mardi 28 février 2017

La pipe.

La pipe.

Pour beaucoup la pipe est mieux qu'un objet familier et qu'une distraction: c'est une compagne dans la solitude, une amie fidèle, une consolatrice. Peut-être vaudrait-il mieux s'abstenir de fumer, mais les hommes ont cherché de tout temps des diversions à leurs ennuis, à leurs soucis et à leurs peines. La pipe, qui nous enveloppe d'un voile de fumée, semble estomper les aspérités de la vie. Une bonne pipe, disent les fumeurs, chasse les idées noires, donne du courage, rend patient et indulgent.

Histoire de la pipe.

Il semble que l'homme a toujours fumé tant c'est un usage répandu sur le globe. On a retrouvé à Toul et dans le camp romain de Châlons des pipes romaines en fer telles que celle que nous reproduisons dans la planche ci-dessous. Et on peut voir dans les collections du Louvre des pipes en bronze qui nous viennent aussi des Romains.




"Bien antérieures aux pipes romaines, nous dit M. Oscar de Watteville, sont les pipes en fer trouvées par M. Quiqures dans les forges préhistoriques du Jura bernois." Ces pipes contemporaine de l'époque du renne, sont identiques aux pipes des Lapons. (Voir les 2 spécimens dans la planche ci-dessus.)
Quand on croit que la pipe ne peut avoir une origine antérieure à la découverte des Antilles par Christophe Colomb, on oublie que les Européens et les Américains fument, presque seuls, le tabac. Les peuplades d'Asie, d'Afrique emploient, pour leur demander l'ivresse et le rêve, les champignons vénéneux séchés, les racines de diverses plantes, l'écorce de saule, le chanvre, l'opium, les feuilles de roses, de thé, de noyer, de verveine, de lavande, etc.

Une collection de pipes.
La plupart des pipes rares que nous reproduisons figurent dans la belle collection de MM. de Watteville, véritable musée de la pipe à travers les âges.
MM. de Watteville ont prouvé de quelle utilité peuvent être, au point de vue historique et ethnographique, les collections d'objets familiers, populaires comme la pipe.
Les Portugais furent les premiers qui imitèrent les Indiens dans leur manière de fumer le tabac. Et en 1560, Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne, apporte chez nous la pipe et le tabac. L'usage s'en répandit dans les classes inférieures. Louis XIV donna à chaque soldat sa pipe et son briquet. Le soldat qui fumait oubliait qu'il n'avait pas assez à manger.
Saint-Simon raconte que les princesses royales, se croyant seules à Marly, envoyèrent chercher, en cachette, des pipes au corps de garde suisse, et qu'elle se mirent à fumer comme des troupiers.
Au XVIIIe siècle, c'est le triomphe de la tabatière. La bonne société ne fume pas. Diderot, Voltaire, d'Alembert, Rousseau ignorèrent la pipe, comme l'ignorèrent aussi Danton, Robespierre, Mirabeau, tous les grands révolutionnaires.
Le règne de la pipe ne date chez nous que du Consulat et de l'Empire. Tous les soldats revinrent d'Egypte avec une pipe; et pendant la terrible retraite de Russie, de combien la pipe soutint le courage défaillant!
Lassalle et Oudinot chargeaient la pipe à la bouche. Moreau fumait la pipe pendant qu'on lui amputait les deux jambes.
Sous la restauration, la pipe redevint la Cendrillon du XVIIIe siècle, mais le Romantisme la remit bientôt en honneur. Les Romantiques chevelus ne sortaient jamais sans leur longue pipe qu'ils fument comme les étudiants allemands. Tous les poètes chantèrent la pipe. Elle devint la dixième Muse, celle à qui l'on demandait le Rêve et l'Inspiration.
Aujourd'hui la pipe fait partie de notre mobilier.

Telle pipe, tel peuple.

La pipe montre presque toujours l'habileté industrielle, le sens artistique, les goûts, les habitudes du peuple qui l'emploie. De l'observation des nombreux spécimens qu'il a réunis, M. le baron O. de Watteville a formulé spirituellement ces axiomes:
"Plus une pipe est courte, plus la race est laborieuse."
"Plus une race est économe, plus sa pipe est petite."
Avec mes pipes, dit M. de Watteville, je pourrais établir une classification des races humaines, déterminer les qualités, les aptitudes de chaque peuple.
"La pipe, prétendait déjà Hoffmann, est comme l'habit, elle s'identifie avec celui qui la fume, et devient pour ainsi dire partie intégrante de sa personne. Son caractère, ses passions, ses impressions, se traduisent dans la manière dont il bourre sa pipe, dont il la tient, dont il en aspire et en rejette la fumée. Je vois aussi bien ses pensées se formuler dans les flocons qui sortent de sa bouche, que s'il m'était donné de lire dans son esprit."

