mercredi 17 août 2016

Sénégal.

Sénégal.

Nous extrayons du rapport officiel les détails suivants, qui ont traits au dessin que nous publions aujourd'hui sur l'expédition de Cayor, au Sénégal:
"Après la rentrée de la première colonne expéditionnaire, le Cayor paraissait complètement soumis à notre influence; Lat-Dior s'était sauvé au Baol avec ses biens et quelques cavaliers seulement, et quelques grands chefs indigènes étaient venus faire leur soumission.
"Le tracé de la redoute de N'Guiguis était poussé activement et de grands approvisionnements de vivres y étaient faits; la garnison, sous les ordres de M. le capitaine du génie Lorans, se composait de 100 tirailleurs sénégalais, de 25 spahis, 15 artilleurs, 30 hommes de la compagnie indigène du génie; c'était assez pour résister derrière les murs, à toutes les forces réunies du Cayor.



Infanterie de marine                                        Tirailleurs sénégalais                                          Spahis sénégalais

Expédition de Cayor (Sénégal). - Défilé du corps expéditionnaire dans la plaine de N'Boul,
devant les populations indigènes, après le combat du 12 janvier 1864.
(D'après le croquis communiqué par M. de Barrolet, chef de bataillon du 4e d'infanterie de marine)

"Le gouverneur, voulant hâter la pacification du pays, avait fait sortir de Saint-Louis deux petites colonnes légères, qui devaient parcourir le Cayor, rallier à nous les chefs importants, et surtout anéantir les Tièdos. Elles étaient commandées, l'une par M. le capitaine Flize, et l'autre par M. le capitaine Ringot. Le commandant du poste de N'Guiguis devait, de son côté, rayonner, à petites distances, autour de son fort. Le commandant particulier de Gorée devait aussi user de son influence pour empêcher le roi du Baol de recevoir Lat-Dior et ses Tièdos.
"Le Cayor était donc tranquille et tout paraissait devoir aller bien, lorsque le 29 décembre, une terrible nouvelle vint jeter la consternation dans tout Saint-Louis.
"Une colonne de 140 hommes, sortie de N'Guiguis, sous les ordres de M. le capitaine Lorans, avait été cernée par des forces trente fois supérieures et complètement anéantie. Dix-neuf spahis et une huitaine de tirailleurs, presque tous blessés, avaient seuls pu échapper au massacre.
"Quatre officiers y avaient trouvé la mort: deux capitaines, MM. Lorans et Chevrel; un sous-lieutenant de spahis, M. Duport Saint-Victor, et M. Aimé, officier d'administration, chargé des subsistances.
"Le gouverneur se mit immédiatement en mesure de venger nos braves; N'Guiguis fut désigné comme point de concentration de toutes les troupes; la colonne Flize, qui était déjà arrivée à N'Gol, avait, dès la nouvelle du désastre, rallié le poste de N'Guiguis. M. le commandant Barolet, partit de Saint-Louis avec tout ce qu'il avait d'hommes valides: il devait rallier en route, à Potou, la colonne Ringot, qui avait suspendu sa marche. Le commandant particulier de Gorée, M. le lieutenant-colonel Pinet-Laprade, reçut l'ordre de partir de son côté, avec tout ce qu'il pourrait rassembler d'hommes.
" Le 4 janvier, toutes les troupes étaient sous les murs de N'Guiguis, brûlant de venger la mort de nos soldats.
" La colonne était alors composée d'environ 1.000 hommes de toutes armes, sous les ordre du colonel Pinet-Laprade.
" On alla coucher au village de Kiess, après avoir traversé et pillé N'Diass, village où l'on retrouva l'affût de rechange qui avait été pris au désastre de N'Golgol.
" Après avoir rasé un grand nombre de villages et bourgades ennemies, on rencontra des cavaliers Djioloff, qui précédaient le gros de l'armée ennemie. Le colonel Laprade fit ranger les troupes en bataille, et après une action très-vive, dans laquelle l'ennemi déploya une grande audace, nos soldats restèrent maîtres du terrain.
"Le feu s'engagea de notre côté avec le plus grand sang-froid; nos soldats d'infanterie tiraient individuellement, comme à un exercice de cible, sur les cavaliers ennemis, qui s'avançaient audacieusement jusqu'à cent mètres de la colonne. Devant le sang-froid de nos tireurs, le mouvement ennemi s'arrêta. Saisissant le moment propice, le colonel Laprade fit mettre la baïonnette au canon et fit sonner la charge. La colonne cessant le feu et ayant l'infanterie de marine en tête, gravit la hauteur au pas de course, aborda à la baïonnette les retranchements de l'ennemi, qui fit une dernière décharge, presque à bout portant, et fut culbuté et chassé en un clin-d’œil. Maîtresse de la position, la colonne se reforma. A ce moment, l'escadron de spahis, commandé par M. le capitaine Baussin, entraînant nos nombreux auxiliaires noirs, commença une poursuite qui devint acharnée. 
" Le colonel Laprade fit former de suite le camp à côté du village de Loro, qui était en flammes.
"Proportionnellement aux pertes éprouvées par l'ennemi, les nôtres furent légères: nous eûmes trois tués et 50 blessés ou contusionnés dont une grande partie appartenant à l'infanterie de marine, qui avait le plus donné dans cette affaire. L'infanterie de marine eut 14 blessés, dont 1 officier; pas un tué.
"L'ennemi eut environ 700 tués; quant aux blessés, il fut impossible d'en déterminer le nombre.

Le Monde illustré, 5 mars 1864.

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