dimanche 21 janvier 2018

Ceux de qui on parle.

Le roi de Grèce Georges 1er.


Le roi Georges 1er occupe avec modestie le poste de Solon et de Péricles. Il ne cherche pas à briller, sachant que dans le concert des puissances le rôle de la Grèce doit être un rôle muet. Ah! les puissances européennes, comme il les déteste, le pauvre roi! A toutes les époques difficiles de sa carrière, il les a vu intervenir dans ses affaires et lui imposer leur volonté. Toutes ses velléités de manier à sa façon le sceptre hellénique ont dû se briser devant leur geste menaçant et leurs yeux sévères.




Il s'est résigné, assez penaud, à n'être guère que l'intendant de son royaume. De temps en temps il vient faire aux nations voisines une timide visite. La ville d'Aix-les-Bains est un de ses lieux de villégiature préférés. Paris l'a reçu il y a deux ans. Sa visite eut lieu en même temps que celle du roi de Portugal Don Carlos l'Obèse*. Les deux souverains descendirent au même hôtel, mais là s'arrête l'analogie. Les autorités supérieures, plus flattées sans doute de se frotter à la maison de Bragance qu'à celle de Slesvig-Holstein, traitèrent Geoerges 1er comme un parent pauvre, et le roi des Hellenes fut éclipsé par le roi de graisse
Jusqu'à ces dernières années, il était cependant resté au roi Georges un protecteur influent: si les puissances le traitaient d'une manière un peu trop cavalière à son gré, il pouvait aller se plaindre à son papa, le roi de Danemark, Christian IX en qui presque toutes les familles royales d'Europe vénéraient un aïeul. Le roi Christian est mort et Georges 1er, sans appui, va voir, s'il se peut, décroître son prestige.
Ce n'est pas seulement la déchéance politique de la Grèce qui cause l'effacement de son monarque: Georges 1er est pauvre. Il réussit à grand peine à mettre de côté les quelques centaines de louis dont il a besoin pour faire ses excursions en Europe; mais il aurait encore plus de mal à héberger dignement ses collègues. Sa liste civile ne s'élève qu'à un million deux cent cinquante mille francs: ce serait un revenu passable pour vous ou moi; nous connaissons mêmes quelques gentilshommes déplumés qui s'en contenteraient, mais lorsque de ce chiffre on a déduit les frais d'entretien de la cour, il ne reste qu'une maigre somme pour équiper, nourrir et divertir un roi. Ajoutez que ce prince est marié et qu'il a six enfants. Bien qu'ils ne soient pas tous à sa charge, il faut reconnaître que la reine, à qui la gestion des fonds est confiée, n'a pas une tâche facile. Il paraît du reste que c'est une ménagère des plus avisées.

                                                                                                                  Jean-Louis.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 16 juin 1907.

* Nota de célestin Mira:



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