dimanche 3 février 2019

Faits divers.

Faits divers.

* Les travaux d'agrandissement de l'embarcadère de la rue saint-Lazare, devenue la tête du chemin de fer de Rouen, sont poursuivis avec une grande activité.
On voit avec peine que lorsque tant de personnes meurent de faim en attendant des emplois, l'administration du chemin de fer de Paris à Rouen a peuplé d'employés anglais les gares et les bureaux.

* Le puits artésien de grenelle n'éprouve plus d'intermittence. L'eau coule maintenant toujours claire et surabondante.

* Si nous en croyons le Sémaphore de Marseille, un homme vient de mourir de la morve. Il avait contracté ce mal en soignant son cheval, mort il y a déjà dix mois, de cette maladie que beaucoup de médecins prétendent ne jamais atteindre les hommes.

* Un événement déplorable a attristé aujourd'hui la commune de Montmartre. Deux jeunes enfans de six ans, commis à la garde d'un garçon boucher ont l'un été tué, l'autre blessé dans un manège servant à l'extraction du plâtre. Cet accident est arrivé par l'imprudence de ce garçon boucher, qui passe pour insensé. Profitant d'un moment où les ouvriers avaient quitté l'atelier, il fit asseoir les deux enfans sur le palonnier auquel on attèle le cheval du manège; il enleva une fourche en bois qui sert à l'enrayer; puis, pour faire tourner les enfans commodément assis, à peu près, pensait-il sans doute, comme à un jeu de bague*, il retira les madriers fermant l'orifice du puits et y précipita le baquet d'un poids de 100 kilogrammes environ, qui communique au tambour du manège par un câble. Mais le manège que rien n'arrêtait plus, entraîné par la secousse et le poids du baquet, prit une vitesse extrême; les deux enfans furent renversés du palonnier et frappés par la flèche.
L'auteur de ce triste accident est, dit-on, en proie au plus violent désespoir, et il a éprouvé des attaques de nerfs qui donnent des inquiétudes.
Il est à souhaiter que les personnes qui se répandent les dimanches autour de Paris, se conforment aux prescriptions des affiches qui leur défendent d'approcher des carrières où leur imprudence les expose trop souvent à d'aussi tristes accidens*.

* La maison de santé du docteur B... vient d'être le théâtre d'un événement déplorable. Une jeune fille de 17 ans, atteinte de folie furieuse, avait été vêtue pour la nuit d'une camisole de force. A une certaine heure, où tout le monde reposait dans l'établissement, elle parvint à se dégager de ses entraves, saisit un fauteuil qui se trouvait sous sa main, le brisa, et, à l'aide d'un débris, enfonça l'imposte non grillée qui surmontait la porte de son cabanon. Cette ouverture ainsi pratiquée, la folle s'élança hors du cabanon, la tête en avant, puis elle franchit un mur de 12 pieds qui le séparait d'autres cellules, où se trouvaient enfermées des femmes idiotes.
Toujours armée du débris du fauteuil elle pénètre dans une de ces cellules, s'empare de l'idiote qui s'y trouvait et l'assomme. Cela fait, elle passe dans une autre, et se met en devoir de traiter l'idiote qu'elle renferme de la même manière que la précédente. Mais celle-ci, plus vigoureuse ou dotée d'un instinct plus vif de conservation, se défend avec énergie, avec rage. Le bruit de la lutte éveille la gardienne, qui accourt aussitôt, appelle du secours, et s'empresse d'arracher l'idiote à son bourreau. Cette pauvre victime respirait à peine.
Ramenée dans son cabanon, la folle parut se calmer et recouvrer quelque peu de raison; puis entendant dire autour d'elle que sa victime était morte, elle répondit avec un étrange sourire: "Non pas une, mais deux mortes." On découvrit ainsi le sort de la malheureuse qui avait succombé la première sous ses coups.
La justice s'occupe activement de cette affaire. Déjà un juge d'instruction et un substitut de M. le procureur du roi ont fait plusieurs descentes dans l'établissement.

                                                                                                          ( Bulletin des Tribunaux

Le Salon littéraire, jeudi 1er juin 1843.

* Nota de Célestin Mira:

* Carrières de gypse de Montmartre:







* Jeu de bague:


Jeu de bague, place de la Concorde, fin XVIIIe siècle.

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