lundi 29 février 2016

Maris et amants.

Maris et amants.



François 1er, étant devenu amoureux de la femme d'un marchand, comme il alla chez elle la nuit au rendez-vous, il ne fut pas plus tôt devant la porte que le mari, qui en était averti, mit la tête à la fenêtre et se prit à crier de toute sa force: Vive le roi! ce qui le fit retourner au Louvre sur ses pas, en riant de sa démarche.

                                                                ( Mémoires historiques sur les amours des rois de France.)


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M. de P*** fut mené, par un de ses amis, chez un peintre de paysage dont la femme était fort jolie. Au bout de huit jours, il y retourna tout seul; mais le mari s'y trouva. Huit jours après, nouvelle visite de sa part, et toujours le mari présent.
"Parbleu, monsieur, lui dit-il à lui-même, pour un peintre de paysage, vous n'allez pas souvent en campagne."

                                                                                                    ( Paris, Versailles et la province au XVIIIe siècle.)


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Le comte de Tissard de Rouvres, officier aux gardes-françaises, était un jeune homme aimable, paraissant livré à toute la gaieté, à toute la dissipation de son âge, mais cachant sous ses apparences de légèreté une présence d'esprit qui lui a été fort utile dans des occasions importantes, et des qualités solides qui lui assuraient l'estime et l'attachement de ceux qui le connaissaient plus particulièrement.
Etant dans une petite ville de province, il eut le malheur d'exciter, quoique bien involontairement, la jalousie d'un mari dont la femme, avec d'excellentes mœurs, était cependant très-vive et fort imprudente. Piqué de ce que l'accès de cette maison lui était interdite par l'ombrageux époux, et sachant que la jeune femme, qui rassemblait tous les soirs sa société, aimait autant à veiller que son mari à dormir, il lui prit fantaisie de s'introduire, après souper, au milieu de ce cercle, à la faveur d'une échelle qu'il dressa contre un balcon dont la fenêtre était ouverte. Parvenu aux derniers échelons, il se trouve en face du mari, qui le reconnait et s'écrie:
"Eh bien! monsieur, que faites-vous là?
- Monsieur, répondit-il, fort embarrassé... je me promène."
Cette même femme, qui, sans être attachée plus intimement à M. de Tissard qu'à tout autre, trouvait sa société agréable, et la désirait peut-être d'autant plus qu'on la lui défendait davantage, eut l'étourderie de l'engager à souper avec quelques personnes, un jour que son mari était absent, et n'avait annoncé son retour que pour le lendemain.
Mais ses affaires ayant été terminées plus tôt qu'il ne le comptait, il arriva ce même soir à neuf heures, au moment où l'on venait de se mettre à table. En entendant sa voix, il fallut songer à cacher M. de Tissard, qu'il aurait trouvé fort mauvais de rencontrer chez lui, et que la disposition des appartements ne permettait pas de faire évader. L'un des convives le pousse promptement dans une grande boîte à pendule, que sa taille, quoique très-mince, remplissait entièrement, et on ferme la porte sur lui.
Le mari entre, accueille fort bien la société, annonce qu'il a grand appétit, et qu'il prendra volontiers part au souper. Il demande quelle heure il est, et si la pendule va bien? 
"Oui, oui" dit la femme en frappant deux petits coups sur la boîte qui se trouvait auprès d'elle. M. de Tissard saisit le sens de cet avertissement, et, d'une voix sourde et égale faisant tec... toc... tec... toc..., il imita le bruit du balancier pendant près d'une mortelle heure que l'ennuyeux époux resta à table, et ne fit délivré que lorsque la société se retira dans le salon.


                                                                                                    ( Paris, Versailles et la province au XVIIIe siècle.)

Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes, Edmond Guérard, librairie Firmin-Didot, 1876.

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