souverain remède contre le sortilège de l'aiguillette nouée, pourvu qu'on le mangeât rôti, à jeun, et avec du sel béni.
Que si l'on respirait la fumée de la dent brûlée d'un homme mort depuis peu, on était pareillement délivré du charme; le même effet se produisait, si l'on introduisait du vif-argent dans un chalumeau d'avoine ou de froment, et qu'on le mit sous le chevet du lit où devait coucher le maléficié.
Si l'homme et la femme sont tous deux sous l'influence du charme, il fallait, pour en être guéri, que l'homme rendit ses urines à travers l'anneau nuptial, que la femme devait tenir pendant l'opération.
Combien de seings, d'anneaux, d'amulettes, de sachets, de talismans, de caractères, de phylactères, de remèdes particuliers mis en oeuvre autrefois, soit pour empêcher la conjonction charnelle (2), au temps des noces, soit pour se défendre de ces diableries (3)!
Paracelse (4) recommandait d'écrire, avant le lever du soleil, des mots qui n'appartenait à aucune langue, sur du parchemin vierge; ou de se faire forger une fourche, un jour de dimanche, avec un fer à cheval trouvé par hasard et prononcer en même temps quelques paroles cabalistiques.
Mais quelques-uns de ces moyens de conjuration, bizarres en apparence, s'expliquent trop naturellement par des croyances que l'antiquité avait professées, pour n'avoir pas une valeur traditionnelle. Ainsi, il fallait porter sur soi du sel, l'ancien préservatif de toutes les corruptions (5); manger soit un foie de poisson, sans doute en souvenir de l'histoire du jeune Tobie (6), soit de la joubarbe (7), plante consacrée à Jupiter, qui devait, à ce titre, neutraliser les mauvais vouloirs des esprits moins puissants ou suivre à la lettre la recette de Pline et frotter la porte de la chambre nuptiale avec de la graisse de loup. (8)
Le sorcier avait-il quelque teinte d'astrologie, il savait que, pour dénouer infailliblement l'aiguillette, il lui suffisait de préparer des talismans, lorsque la lune est "dans le Capricorne, favorisée d'un regard bienveillant de Vénus et de Jupiter." (9)
Le peuple avait, dans le but de combattre le nœud de l'aiguillette, adopté une coutume qui règne encore par toute l'Europe: c'était le chaudeau, bouillon, soupe, pâtée, ou fricassée de la mariée, qu'on lui apportait processionnellement, au son des instruments et au bruit des chansons, pendant la première nuit de noce. Cette pâtée était destinée à réchauffer l'ardeur des époux et à les empêcher de s'endormir, tandis que le démon veillait pour leur jouer un de ses tours habituels.
On comprend que le nœud de l'aiguillette, eût-il été serré par tous les diables, n'était pas capable de résister à de si puissants remèdes. On comprend aussi que les mauvais plaisants ne se lassaient pas d'inventer des recettes analogues à celle-ci: on faisait déshabiller les époux et on les couchait, tout nus, par terre; le mari baisait l'orteil du pied gauche de sa femme et la femme l'orteil du pied gauche de son mari; puis l'un et l'autre faisaient un signe de croix avec les talons, en marmottant une prière.
Il y avait encore d'autres cérémonies "sales, vilaines et impures, à l'endroit de l'anneau", entremêlées d'oraisons spéciales, dont la plus célèbre commençait par ceci: "Bénite aiguillette, je te délie!"
L'Eglise n'avait guère d'autres remèdes à sa disposition que des oraisons, qu'elle offrait aux pauvres maléficiés; des exorcismes, des messes, des jeûnes, des aumônes; en dernière ressource, elle recourait à l'excommunication.

Là où les théologiens voyaient l'intervention diabolique, nous reconnaissons aujourd'hui l'influence de l'imagination, de la suggestion, pour employer un langage moderne.
Moderne, encore entendons-nous: si le mot est de date récente, la chose est moult ancienne, et il y a tel récit de Montaigne (10) qui viendrait à notre aide, pour prouver que l'auteur des Essais avait eu l'idée, il y a déjà quatre siècles, de recourir à des moyens que le docteur Bérillon lui-même ne désavouerait pas.

