vendredi 15 décembre 2017

Paris-Trouville en auto-ballon.

Paris-Trouville en auto-ballon.


Dans quelques semaines, un rêve, qui paraissait tenir uniquement de la fantaisie, va se réaliser. De même que, grâce au taxi-auto, nous sommes tous devenus automobilistes, nous pourrons nous promener tous en auto-ballon.
Ainsi s'appellera le petit ballon à vapeur que M. de la Vaulx, le hardi explorateur de l'air, va lancer. Les expériences sont faites, les usines travaillent, l'auto-ballon va prendre son vol. D'ailleurs, M. de la Vaulx a déjà effectué, l'année dernière, au dessus de Paris et du Bois de Boulogne, des promenades dont des milliers de personnes ont été les témoins.


Merveille de simplicité.

De forme allongée en cigare, l'auto-ballon a une enveloppe longue de 24 mètres, et une nacelle de 12 mètres. Il est construit en deux types: pour une personne, il jauge 600 mètres cubes et possède un moteur de 12 chevaux; pour deux personnes, il jauge 900 mètres cubes et possède un moteur de 24 chevaux.



Le hangar de l'auto-ballon "de la Vaulx"

Les moteurs sont des modèles ordinaires employées pour les automobiles. Le premier type d'auto-ballon coûte 25.000 francs, le second 40.000 francs. La vitesse est d'environ 30 kilomètres à l'heure pour les deux types.
Ils peuvent s'élever à 150 mètres. On les gonfle au gaz d'éclairage; on peut donc s'arrêter partout où s'élève une usine à gaz. Quand on a fini son excursion, on le démonte sans effort: la nacelle se décompose en trois parties, les pièces se dévissent et se logent facilement dans les sections de la nacelle. Chaque sortie coûte, tout frais compris, 120 francs pour l'auto-ballon à une personne, 150 francs pour celui à 2 personnes. Une seule personne peut conduire. Quand on sait mettre en marché un moteur d'auto, on sait régler celui de l'auto-ballon qui est tout à fait le même.



M. de la Vaulx dans la nacelle de son auto-ballon.

Une panne se produit-elle, on descend à terre au moyen de plans inclinés sans qu'on ait besoin de dégonfler le ballon.

Un service d'autobus aériens.

Voici qui est plus merveilleux: M. de la Vaulx qui a créé le petit auto-ballon, se propose, pour l'année prochaine, de créer un service de tourisme avec de gros ballons auto-mobiles, pour emporter 10 passagers et 2 homme d'équipage, de Paris à Saint-Germain, ou, par très beau temps, de Paris à Trouville.
Ces aérostats jaugeront de 3.000 à 4.000 mètres. Leur forme rappellera le type allongé du Ville de Paris*, avec un moteur de 120 chevaux. Un mécanicien pour le moteur, un pilote pour la direction assureront le service à bord. Leur vitesse sera de 45 à 50 kilomètres à l'heure. On compte qu'ils pourront sortir environ 300 jours par an. Ils seront gonflés au gaz hydrogène; l'embarcadère sera à Saint-Cyr où M. de la Vaulx possède déjà un aérodrome.
Le prix des places sera assez élevé, car il ne descendra certainement pas au-dessous de 200 francs. Le ballon lui-même coûtera environ 300.000 francs. Bien des personnes céderont à la tentation d'acheter un auto-ballon à 40.000 francs, mais les milliardaires seuls auront la faculté de s'offrir un de ces monstres aériens, qui coûteront 200 francs par jour d'entretien.

Nouvelle manière de traverser l'océan.

Mieux encore: M. de la Vaulx a déclaré que lorsque le gros ballon automobile sera connu du public, il construira sur le même modèle un gigantesque aérostat de 10 à 12.000 mètres cubes, transportant 10 passagers, pas plus, mais capable de couvrir de grandes distances, telles que celle de Paris à Londres. Un ballon de cette catégorie reviendrait à un million et chaque place y coûtera plusieurs milliers de francs. La nacelle comprendra plusieurs salons, tandis que, dans le ballon automobile de Paris- Saint-Germain, chaque voyageur ne disposera que d'un fauteuil en rotin. Avec un ballon pareil, M. de la Vaulx nous a affirmé, que dans trois ans, il ferait la traversée New-York-Paris (et non Paris-New-York, à cause de la direction des vents). Il mettra trois jours. Malheureusement, le voyage sera très cher et coûtera pour chacun environ 30.000 francs.
On pouvait se douter que la grande navigation aérienne se développerait un jour comme l'automobilisme: mais n'est-ce pas impressionnant de voir fixé à ces progrès un terme aussi rapproché?

Lectures pour tous, 1908.

*Nota de célestin Mira:






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