San-Fransisco, la ville et la baie.

San-Francisco, la ville et la baie.

La ville de San-Francisco, sur la baie du même nom ou plutôt à l'extrémité du promontoire qui ferme, au sud, cette magnifique baie, dans le grand océan austral, n'était, avant des découvertes des mines de la Californie, qu'un très modeste port de refuge mexicain, connu sous le nom de Yerba Buena, fréquenté surtout par les baleiniers et pêcheurs de phoques.

C'est aujourd'hui la métropole commerciale des Etats-Unis sur le Pacifique. Sa prospérité a été rapide, du reste; dès 1859, elle comptait 80.000 habitants; mais elle en compte près du double aujourd'hui et ce sont des habitants incomparablement plus sédentaires.

La baie de San-Francisco.

En outre, ce fut longtemps une ville d'apparence misérable et infecte, malgré les incendies répétés qui forçaient d'y rebâtir des quartiers tout entiers; mais depuis 1875 elle s'est considérablement embellie et assainie.

"Tout le vieux San-Francisco a disparu, lisions-nous dès 1876 dans le Courrier de San-Francisco; les cours boueuses et infectes, les dessous des maisons empestés, résultats d'une occupation négligée ou d'un drainage impossible; les chambres étroites à plafond bas, où l'on étouffait; les appartements au niveau de la rue, quelquefois même en-dessous, sources de rhumatismes; les puits empoisonnés par l'infiltration inévitable des latrines, vrais pourvoyeurs du choléra et de la fièvre typhoïde, toutes ces horreurs fuient honteusement pour faire place à de bonnes résidences bien aérées, munies de toutes les choses nécessaires à la vie et à la santé, et souvent avec un confortable et un luxe inconnus dans notre vieille Europe."

Et le journaliste, qui traitait San-Francisco de "second Paris sous le préfet démolisseur Haussmann", disait vrai; et l'heureuse transformation qui s'effectuait à cette époque est entrée dans la période normale des perfectionnements.

San-Francisco est aujourd'hui une ville élégante en même temps que prospère, qui compte de nombreux établissements d'enseignement public aussi bien que de riches édifices, ainsi que des ateliers de constructions pour la marine toujours actifs et un port toujours occupé.

                                                                                                                              O. R.

Journal des Voyages, Dimanche 6 mars 1887.