jeudi 10 décembre 2015

La grange aux dîmes à Provins.

La grange aux dîmes à Provins.


Provins, ville aujourd'hui peu florissante, était, au moyen âge, une des plus industrieuses cités de France. Les comtes de Brie et de Champagne, qui résidaient dans ses murs, avaient contribué à donner à son commerce une énergique impulsion. Les rues étaient alors animées par une cour fastueuse et toute une population de gentilshommes; les bourgeois, les marchands, les artisans, y étaient nombreux.
De cette ancienne prospérité il reste des vestiges, précieux débris que l'archéologue aime à visiter au milieu des ancien remparts démantelés. Au temps du célèbre comte de Champagne Thibault le Chansonnier, c'est à dire au commencement du treizième siècle, Provins comptait environ 70.000 habitants, dont la plupart descendirent ensuite peu à peu dans la vallée, sur les bords des cours d'eau qui la sillonnent. La ville haute a conservé sa physionomie du moyen âge. On y retrouve de toutes parts des maisons bien conservées, dont les façades et même quelquefois les dispositions intérieures n'ont pas été modifiées depuis six cents ans.
Autour de la grande église de Saint-Quiriace notamment, on admire un grand nombre de constructions anciennes qui servaient probablement de résidence aux chanoines.
Une des plus curieuses richesse archéologique de Provins est le souterrain d'un grand édifice situé rue Saint-Jean, près de la porte de ce nom: l'ancienne charte de Henri le libéral (1176) en fait mention sous la désignation de For-Cadas. Il est presque certain que cet édifice, originairement destiné au chapitre de Saint-Quiriace, devint, à la suite des temps, le lieu où se livrait quelque tribut en nature, peut être les dîmes dues au clergé. Sa construction rappelle le style de la meilleure période ogivale. 




Les colonnes du vaste sous-sol sont surmontées de chapiteaux simples, mais élégants, qui se distinguent par la sobriété de leurs ornements; un grand nombre d'ouverture latérales sont pratiquées au niveau de la voie publique, et il est à présumer qu'elles servaient jadis à descendre les produits et les denrées, à l'aide des escaliers de pierre dont notre dessin représente un des principaux.
Au-dessus du sous-sol est la salle haute, qui est au niveau de la rue Saint-Jean: c'est une vaste pièce, fort bien éclairée par sept fenêtre géminées. De chaque côté de l'embrasure des fenêtres des bancs de pierre sont creusés dans l'épaisseur du mur. A l'extérieur on remarque, dans la maçonnerie, des corbeaux taillés dans la pierre, et qui servaient, pense-t-on, à soutenir les poutres d'un auvent nécessaire pour abriter les marchandises.
Une animation bruyante devait jadis faire retentir ces murs, ces souterrains aujourd'hui abandonnés, où les pas du touriste et de l'antiquaire troublent seuls un silence de plusieurs siècles.

Le Magasin pittoresque, avril 1875.

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