lundi 27 février 2017

Supplices chinois.

Supplices chinois.


La Chine est le vrai Jardin des supplices. Quelle flore lugubre et sanglante cultivée par des mains de bourreaux et d'artistes en cruauté! Quelle variété épouvantable, quel raffinement, quelles combinaisons savantes et gradués de douleurs et d'angoisses dans la manière de donner la mort et de prolonger l'agonie!
L'actualité qui s'attache à la Chine nous a fait rechercher les Supplices les plus usités dans ce pays, le plus vieux en civilisation, et encore le plus cruel. Les prêtres des Missions Etrangères sont depuis de longues années familiarisés avec ces Supplices que tant de missionnaires ont subis; leur salle des Martyrs (128, rue de Bac) réunit presque tous les engins de torture dont se servent les Chinois. C'est là que nous les avons photographiés; et nous avons complété la lugubre collection d'après des images et des livres chinois.




Un côté de la Salle des Martyrs, aux Missions Etrangères de Paris.
(Communiqué par M. Heliot)


La Cangue, les ceps, la Bastonnade, le lit à torture, etc.

Les principaux instruments de torture sont: la Cangue, la cage, les chaînes, la bastonnade, le Lit à torture, le Rotin.

La cangue: La cangue est une sorte d'échelle dont les lourds montants en bois sont réunis à leurs extrémités par des planchettes. 



Fac-Simile d'une Cangue.

Au milieu, deux échelons sont espacés de manière à permettre l'introduction de la tête. L'échelle est posée sur les épaules du patient, et emprisonne son cou. Le supplicié ne peut lui-même porter à la bouche les aliments dont il a besoin, il souffre atrocement quand il est couché; il doit néanmoins garder jour et nuit, et pendant des mois, cet instrument de supplice.




La cangue.

Un autre genre de cangue, se compose de deux planches larges et très épaisses échancrées au milieu, et sur lesquelles on inscrit le nom et le délit du patient.

Les Chaînes: La Chaîne a trois branches: la première enserre le cou par un anneau assez large, les deux autres sont fixées au bas des jambes, par des anneaux plus petits. 




Cordes à strangulation.
Chaînes du capitaine chinois Ly.

Elle pèse de huit à dix kilogs. Si elle est trop longue, il faut la tenir à la main pour marcher. Si elle est trop courte, on doit se tenir constamment courbé.
La Chaîne que représente notre dessin servit à torturer le capitaine Ly qui fut ensuite décapité.


La Cage: La cage est une grande boîte carrée, dont le dessus est percé d'un trou assez large pour y laisser passer le cou du patient qui reste ainsi suspendu, souffrant les tourments d'une strangulation lente. La Cage est en effet trop haute pour qu'il puisse poser les pieds par terre.
Le père Chapdelaine, des Missions étrangères, fut condamné au supplice de la cage.

La décapitation: Le sabre, le couteau et le coutelas sont les instruments ordinaires de la décapitation.



Sabre, coutelas et couperet ayant servi à supplicier les RR. PP. Brieux et Chatelet. 

Le coutelas reproduit a servi à décapiter le père François Chatelet, né le 20 avril 1858 à Saint-Didier, diocèse de Lyon, et martyrisé le 26 août 1883.
Les têtes des décapités sont parfois placés dans des cages, sortes de coffres ou grandes boîtes rectangulaires.



Têtes de décapités exposées dans une cage.

Le sabre et le couteau qu'on voit plus haut ont servi au supplice du père Brieux né le 6 février 1845 à Bomboillon (Haute-Saône), et martyrisé le 8 septembre 1881, près de Bathang par des Thibétains.

Le Lit de torture: Le patient a les mains et les pieds emprisonnés dans deux planches échancrées à cet effet et ne peut faire aucun mouvement. On l'y laisse pendant des semaines entières.



Le Lit de torture.


La Machine à couper en deux: Cet horrible supplice n'a pas besoin de description. 




Patient coupé en deux au moyen d'une Machine spéciale.

