lundi 24 juillet 2017

La légende de Saint Nicolas.

La légende de Saint Nicolas.


Saint Nicolas, évêque de Myre, est resté célèbre dans les annales religieuses, à cause du grand nombre d'hérétiques qu'il baptisa.
Les estampes des premiers siècles et du moyen âge représente le saint, debout devant les fonts baptismaux, d'où émergent les corps de plusieurs enfants*. Inutile de dire que, dans le langage symbolique, ces enfants ne figurent autre chose que les hérétiques ramenés, par le baptême, à l'état d'innocence.
Il ne faut donc pas attribuer à ces estampes l'origine de la tradition en vertu de laquelle saint Nicolas est considéré comme le patron des écoliers et des enfants en général.
Cette origine remonte à une légende que saint Bonaventure a rapportée, et dont voici le résumé:
Trois écoliers de noble famille, se rendant à Athènes, s'arrêtent dans une auberge. L'hôte, remarquant leur richesse, les tua, les mis en pièces, et sala leur chair dans un vase. Instruit de ce méfait par un ange, saint Nicolas se rendit à l'hôtellerie, admonesta vivement le meurtrier, et ressuscita les trois écoliers.
D'après ce récit, on comprendra facilement que certains commentateurs aient interprété les estampes du moyen âge d'une façon erronée en prenant les fonds baptismaux pour le vase où étaient renfermés les corps des trois écoliers, et d'où ils sortirent à la parole du saint.
La légende de saint Nicolas et des trois enfants au saloir a été mise en vers, avec quelques variantes, il y a bientôt trois siècles. Elle constitue, sans contredit, un des plus jolis morceaux de la poésie populaire, et, comme ce morceau est peu connu, nous le donnons ici en entier:

Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs;

S'en vont un soir chez un boucher:
"- Boucher, voudrais-tu nous loger?"

"- Entrez, entrez, petits enfants,
Y a d'la place assurément."

Ils n'étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués;

Les a coupés en p'tits morceaux
Mis au saloir comme pourceaux.

Saint Nicolas, au bout d'sept ans, 
Saint Nicolas vint dans le champ.

Il s'en alla chez le boucher
"- Boucher, voudrais-tu me loger?"

"- Entrez, entrez, saint Nicolas:
Y a d'la place, il n'en manque pas."

Il n'était pas sitôt entré
Qu'il a demandé à souper.

"- Voulez-vous un morceau d'jambon?"
"- je n'en veux pas, il n'est pas bon."

"- Voulez-vous un morceau de veau?"
"- Je n'en veux pas, il n'est pas beau."

"- Du p'tit salé, je veux avoir
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir!"

Quand le boucher entendit ça, 
Hors de portée il s'enfuya.

"- Boucher, boucher! ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra."

Saint Nicolas posa trois doigts
dessus le bord de ce saloir.

Le premier dit: J'ai bien dormi!"
Le second dit: "Et moi aussi!"

Et le troisième répondit:
"Je me croyais en paradis!"

                                                                                                                      J. Claverie

Le Musée universel, revue illustrée hebdomadaire, premier semestre 1875.





* Nota de célestin mira: saint Nicolas et les trois enfants.





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