Les pipes à tête ou à figure.

Celles-ci appartiennent à l'imagerie populaire, toutes les célébrités sont devenues des "têtes de pipes". La pipe a immortalisé Mandrin et Cartouche, les ministres, les généraux et les favorites de nos rois. Aux têtes de Charlotte Corday, du geôlier Simon, de Théroigne de Méricourt succède la figure du général Bonaparte. Puis vinrent Béranger, les héros et les héroïnes des Mystères de Paris,  les têtes des généraux du second empire, Thiers et Gambetta.
On a fait aussi de la pipe, image ou caricature, un moyen de propagande politique.

Almanach Hachette, 1902.

Le vieux chêne d'Allouville.

Le vieux chêne d'Allouville.
(Département de la Seine-inférieure)

C'est le cimetière d'Allouville, à une lieue d'Yvetot, que l'on voit cet arbre, l'une des merveilles de notre France. Il a 30 pieds de circonférence auprès de terre, et 24 à hauteur d'homme; ses branches énormes s'étendent au loin et fournissent un vaste ombrage.




D'après les recherches des antiquaires de la Normandie, d'après les observations des naturalistes, ce chêne n'a pas moins de 900 ans d'existence.
A son sommet un petit clocher, que surmonte une croix en fer, couvre une petite chambre d'anachorète, garnie d'une couche taillée dans le bois. Le bas du tronc a été orné intérieurement en chapelle, et a été consacré à la Vierge, vers l'an 1696, par l'abbé du Détroit, curé d'Allouville.
Pendant la révolution française, on tenta d'incendier ce vénérable monument historique, mais les habitans s'y opposèrent avec force et parvinrent à le sauver; il mourra naturellement quand l'heure sera venue, et peut-être un grand nombre de générations viendront-elles encore tour à tour prier et se souvenir sous son feuillage.
L'aspect de cet arbre excite un intérêt encore plus grand peut-être que celui des édifices que nous ont légués les peuples éteints. Il nous semble qu'il y a réellement quelque chose de plus éloquent dans cette végétation sans cesse renaissante qui a vu tant de fosses se fermer et s'ouvrir, dans cette écorce vive qui palpite sous le doigt, que dans les pierres muettes et froides des vieux temples; et nous ne connaissons pas d'historien qui nous ait plus touché que la tradition humble et pieuse qui raconte aux voyageurs les rois, les guerriers, qui se sont reposés contre ce tronc antique, les troubadours qui l'ont chanté, ou les orages qui l'ont frappé sans le consumer jamais. On a déjà écrit des notions savantes, des mémoires curieux sur le chêne d'Allouville; mais rien ne peut tenir lieu des récits naïfs des villageois et de quelques minutes de méditation au seuil de la chapelle.

Le Magasin pittoresque, 1833 livraison 33.

La France sans enfants.

La France sans enfants.








Dame!... Ayons des enfants. Chose facile à dire, et qui ne cadre guère avec notre égoïsme. Les uns, riches, craignent le morcellement de la propriété et le partage de la fortune; les autres, à peine à l'aise, redoutent l'accroissement des charges.
Mais il est d'autres remèdes qui, sans arrêter le mal, permettraient de l'atténuer:
En premier lieu, combattons, sous toutes ses formes, cet ennemi de la famille qu'on appelle l'alcoolisme, et rognons les dents à cette mangeuse, la tuberculose, qui, par an, tue plus de gens que dix batailles.




En multipliant les conditions d'hygiène, en surveillant les "remplaçantes", en favorisant l'allaitement maternel, on diminuera le taux de la mortalité des enfants de moins d'un an, qui se chiffre par 150.000 décès annuels.
On pourrait encourager la natalité en accordant de préférence les petits emplois si ambitionnés, gardes-champêtres, facteurs, services municipaux, au ménages ayant au moins trois enfants.




Comme autres bonnes mesures, en faveur des familles nombreuses, recommandons l'exonération des impôts directs, la réduction à un an du service militaire pour les deux aînés, l'exemption des périodes d'instruction de 13 et de 28 jours. Il faudrait pouvoir augmenter le bien-être en favorisant la mutualité et en facilitant la construction des maisons à bon marché.




