mercredi 11 juillet 2018

Celles dont on parle.

Mme Juliette Adam.


Française de naissance, elle s'est mariée deux fois, et chaque fois avec un Français. Elle est donc trois fois Française. C'est peut être pourquoi on l'a appelée la grande Française. A moins que ce ne soit parce qu'elle a dit: "J'ai aimé la France dans sa forme parfaite. Je l'ai plus adorée encore mutilée" et aussi: "La guerre de revanche à laquelle je pense encore, peut être seule, hélas!... et je veux toujours, moi, l'Alsace et la Lorraine!"
Pour que la France et Mme Adam fussent heureuses, ce n'est pas seulement faire la guerre qu'il faudrait, c'est la gagner, et la chose ne serait peut être pas aisée, même avec l'aide de nos amis les Russes, dont Mme Adam nous a recommandé l'alliance. Ajoutons qu'à regarder en Mandchourie, ce n'est guère tentant d'être vainqueur.




Cette dame encore batailleuse en son automne, rêvant bombes et sang, a eu des goûts délicats. Elle a même fait des vers. Elle avait alors neuf ans. Plus âgée, elle a écrit encore, et beaucoup: des nouvelles, des romans, des impressions de voyage et de nombreuses études politiques.
Comme il arrive quelquefois des ouvrages féminins, cette littérature est d'une lecture un peu pénible. Il me semble même que la langue française y subit quelques mauvais traitements, mais je n'en dirai rien, pour ne pas la chagriner.
Les idées de Mme Adam sont imposantes, édifiantes, aristocratiques. Elle ne croit pas à la nécessité de réformes. Elle a pourtant de la sympathie pour les pauvres gens et ne leur refuse pas l'aumône. Elle est philanthrope, mais fière.
Mme Adam n'a peur de rien, si ce n'est des serpents. Son père, étant jeune, s'est réveillé un soir avec une couleuvre sur la poitrine, et eut si grand peur qu'il se sauva en brisant une porte. La répulsion qu'elle éprouve pour les serpents lui aurait donc été léguée par son père. Mais je n'en crois rien: Mme Adam a eu un salon fréquenté par la plus haute société de Paris, artistes, journalistes, politiciens. Ce qu'il a pu s'y échanger de propos calomnieux, d'informations fausses et de professions de foi fantaisistes, on l'imagine aisément: si Mme Adam n'aime pas les serpents, c'est qu'on lui a fait avaler trop de couleuvres.

                                                                                                                                  Jean-Louis.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 20 août 1905.

* Nota de Célestin Mira:

Juliette Adam, est née Lambert à Verbérie (Oise) en 1836. Son premier mari La Messine était avocat. Le second Edmond Adam fut le fondateur du Comptoir d'Escompte. Surnommée "la grand mère de la Patrie", elle vécut plus de cinquante ans à Gif-sur-Yvette. Devenue veuve, Juliette Adam hérita de sa fortune. Égérie du tout-Paris, elle fut l'amie de Georges Sand.


Juliette Adam.


Juliette Adam (collection Haüssling-Fourneau)


Fête organisée à Gif, chez Juliette Adam en 1889.
(collection Fourneau).


Juliette Adam à l'abbaye de Gif en 1931.
(collection Fourneau-Lavoir).
 Source: Le Parisien, 8 septembre 2016: Gif-sur-Yvette: Faites connaissance avec l'égérie du tout-Paris.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire