dimanche 29 octobre 2017

Ceux de qui on parle.

M. le Chef Parès.


Le Chef de la musique de la Garde républicaine est bien connu de nos lecteurs.
Souvent, on peut le voir dans les jardins publics à la tête de ses hommes, j'allais dire de ses troupes, diriger l'exécution d'une marche héroïque avec une si mâle vigueur que, par instants, on s'attend à le voir monter à l'assaut des bosquets.
La fougue de M. Parès a toujours été fort remarquable et elle est la principale cause de ses succès, qui ne sont pas minces comme on peut en juger.
M. Parès a commencé sa carrière en 1880 comme musicien dans un régiment d'artillerie, à Vincennes. Il avait à peine vingt ans et sortait du Conservatoire, où il avait été l'élève particulièrement heureux de Théodore Dubois.
Dès l'année suivante, il prit part à un concours comme sous-Chef de musique et fut reçu le premier. On le nomma au 74e régiment d'infanterie à Paris.
En 1883, il se présente au concours pour l'emploi de Chef. Il est encore reçu le premier et part à Nancy, au 69e de ligne.
Bientôt, ce poste de lui suffit plus. Un concours est ouvert à Paris entre tous les Chefs de musique de l'armée, pour la désignation du chef de musique des équipages de la flotte, à Toulon. Il obtient la première place: c'est une habitude qu'il a contractée!
Enfin, l'emploi qu'il occupe aujourd'hui lui est confié en 1893, à la suite d'un nouveau concours où il se classe premier, de l'avis unanime des membres du jury, sur quarante concurrents.






De tels succès remportés, on peut le dire, à la force du poignet, suffiraient à rendre fier un chef d'orchestre. Vous jugez si la modestie d'un chef de musique, qui est à un chef d'orchestre ce que le militaire est au pékin, pouvait y résister.
Le Chef de la musique de la Garde républicaine a conscience de sa valeur et s'attache à conserver à ses fonctions tout leur prestige. Il a dans l'armée le grade de capitaine: ses hommes savent ce qu'il en coûte de l'oublier.
L'amour-propre professionnel s'étend à tout le corps. Dans aucune autre partie de l'armée, on ne trouve poussé à un tel degré le dédain du reste du monde. Quiconque a suivi la musique de la Garde républicaine au cours d'un de ses déplacements, a pu apprécier, par les façons de ces messieurs, l'immense supériorité qui les distingue du commun des mortels.
Il faut, du reste, leur faire des ponts d'or pour obtenir qu'ils se déplacent. M. Parès ne craint pas la concurrence et n'avilit pas ses prix. Dernièrement, il a été prié de venir à Rennes, à l'occasion du voyage du Président du Conseil pour y faire entendre ses musiciens. Mais comme on n'offrait à M. Parès que trois mille francs pour son dérangement, il a fermé dédaigneusement l'oreille, et M. Clémenceau n'a pas eu de musique.
Est-il bien convenable, que des gens qui portent l'uniforme de soldats, n'aient pour ambition que de se faire payer de beaux cachets, des voyages en première et de bons dîners, tout comme un acteur en vedette? Est-ce que l'Etat ne paie pas ces messieurs pour qu'ils soient à sa disposition quand il lui convient? L'utilité des musiques militaires est déjà contestable. Au moins devrait-on interdire le trafic des trombones de l'Etat!

                                                                                                                              Jean-Louis.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 18 octobre 1908.



Nota de célestin Mira:

Le Fringant: Pas redoublé dirigé par M. Gabriel Parès.





Le Bombardier: Pas redoublé dirigé par M. Gabriel Parès.

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