Nous en avons emprunté la gravure à un ouvrage chinois (Les Miracles de Dieu: Récompenses du Bien et du Mal) que M. Héliot a mis obligeamment à notre disposition.

La Bastonnade: Elle s'administre avec un bambou. Le patient est étendu la face contre terre, un des bourreaux frappe sur les reins, le nombre de coups est donné par le mandarin.

Le Rotin: Le rotin est une verge flexible dont l'extrémité est garnie de plomb. On fait coucher plusieurs condamnés face contre terre, on attache les pieds aux mains des autres, de telle façon que les coups donnés aux premiers impriment à tous un tressaillement très douloureux.

Les Cordes: Les cordes servent à la strangulation. 



Supplices de plusieurs missionnaires.
Strangulation par la corde.

Celles qui accompagnent les chaînes de notre figure ont servi à étrangler le vénérable François Jaccard, originaire de la vallée du Faucigny, exécuté en Chine le 2& septembre 1838.

Le Supplice des Cent plaies: Le père Marchand subit en Chine le supplice des Cent plaies, le plus horrible sans contredit. Le patient est attaché à un poteau. Trois ou quatre bourreaux sont là, armés de couteaux, de pinces, de crochets. Ils taillent, ils arrachent ça et là cent grands lambeaux de chair sur le corps du malheureux, qui a déjà été tenaillé au moyen de fers rougis au feu. 



Le supplice des Cent plaies subi par le R. P. Marchand.

Ils ont bien soin de n'attaquer aucun organe essentiel, de ne couper aucune grosse veine, afin que le supplice dure plus longtemps. Devant, à genoux, le dernier bourreau attend la fin de l'horrible torture, qui dure parfois des heures, pour couper la tête du condamné.

Ceps ou Entraves: Ce sont deux pièces de bois échancrées, fixées en terre ou attachées à un poteau et qui renferment dans leur échancrure les pieds au-dessus de la cheville; quelquefois, les ceps se continuent avec la chaîne.



Les ceps.


Autres supplices: Elle serait longue encore la liste des supplices qu'ont inventés les Chinois, à qui la récente insurrection des Boxers a fourni l'occasion de commettre quelques nouveaux crimes.
Des 233 étrangers massacrés l'an dernier, combien furent torturés pendant des journées entières, sous les yeux d'une foule cynique et féroce, combien implorèrent comme une délivrance la mort, si longue à venir!
M. G. Donnet, correspondant du Temps, a recueilli de témoins oculaires des détails sur les tortures infligées  à quelques-uns des Européens faits prisonniers.
Deux missionnaires, Mgr Fantossati et le père Joseph sont capturés, dépouillés de leurs vêtements, frappés. Ensuite, on les jette à terre, on les cloue au sol au moyen d'un épieu qui leur traverse le ventre.
"Pendant cinq heures, ils restèrent là, vivants quand même, cinq heures, priant, s'encourageant au martyr! Bientôt ils ne purent plus se voir, on leur arracha les yeux; ils ne purent plus s'entendre, on leur perça les oreilles. Et ils vécurent encore! Chair encore frissonnante dans une mare de sang!...
Enfin, le soir venu, enfin morts, les bourreaux leur attachèrent une corde au cou et les traînèrent jusqu'à Yang-ling-Miao.
Les deux cadavres furent placés dans la même fosse, on y mit le feu et, le lendemain, les cendres étaient jetées à la rivière.
J'aurais encore plusieurs autres histoires rouges à vous raconter. Entre autres celle de cette malheureuse famille Kay: la mère vidée de ses entrailles, la petite fille fendue en deux, des reins à la nuque, et le père forcé d'assister à la scène dans un fauteuil d'honneur prêté pour la circonstance par un mandarin facétieux."
Voilà ce qui se passe, au commencement du XXe siècle, à quelques kilomètres des vaisseaux européens, et sur les confins de notre Indo-Chine, d'où toutes ces atrocités ont depuis longtemps disparu.
A la fois civilisée et barbare, la Chine est restée la même depuis deux mille ans. Elle n'a rien appris, rien oublié.

Almanach Hachette, 1902.

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