dimanche 25 mars 2018

Chronique du dimanche 20 juin 1858.

Chronique du dimanche 20 juin 1858.

Le suicide le plus extraordinaire s'est produit dernièrement à Rennes; ce ne sont plus deux amants qui meurent ensemble dans le désespoir de l'amour, comme cela se voit bien souvent, c'est le père et le fils qui se suicident à côté l'un de l'autre, sans doute dans le fanatisme de l'honneur.
Le père de M. M***, sous-lieutenant de chasseurs, vint le voir à Rennes, où le jeune officier était en garnison; il paya des dettes que celui-ci avait contractées. Puis, ne pouvant plus peut-être à l'avenir, solder les autres dépenses que son fils ferait encore, il voulut s'assurer qu'elles ne se renouvelleraient pas.
On ne sait point ce qui se passa entre le père et le fils.
Tous deux firent faire leur portrait photographié et les envoyèrent dans leur famille.
Un soir, ils se réunirent dans le logement qu'occupait le sous-lieutenant, sur le mail d'Auges.
A minuit, on entendit une détonation. Un sergent du bataillon accourut au bruit; il fut reçu à la porte de la chambre par le père, qui lui dit qu'il se trompait, et que tout était fort tranquille dans la maison.
Quelques minutes après partit un second coup de feu.
On accourut encore et on pénétra dans la chambre. Le père et le fils étaient étendus morts sur le même canapé.
Tous deux, le jeune homme le premier, le père ensuite, s'étaient tirés au coeur.
Ils laissaient écrites leurs dernières volontés; le jeune sous-lieutenant léguait à plusieurs des officiers de son corps son sabre, ses épaulettes et les deux pistolets dont son père et lui venaient de faire usage.
La folie du suicide ne respecte rien.

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Dix-sept ans est le plus bel âge, le plus riant; l'état de fleuriste, qui vous met toujours au milieu des plus jolies choses du monde, est le mieux fait pour donner des idées roses comme les fleurs du mois de mai.
Cependant, le sieur Roulet, de Belleville, en suivant entre sept et huit heures du soir le quai de Jemmapes, aperçut à quelques pas devant lui une jeune fille, qui, après avoir traversé la chaussée, escaladait les chaînes et se précipitait dans le canal.
Il s'élança de ce côté, et sans prendre le temps de se déshabiller, il se jeta à la nage, plongea à plusieurs reprises et parvint à saisir dans l'eau la jeune fille qu'il emporta demi-morte dans la maison voisine.
Les secours qui lui furent prodigués la rappelèrent à la vie. On sut alors que c'était une jeune fleuriste, de dix-sept ans, qui était venue chercher la mort, sans autre motif qu'une sombre mélancolie. Elle a été ramenée au domicile de ses parents, qui, sans doute, chercheront quelque moyen de la rattacher à la vie.

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Le village et la forêt de Livry, dans les environs de Paris, sont fort cités pour leurs agréments champêtres, et attirent en été un grand nombre d'élégantes visites.
Cependant, le bois est profond, sauvage; et si l'on en croit la déposition d'un brigadier de gendarmerie et des habitants du pays, il vient de s'y produire un fait bien étrange.
Le brigadier avait été averti par quelques personnes qui venaient de parcourir ces bois, qu'on y apercevait une figure de femme dans la profondeur du feuillage. On disait l'avoir assez bien distinguée pour juger qu'elle se nourrissait de racines, se faisait un lit de roseaux, et vivait là à l'état sauvage.
Un brave gendarme investit le fourré. Après quelques recherches, il découvrit, en effet, une femme, très-jeune encore, vêtue de pampres tournés autour de son corps et blottie au fond d'une grotte. Il s'empara de sa personne, non sans une vive résistance, et la conduisit près du maire de Livry.
On apprit ainsi que cette femme vivait là depuis bien des années; elle avait presque désappris la langue humaine, et manifesta par signes qu'elle se trouvait très-heureuse sous sa voûte de feuillage, et demandait pour toute grâce d'y rester.
Le maire a eu toutes les peines du monde à lui faire comprendre que nos lois ne permettaient point une telle existence, et l'a fait conduire devant le procureur impérial pour qu'il décidât de son sort.

                                                                                                               Paul de Couder.

Journal du Dimanche, dimanche 20 juin 1858.

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