vendredi 16 décembre 2016

Tour et Taxis.

Tour et Taxis.





Ce portrait, "modèle de grâce, d'amabilité, de charme attrayant" (1), représente une jeune princesse de la Tour et Taxis (Thurn und Taxis); Il est bien connu par la gravure en taille douce de Corneille Vermeulen, artiste belge, né à Anvers en 1644, et mort, en 1702, dans la même ville, après avoir longtemps habité Paris. Mais si remarquable que soit cette estampe, elle ne saurait donner qu'une idée bien imparfaite de la peinture originale, un des trésors de la galerie du prince Liechtenstein à Vienne.
Celui qui a vu, dans son cadre, Marie-Luisa de Taxis, ne l'oubliera jamais: après l'avoir contemplée quelque temps, il faut sortir comme d'un rêve pour se persuader que ce n'est là que l'image d'une personne qui a disparu de cette terre il y a déjà plus de deux siècles. Dans la même galerie, on voit le portrait d'un chanoine, Antoine de Taxis, qui n'a pas le même mérite.
La famille de la Tour et Taxis descend directement d'Eripand de la Tour, chevalier français, issu lui-même de la ligne masculine de Charlemagne.
Huit membres de cette famille de la Tour furent seigneurs de Milan de 1259 à 1312; à cette époque, elle fut chassée et remplacée par celle de Visconti. L'année suivante, Lamoral 1er vint s'établir sur le territoire de Bergame, et prit d'une montagne voisine le nom del Tasso, devenu plus tard Tassis ou Taxis.
Son petit-fils Roger 1er de la Tour et Taxis se rendit en Allemagne. Créé chevalier par Frédéric III (1450), puis grand veneur, il fonda la grandeur de sa maison par l'introduction des postes dans le Tyrol.
Charles-Quint, en récompense des services de la famille (appelée en Allemagne Thurn und Taxis), nomma le fis aîné de Roger, Jean-Baptiste, directeur général des postes de l'Empire, de l'Espagne et des Pays-Bas.(2) C'est de lui que descendent les quatre branches de la famille: Espagne, Italie, Tyrol, Pays-Bas. La ligne italienne compte le poëte Torquato Tasso parmi ses membres et en tête de ses illustrations.
Le privilège de la grande maîtrise des postes de l'Empire fut érigé en fief pour les seigneurs de la Tour et Taxis, et étendu même à la branche féminine. Ils furent crées successivement barons (1608), comtes et enfin (1681) élevés à la dignité de princes par Charles II, roi d'Espagne. Leur terre de Braine-le-Château fut alors érigée en principauté sous le nom de la Tour et Taxis. Princes de l'Empire en 1686, ils remplirent les fonctions de commissaires impériaux près la diète de Ratisbonne.
La dissolution de l'Empire germanique, les événements de la révolution, la réunion de la Belgique et des provinces rhénanes à la France, enlevèrent à cette maison une partie de leurs privilèges. Elle en fut dédommagée par des donations de terres, entre autres la principauté de Brunau (Würtemberg), puis de Krotosyn (province de Posen). Ces biens, joints à ceux qu'ils possédaient déjà, lui constituèrent un domaine de 34 milles carrés, avec cent mille âmes et un revenu de 800.000 florins.


(1) Louis Viardot, Musées d'Allemagne.
(2) Nous avons dit ailleurs que l'un des descendants de cette famille, le prince de la Tour et Taxis, est encore aujourd'hui le grand maître héréditaire des postes féodales d'Allemagne, et nous avons donné la liste de ces postes. L'administration des postes de la Tour et Taxis a son siège à Francfort-sur-le-Mein.

Le Magasin pittoresque, décembre 1866.

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