samedi 7 janvier 2017

Femmes de pêcheurs.

Femmes de pêcheurs.


Citer les œuvres du peintre à qui nous devons le tableau reproduit ici par la gravure et qui fit sensation au Salon des artistes français de 1912, nous entraînerait trop loin, tant le labeur de cet artiste fut fécond et brillant.




Son atelier renferme un nombre incalculable de toiles d'une incontestable valeur, toutes dignes de notoriété, et cependant peu connues, pour la plupart. Cela vient de ce que leur auteur est à la fois un timide et un modeste, ennemi de la célébrité, gardant chez lui ses œuvres avec un soin jaloux, hésitant à les produire, parce que, comme tous les vrais talents, il n'est jamais content de ce qu'il fait. Seuls, les amateurs d'art en villégiature à Berck-Plage (Pas-de-Calais), où il demeure, connaissent son atelier, et nombreux sont les acquéreurs de ses toiles qui vont enrichir salons et galeries de somptueuses demeures, ou homes à l'intérieur confortable et artistiquement aménagé.
M. Charles Roussel est né à Tourcoing. Après avoir suivi les cours de l'Académie de cette ville, il entrera à l'Ecole des Beaux-Arts, à Paris, où il eut pour professeur le célèbre maître Alexandre Cabanel. Mais le genre classique qu'il y étudia ne correspondait nullement à ses aspirations; il lui fallait le plein air, la lumière, les vastes horizons. Et c'est ainsi qu'après un voyage en Bretagne, d'où il rapporte des études remarquablement vécues, nous le voyons à Berck, au bord de cette plage immense, où la mer s'avance, tantôt calme et reflétant en mille tonalités harmonieuse le limpide azur du ciel; tantôt démontée et déroulant, au faîte de ses vagues énormes, les impalpables écharpes de ses embruns neigeux; là, le pinceau à la main, il reproduit fidèlement sur la toile les spectacles grandioses qui s'offrent à ses yeux: les sombres horizons qui couvent et déchaînent les tempêtes effroyables, comme aussi les sereines matinées égayées des riantes lueurs de l'aurore, ou bien l'or et la pourpre des splendides soleils couchants, dont s'irradient à perte de vue les calmes et mélancoliques crépuscules. Joignez à ces spectacles des scènes de la vie des pêcheurs et matelots, des promeneurs, baigneurs et baigneuses en villégiature, le tout enjolivé d'un riche et chatoyant coloris baigné de lumière, et vous aurez un aperçu exact du genre où excelle notre peintre berckois.
Par moments, on le voit se diriger vers l'intérieur des terres à travers les dunes aux énormes vague de sable, à travers les rives sauvages et pittoresques où la végétation est rabougrie, mais où les prairies sont fertiles et verdoyantes; alors il devient paysagiste et rend avec un charme mélancolique les mystérieuses harmonies de ces sites étranges. Quelques portraits de marins et de pêcheuses ornent aussi son atelier, tous très naturels et plein d'expression, le teint brûlé par les vents du large, rudes et énergiques, respirant la mâle vigueur et la robuste santé.
Parmi les œuvres qu'il envoya au Salon des artistes français, il convient de citer: Les apprêts pour la pêche (1887); Les chercheurs de vers à marée basse (1890); Après le coucher du soleil (1893); L'Authie par un temps de neige (1895); Embarquement des filets (1896); Le départ (1897); La prière avant la mise des filets dans le bateau (1898); Le désarmement du bateau (1899); Les pêcheurs (1901); Les Pêcheurs de crevettes (1903); Débarquement du poisson (1904); Rentrée des pêcheurs (1906); Départ pour la pêche (1908); La prière, le départ (1911); Femmes de pêcheurs poussant la barque (1912); et Embarquement (1914).
En 1904 et 1909, il exposa, à Saint Louis (Amérique) et à Buenos-Ayres, des toiles qui y furent très appréciées.
Son exposition particulière (1905), galeries des capucines, 5, boulevard des Capucines, lui valut l'acquisition d'un de ses tableaux par l'Etat.
La gravure que nous donnons est un spécimen très réussi de son genre de prédilection, les scènes de la vie des pêcheurs berckois.

                                                                                                             Emile Fouquet.

Le Magasin pittoresque, 15 décembre 1913.

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