Serait-il injuste d'imposer d'un vingtième en plus le propriétaire d'une maison où il y a moins de 5 enfants mineurs? Peut-être; il n'en n'est pas moins vrai que dans les villes, la plupart des propriétaires sont des ennemis de l'enfance.




Une dame ayant un chien, un chat et un perroquet trouvera plus vite à se loger qu'un ménage ayant trois ou quatre enfants et nous pourrions conter l'histoire d'un professeur de lycée qui erra longtemps de porte en porte, le long des rues de Paris, sans que sa nichée trouvât grâce devant aucun concierge.




Des économistes ont récemment proposé aussi d'augmenter les droits de mutation en ligne directe, lorsque la succession écherra à un ou deux héritiers seulement.
D'autres demandent encore qu'on facilite aux étrangers, un million et demi, les moyens d'obtenir la naturalisation française.




Voilà quelques remèdes. Ils ont, au moins, l'avantage d'être pratiques.
La dépopulation compromet l'avenir de la France. C'est une question grave qui mérite mieux que d'entretenir la verve des vaudevillistes joyeux.

Almanach hachette, 1902.

lundi 27 février 2017

Vin Désiles.

Vin Désiles.



Almanach Hachette, 1901.

Le vase de Warwick.

Le vase de Warwick.

Au nombre des chefs-d'oeuvre des arts que les riches anglais ont achetés au continent, on distingue le célèbre vase antique que sir William Hamilton fit transporter, en 1774, d'Italie en Angleterre, et qui orne aujourd'hui le château de Warwick, situé sur l'Avon, et l'un des restes les plus remarquables de la grandeur féodale.
Ce vase est de marbre blanc: on croit que Lysippe, statuaire du temps d'Alexandre-le-Grand, en est l'auteur. Il est resté enfoui pendant une longue suite de siècles dans les ruines de la villa de l'empereur Adrien à Tivoli. Bien peu de morceaux de sculpture grecque sont parvenus jusqu'à nous aussi parfaitement conservés.




La coupe est presque entièrement sphérique. Deux ceps de vigne entrelacés se détachent du marbre, se courbent pour former les anses, et, serpentant gracieusement autour du bord élégamment renversé, l'ornent de leurs grappes et de leur feuillage. Au milieu sont des têtes de satyres en grand-relief, au dessous une peau de panthère avec le thyrse de Bacchus, et d'autres embellissements.
Ce vase pourrait contenir environ la valeur de 652 pintes de Paris.

Le Magasin pittoresque, 1833, livraison 26.

Crime inspiré par un sentiment de charité au XIVe siècle.

Crime inspiré par un sentiment de charité au XIVe siècle.

On attribue le trait suivant à une princesse de Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne, qui mourut vers 1330, et qui s'occupa constamment des pauvres et des mendians avec une active sollicitude. Douée d'une sensibilité profonde, elle ne pouvait voir souffrir un malheureux sans chercher à la secourir. Plus d'une fois elle compromis sa fortune, et s'endetta pour distribuer des aumônes aux pauvres qui, de tous les points de la France, arrivaient pour prendre part à ses libéralités; et à l'exemple du bon roi Robert, elle était toujours suivie par six ou sept cents mendians qu'elle nourrissait, qu'elle habillait, et qui l'accompagnaient dans tous ses voyages.
Or, suivant l'historien Gellut, qui nous a conservé ces détails, "il plut à Dieu envoyer une très âpre famine en Bourgogne, de sorte que l'on entendait par les rues piteux plaincts, piteuses lamentations, et petits enfans crier: Je me meurs de faim." L'hiver était d'ailleurs des plus rigoureux, et le froid faisait périr presque autant de pauvres que le défaut de nourriture. 
On conçoit sans peine combien le cortège ordinaire de la princesse de Mahaut avait dû augmenter. Plus d'un millier de mendians l'avait accompagnée, cette année, au village de la Châtellenut sur Artois, où elle faisait volontiers sa demeure; et là, elle fournissait généreusement à tous leurs besoins. Mais quand toutes ses ressources furent épuisées; quand elle se vit elle-même sur le point de manquer de pain; quand il ne restait plus ni une pièce d'or dans ses coffres, ni un joyau dans son écrin; après avoir versé d'abondantes larmes, voici le moyen dont elle s'avisa pour ne pas abandonner tant de malheureux au triste sort qui les attendait en temps de si grande et si étrange famine.
Un soir, elle les fit tous enserrer dans une de ses granges; elle fit fermer les portes avec soin; et quand elle jugea que tout le monde était bien endormi, elle ordonna que le feu fut mis en la grange, ce qui fut fait ainsi; et pas un ne put échapper. 
L'historien, après avoir raconté ce fait, qui du reste ne paraît pas l'étonner, se borne à dire:
"O cruelle pitié et douceur amère, qui porte avec soi la cruauté des plus barbares qu'on puisse trouver! O miséricorde immisécordieuse!" Seulement, il ne dit pas si la princesse de Mahaut avait à sa suite, l'année suivante, une aussi nombreuse clientelle.

