mercredi 14 mars 2018

La politesse des grands.

La politesse des grands.

Savoir s'adresser à chacun avec le respect ou la bienveillance qu'il convient, doser les marques d'estime, savoir être tour à tour plein d'égards ou d'une courtoisie familière, voilà une qualité appréciable pour le commun des mortels.
Elle est indispensable chez les chez les gens haut placés: pour un diplomate elle est la première des vertus.
Talleyrand, cet homme d'Etat fameux qui trahit tous les régimes qu'il avait un instant servis, république, empire et royauté, la possédait au plus haut point. Son esprit remarquablement souple pratiquait au suprême de gré l'art des nuances dans la politesse. On peut en citer cet exemple:
Au cours d'un dîner, s'adressant à un prince de sang, Talleyrand demandait:
- Aurai-je l'honneur d'offrir un peu de bœuf à Votre Altesse Royale?
A un duc:
- Monseigneur, permettez-moi de vous offrir un peu de bœuf?
A un marquis:
- Marquis, puis-je vous couper un peu de bœuf?
A un vicomte:
- Vicomte, un peu de bœuf?
- Baron, un peu de bœuf?
A un monsieur, non titré:
- Un peu de bœuf?
A son secrétaire:
- Du bœuf?

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 22 septembre 1907.


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