dimanche 22 avril 2018

Chronique du dimanche du 18 juillet 1858.

Chronique du 18 juillet 1858.

Tout est en feu, sur la terre et sur l'eau: pendant les grandes chaleurs de cet été, il se manifeste de fréquents incendies, comme si nos villes voulaient se mettre à l'unisson du temps, et voici un semblable foyer qui s'est allumé sur la mer.
Le navire le Majestic était parti de Liverpool depuis dix-neuf jours, lorsqu'on s'aperçut que le feu était à bord. Aussitôt le capitaine, pour laisser l'espace libre à l'équipage, fit descendre les passagers dans les chaloupes.
Tout allait encore assez bien; mais à minuit, le capitaine, pensant que le feu ne gagnerait pas, donna contre-ordre et fit remonter les passagers.
Cependant le service s'organisait; l'équipage travaillait énergiquement à repousser le fléau et y arrivait avec beaucoup de peine. On s'aperçut alors, que deux officiers, par une exception rare, mourant de peur devant le danger, s'étaient enivrés de gin pour en oublier l'horreur.
Alors deux dames, mistress Ton et miss Warburton, se jetèrent sur le pont et se mirent à l'ouvrage, combattant avec des pompes ces flammes qui enveloppaient la frêle demeure flottant sur l'Océan.
Leur exemple anima tous les passagers, qui prirent chacun leur poste de travailleur.
Au milieu de l'incendie, qui augmentait toujours, la ferme attitude, le courage intrépide des deux héroïnes ne faiblit pas. Elles soutinrent de leur exemple l'équipage et les matelots jusqu'au dernier moment.
Alors, comme on n'attendait plus rien que la mort, on signala un navire qui arriva à pleines voiles, et reçut tout le monde à son bord.
En même temps, les spiritueux de la cargaison prenaient feu; le Majestic tournoyait en énorme brasier, puis allait s'éteindre au fond des eaux.

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Un crime d'une monstrueuse ingratitude a été commis dans une commune de la Gironde.
M. Lachapelle avait donné l'hospitalité à un homme qui se trouvait, disait-il, sans travail et sans ressources.
Peu de temps après, M. Lachapelle fut forcé de s'éloigner pour accompagner sa belle-mère à son dernier asile; sa femme sortit en même temps pour se trouver auprès de son père dans ces cruels moments.
Il ne restait à la maison qu'une jeune domestique de dix-huit ans.
L'individu recueilli par M. Lachapelle eut l'affreux courage de choisir l'instant où son bienfaiteur était occupé à de si tristes devoirs, pour assassiner la domestique et voler dans un secrétaire une somme de douze cents francs, puis il prit la fuite.
A son retour, M. Lachapelle, trouvant la jeune fille morte et le secrétaire forcé, eut une inspiration soudaine. Il monta à cheval et courut au chemin de fer, que le meurtrier devait avoir choisi comme le moyen de fuite le plus rapide.
A l'instant où il arrivait, il aperçut le criminel et l'arrêta de sa propre main. Les employés l'aidèrent ensuite à s'en rendre maître, et il fut remis à la gendarmerie, qui l'emmena à la prison du département.

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On raconte que M. M***, négociant de Marseille, a l'honneur de compter parmi ses clients un roi africain du plus beau noir. Ce monarque eut dernièrement la fantaisie de se procurer une musique militaire comme en ont tous les princes d'Europe.
Il en fit la demande à son fournisseur de Marseille, qui s'adressa lui-même à l'un des meilleurs fabricants de cuivre.
Trombones, cornets à piston, cors et trompettes furent expédiés en Afrique.
Le roi fit assembler les grands de sa cour, leur donna à chacun un instrument à emboucher et s'apprêta à jouir d'un plaisir délectable.
Tous soufflèrent à la fois, on entendit un vacarme sans nom, un effroyable charivari.
Le monarque, sans avoir besoin d'être trop connaisseur, trouva la musique détestable. Il écrivit une lettre de reproches terribles à son correspondant.
M. M*** ne savait à qui s'en prendre de ce malheur; enfin, il écrivit à son roi nègre:
"Avez-vous des musiciens?"
Le roi répondit avec un redoublement de courroux:
"Si j'avais eu des musiciens, je n'aurai pas eu besoin de vos services. Votre musique ne va donc pas toute seule?"
M. M*** s'est vu forcé d'avouer respectueusement à sa Majesté que pour faire de la musique, il fallait non-seulement des instruments, mais encore des gens capables de s'en servir.

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Voici un exemple fort original d'excentricité. Un médecin, le docteur Rhuders, ayant eu à soigner, à l'hôpital, une femme souffrante d'une maladie de coeur, vient de mettre en musique les palpitations et les battements irréguliers de ce coeur. Cette maladie, écrite en musique, avec croches et doubles croches, forme, dit-on,  une valse pleine de charme et d'harmonie.

                                                                                                                       Paul de Couder.

Journal du Dimanche, 18 juillet 1858.

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