Le Magasin Pittoresque, 1833, livraison 2.

Supplices chinois.

Supplices chinois.


La Chine est le vrai Jardin des supplices. Quelle flore lugubre et sanglante cultivée par des mains de bourreaux et d'artistes en cruauté! Quelle variété épouvantable, quel raffinement, quelles combinaisons savantes et gradués de douleurs et d'angoisses dans la manière de donner la mort et de prolonger l'agonie!
L'actualité qui s'attache à la Chine nous a fait rechercher les Supplices les plus usités dans ce pays, le plus vieux en civilisation, et encore le plus cruel. Les prêtres des Missions Etrangères sont depuis de longues années familiarisés avec ces Supplices que tant de missionnaires ont subis; leur salle des Martyrs (128, rue de Bac) réunit presque tous les engins de torture dont se servent les Chinois. C'est là que nous les avons photographiés; et nous avons complété la lugubre collection d'après des images et des livres chinois.




Un côté de la Salle des Martyrs, aux Missions Etrangères de Paris.
(Communiqué par M. Heliot)


La Cangue, les ceps, la Bastonnade, le lit à torture, etc.

Les principaux instruments de torture sont: la Cangue, la cage, les chaînes, la bastonnade, le Lit à torture, le Rotin.

La cangue: La cangue est une sorte d'échelle dont les lourds montants en bois sont réunis à leurs extrémités par des planchettes. 



Fac-Simile d'une Cangue.

Au milieu, deux échelons sont espacés de manière à permettre l'introduction de la tête. L'échelle est posée sur les épaules du patient, et emprisonne son cou. Le supplicié ne peut lui-même porter à la bouche les aliments dont il a besoin, il souffre atrocement quand il est couché; il doit néanmoins garder jour et nuit, et pendant des mois, cet instrument de supplice.




La cangue.

Un autre genre de cangue, se compose de deux planches larges et très épaisses échancrées au milieu, et sur lesquelles on inscrit le nom et le délit du patient.

Les Chaînes: La Chaîne a trois branches: la première enserre le cou par un anneau assez large, les deux autres sont fixées au bas des jambes, par des anneaux plus petits. 




Cordes à strangulation.
Chaînes du capitaine chinois Ly.

Elle pèse de huit à dix kilogs. Si elle est trop longue, il faut la tenir à la main pour marcher. Si elle est trop courte, on doit se tenir constamment courbé.
La Chaîne que représente notre dessin servit à torturer le capitaine Ly qui fut ensuite décapité.


La Cage: La cage est une grande boîte carrée, dont le dessus est percé d'un trou assez large pour y laisser passer le cou du patient qui reste ainsi suspendu, souffrant les tourments d'une strangulation lente. La Cage est en effet trop haute pour qu'il puisse poser les pieds par terre.
Le père Chapdelaine, des Missions étrangères, fut condamné au supplice de la cage.

La décapitation: Le sabre, le couteau et le coutelas sont les instruments ordinaires de la décapitation.



Sabre, coutelas et couperet ayant servi à supplicier les RR. PP. Brieux et Chatelet. 

Le coutelas reproduit a servi à décapiter le père François Chatelet, né le 20 avril 1858 à Saint-Didier, diocèse de Lyon, et martyrisé le 26 août 1883.
Les têtes des décapités sont parfois placés dans des cages, sortes de coffres ou grandes boîtes rectangulaires.



Têtes de décapités exposées dans une cage.

Le sabre et le couteau qu'on voit plus haut ont servi au supplice du père Brieux né le 6 février 1845 à Bomboillon (Haute-Saône), et martyrisé le 8 septembre 1881, près de Bathang par des Thibétains.

Le Lit de torture: Le patient a les mains et les pieds emprisonnés dans deux planches échancrées à cet effet et ne peut faire aucun mouvement. On l'y laisse pendant des semaines entières.



Le Lit de torture.


