vendredi 2 décembre 2016

Usages et coutumes.

Usages et coutumes.


- Le code militaire est très sévère, mais je ne sache pas qu'il défende aux jeunes soldats d'exercer, dans des soirées intimes privées, leurs talents de musicien et de chanteur, avec ou sans rémunération. Ils peuvent tout aussi bien déclamer, dans les mêmes conditions, sans demander aucune autorisation à leurs chefs. Ce dont il faut s'assurer, c'est d'une permission de dix heures, de minuit ou de la nuit.
- J'ai dit que le garçon d'honneur ne peut offrir à sa demoiselle d'honneur qu'un bouquet noué de longs rubans. Quelqu'un voudrait tourner la difficulté en envoyant le bouquet dans un beau vase ou une riche jardinière.
Je ne puis donner mon approbation à cette idée, une femme ne peut recevoir de présents de ce genre que d'un parent.
- On trouve étrange qu'on ne puisse donner des gants à sa demoiselle d'honneur, tandis qu'il est prescrit au parrain d'en offrir à sa commère. Que voulez-vous, il faut se soumettre aux lois du savoir-vivre qui ont leur raison d'être. Si une jeune fille peut accepter un cadeau du parrain son compère, c'est parce que le fait de tenir un enfant sur les fonts baptismaux crée entre eux un lien de parenté spirituelle.
- Le roi de la fève, qui a fait partager à une jeune fille sa couronne éphémère, ne peut non plus lui offrir que des fleurs.
- Le costume masculin est interdit aux femmes bien élevées dans un bal travesti. C'est faire preuve d'un manque évident de réserve, pour ne pas dire plus, que de l'adopter, même sous le masque.
Un homme fait peut-être mieux aussi de ne pas choisir un costume féminin, dans les mêmes circonstances, mais ce n'est cette fois qu'une affaire de goût et non de décence; sous la robe dont il s'affuble, l'homme portant des vêtements de son sexe.
Je profite de l'occasion pour dire mon sentiment au sujet des costumes extra-courts qu'on exhibe sous prétexte de déguisement. Ils ne sont ni seyants, ni convenables. Après la douzième année, la femme doit porter des jupes suffisamment longues pour cacher ses jambes, sous peine de manquer au décorum et de paraître grotesque.
- Pour la tombola, à une fête de bienfaisance, on peut offrir tout ce qu'on veut en fait de lots, pourvu que les objets envoyés soient utiles ou jolis, convenables... au point de vue de la morale. Il faut prendre en pitié les sots qui se moqueraient du don d'une tablette de chocolat. Des vases, des tasses, de menus objets de toilette, des porte-plume, des encriers, des buvards, tous les ustensiles servant les travaux à l'aiguille sont admissibles, avec bien d'autres, et seront gagné avec grand plaisir.
- Quand une jeune fille est orpheline de mère, elle fait mieux de demander la compagnie d'une parente âgée ou d'une amie, âgée aussi, pour rendre des visites ou pour recevoir chez elle.
- Pour assurer son propre bonheur et celui des siens, mari, enfants, une femme intelligente et bonne ne manque jamais aux égards qu'elle doit à celui qu'elle a choisi pour compagnon de vie.
Il est triste de voir quelques jeunes femmes accueillirent avec impertinence les observations que leur fait un mari, plus expérimenté qu'elles sur leur manière d'agir.
Elles se complaisent dans une sorte de révolte, entretenant des relations avec des femmes qu'il leur a demandé de ne pas fréquenter; organisant avec ces femmes des parties qui sont fort coûteuses, dont le prix déséquilibre le budget familial. On n'a pas trop de reproches pour l'homme qui dépense au café ou au cabaret, au jeu, etc., l'argent qui devrait faire vivre la famille. C'est encore un peu plus ignoble, quand c'est la femme qui "mange" cet argent (l'argent gagné par le mari) en goûters et petits repas fins. Et si, par dessus le marché, elle ridiculise avec ses amies l'homme qu'elle a le devoir de respecter, elle est tout à fait odieuse, indigne d'être épouse et mère.
- Je crois que le meilleur placement des économies d'une jeune fille consiste à acheter de la rente sur l'Etat, des obligations de chemin de fer, voire des obligations de la ville de Paris, à cause des lots.
- Je ne m'occupa pas de graphologie, mais je pourrais faire examiner les écritures et répondre directement, si on me donne son adresse.
- Merci à ceux de mes lecteurs qui m'ont envoyé des cartes et des vœux. Leur sympathie m'est infiniment précieuse, je leur en suis reconnaissante.

                                                                                                           Ann. Seph.

Le Petit Journal, dimanche 17 février 1895.

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