                                                                                                              
(1) Alberti parvi Lucil libellus de mirabilibus naturæ arcanis (Cf. Curiosités des Sciences occultes, par P. L. Jacob; Paris 1862, pp. 381 et suiv.)
(2) Pour nouer l'aiguillette, dit le Petit Albert, il faut avoir la verge d'un loup nouvellement tué, et, étant proche de la porte de celui qu'on veut lier, il faut l'appeler par son propre nom, et, aussitôt qu'il a répondu, on lie ladite verge avec un bout de fil blanc et dès ce moment il demeure impuissant.
(3) On peut en voir le détail dans Delrio, Disq. mag., part. I quæst 4; dans Hucherus; dans varius, De fascino; dans Arnauld de villeneuve, De sterili., tract; II, cap 3; dans Pierre d'Apone, Cardan, Sanchez, De matrim., l. VII Disp. 94, n. 6; Hartmann en parlait encore en 1731.
On pourra encore consulter: P. Macé, De l'imposture et tromperie des diables, enchanteurs, noueurs d'aiguillettes et autres qui par art magique abusent le peuple; paris, 1579, in-8°; Traité de l'enchantement qu'on appelle vulgairement le nouement de l'aiguillette en la célébration des mariages, La Rochelle, Haultin, 1591, in-8°.
(4) Dans son livre De cœlesti medicina et de characteribus.
(5) Omnia enim ignis salitur et omnis victima sale satitur (Saint Marc, ch. IV, v. 48); voy. aussi: Arnobius, Adversas gentes, t.II, par 67 et Tacite, Annalium, L. XIII, ch. LVII.
(6) Tobias, ch. VIII, v. 3 et 4.
(7) On l'appelle encore vulgairement en Normandie: barbe de Jupiter. (Voy. Flagellum dæmonum, exorcismos terribiles potentissimos et efficaces, remadiaque probatissima, ac doctrinam singularem in malignos spiritus expellendos, etc. Venetris 1597, 1 vol., in 16.
(8) Pline, l. XXVIII, ch. IX, p. 37, Proserpine, la reine des mauvais esprits, était quelquefois assimilée à un loup: Nocturnis ululalibus horrenda Proserpina, Triformis Jani larvales impélus continens, disait Apulée, Metamorphoseon, l. IX.
On croit encore, en Normandie, que c'est en se frottant avec de la graisse de loup que les sorciers acquièrent la puissance de traverser les airs (voy. aussi Pline, l. XXVIII, ch. VIII, par. 25 et Thiers, Superstitions anciennes et modernes, p. 81, col. 1, éd. de 1733.)
(9) Paul Lacroix, op. cit.
(10) Essais, liv. 1, ch. XX.

                                                                                                                       Docteur Cabanès.


Les Indiscrétions de l'histoire, troisième série, 1903-1907.


Nota de Célestin Mira:

* Mme du Châtelet:




Gabrielle Emilie du Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet est une physicienne, mathématicienne aussi femme de lettres. Elle a traduit les Principia Mathematica de Newton,  diffusé les théories de Leibniz et démontré que l'énergie cinétique d'un corps est proportionnelle à sa masse et au carré de sa vitesse. Elle eut une longue liaison avec Voltaire.

* Pied-de-lion:

Alchémille commune, de la famille des Rosacées,
dit manteau de Notre-dame ou Pied-de-lion.

* Aristoloche:

L'aristoloche était réputée pour faciliter les accouchements.








2 commentaires:

  1. Merci pour cet article intéressant! Pourriez-vous donner vos sources exactes s'il vous plait? Quand j'ai voulu chercher les citations de Platon,j'ai eu des difficultés à les retrouver. Celle sur les "ligatures"se trouve au livre XI des Lois et non IX, je n'ai pas trouvé la première. Idem pour Ovide. Merci, ça serait bien utile.

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    1. Je ne dispose pas d'autre source que celle indiquée en bas de page: "Les indiscrétions de l'histoire par le docteur Cabanès" Les sources du docteur Cabanès sont stipulées en renvoi. Désolé.

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