La Machine à couper en deux: Cet horrible supplice n'a pas besoin de description. 




Patient coupé en deux au moyen d'une Machine spéciale.

Nous en avons emprunté la gravure à un ouvrage chinois (Les Miracles de Dieu: Récompenses du Bien et du Mal) que M. Héliot a mis obligeamment à notre disposition.

La Bastonnade: Elle s'administre avec un bambou. Le patient est étendu la face contre terre, un des bourreaux frappe sur les reins, le nombre de coups est donné par le mandarin.

Le Rotin: Le rotin est une verge flexible dont l'extrémité est garnie de plomb. On fait coucher plusieurs condamnés face contre terre, on attache les pieds aux mains des autres, de telle façon que les coups donnés aux premiers impriment à tous un tressaillement très douloureux.

Les Cordes: Les cordes servent à la strangulation. 



Supplices de plusieurs missionnaires.
Strangulation par la corde.

Celles qui accompagnent les chaînes de notre figure ont servi à étrangler le vénérable François Jaccard, originaire de la vallée du Faucigny, exécuté en Chine le 2& septembre 1838.

Le Supplice des Cent plaies: Le père Marchand subit en Chine le supplice des Cent plaies, le plus horrible sans contredit. Le patient est attaché à un poteau. Trois ou quatre bourreaux sont là, armés de couteaux, de pinces, de crochets. Ils taillent, ils arrachent ça et là cent grands lambeaux de chair sur le corps du malheureux, qui a déjà été tenaillé au moyen de fers rougis au feu. 



Le supplice des Cent plaies subi par le R. P. Marchand.

Ils ont bien soin de n'attaquer aucun organe essentiel, de ne couper aucune grosse veine, afin que le supplice dure plus longtemps. Devant, à genoux, le dernier bourreau attend la fin de l'horrible torture, qui dure parfois des heures, pour couper la tête du condamné.

Ceps ou Entraves: Ce sont deux pièces de bois échancrées, fixées en terre ou attachées à un poteau et qui renferment dans leur échancrure les pieds au-dessus de la cheville; quelquefois, les ceps se continuent avec la chaîne.



Les ceps.


Autres supplices: Elle serait longue encore la liste des supplices qu'ont inventés les Chinois, à qui la récente insurrection des Boxers a fourni l'occasion de commettre quelques nouveaux crimes.
Des 233 étrangers massacrés l'an dernier, combien furent torturés pendant des journées entières, sous les yeux d'une foule cynique et féroce, combien implorèrent comme une délivrance la mort, si longue à venir!
M. G. Donnet, correspondant du Temps, a recueilli de témoins oculaires des détails sur les tortures infligées  à quelques-uns des Européens faits prisonniers.
Deux missionnaires, Mgr Fantossati et le père Joseph sont capturés, dépouillés de leurs vêtements, frappés. Ensuite, on les jette à terre, on les cloue au sol au moyen d'un épieu qui leur traverse le ventre.
"Pendant cinq heures, ils restèrent là, vivants quand même, cinq heures, priant, s'encourageant au martyr! Bientôt ils ne purent plus se voir, on leur arracha les yeux; ils ne purent plus s'entendre, on leur perça les oreilles. Et ils vécurent encore! Chair encore frissonnante dans une mare de sang!...
Enfin, le soir venu, enfin morts, les bourreaux leur attachèrent une corde au cou et les traînèrent jusqu'à Yang-ling-Miao.
Les deux cadavres furent placés dans la même fosse, on y mit le feu et, le lendemain, les cendres étaient jetées à la rivière.
J'aurais encore plusieurs autres histoires rouges à vous raconter. Entre autres celle de cette malheureuse famille Kay: la mère vidée de ses entrailles, la petite fille fendue en deux, des reins à la nuque, et le père forcé d'assister à la scène dans un fauteuil d'honneur prêté pour la circonstance par un mandarin facétieux."
Voilà ce qui se passe, au commencement du XXe siècle, à quelques kilomètres des vaisseaux européens, et sur les confins de notre Indo-Chine, d'où toutes ces atrocités ont depuis longtemps disparu.
A la fois civilisée et barbare, la Chine est restée la même depuis deux mille ans. Elle n'a rien appris, rien oublié.

Almanach Hachette, 1902.

dimanche 26 février 2017

La presse en France en 1902.

La presse en France en 1902.


La presse de Paris.




































La presse de province.












 







La presse des Départements, de l'Algérie et de la Tunisie.









Almanach Hachette, 1902.