mercredi 17 janvier 2018

Elections.

Elections.

Les élections départementales se sont, à de très rares exceptions, accomplies avec un calme délicieux; on cite même des cantons où l'on pu trouver ni candidats, ni électeurs.
Est-ce que l'on commencerait à en avoir assez du bulletin de vote?
Il n'en va pas de même chez nos voisins Anglais; j'ai eu récemment l'occasion de constater chez eux à propos de leurs élections générales provoquées par la dissolution.
J'ai été voir voter et c'est très curieux.
Dès que la période électorale a été ouverte, chacun s'est précipité où il avait le droit de voter; bien que la season ne fût pas complètement terminée, Londres s'est dépeuplé et vous pouvez interroger les hôteliers de nos plages généralement fréquentées par les Anglais, ils vous diront le tort que ces élections leur ont fait.
Chez nous, on vote un seul tour; à six heures du soir, tout est bâclé à la fois. En Angleterre le vote prend plusieurs jours. Le premier on proclame élu d'emblée, tous ceux conte lesquels aucun autre candidat ne s'est présenté.
Enlevez! c'est toujours ça de fait.
On échelonne ensuite les séances pour donner tout leur temps à ceux qui ont droit de voter dans plusieurs circonscriptions.
Car ce n'est peut-être point tout à fait démocratique, mais cela n'est pas complètement illogique, on prend part aux élections en Angleterre en raison directe de l'intérêt qu'on a la bonne administration du pays; c'est ainsi que j'ai vu voter un de mes amis qui n'est pas Anglais mais possède de vastes propriétés dans le pays de Galles; on juge que nul plus que lui ne doit souhaiter un représentant sérieux de la contrée où ses capitaux sont engagés.
Je l'ai, plein de respect pour la loi d'outremer, conduit à la salle de vote; quatre messieurs très corrects siégeaient dans un édifice moitié temple, moitié école.
Deux d'entre eux vérifièrent son identité, un troisième détacha, pour la lui tendre, d'un registre à souche numéroté, une sorte de coupon sur lequel se trouvaient inscrits les noms des candidats.
Il s'agit de mettre une croix devant le nom de celui qu'on élit, et pour cela on se retire dans une sorte de guérite fermée où l'on doit rester le temps de tracer le signe convenu.
Après quoi, l'on dépose soi-même son bulletin dans l'urne et tout est dit.
Ce registre à souche a son avantage puisqu'il empêche qu'on puisse déposer plusieurs votes, mais il a aussi son petit inconvénient.
Le personnel du bureau n'a qu'à retenir le numéro du bulletin qu'il vous a remis pour savoir au dépouillement pour qui vous avez voté.
Dans ces conditions, le scrutin n'est plus que relativement secret. On pousserait de beaux cris en France si l'on procédait de la sorte.

                                                                                                            Simon Levrai.

Le Petit journal, dimanche 11 août 1895.

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