jeudi 3 septembre 2015

Le banquet Roux.

Le banquet Roux.

Le banquet offert le 14 février dernier dans les Salons du Palais d'Orsay, à M. le directeur Roux, par les fonctionnaires du service qu'il dirige, se caractérise d'un mot: il a été magnifique...
                               
                                                                                                   (La Semaine Vétérinaire.)

Toutes les épaves, que peut charrier la marée démocratique agricole domestiquée,  s'était données rendez-vous au Palais d'Orsay. Parmi l'affluence des satellites qui gravitent autour de la constellation de la "Direction des Services sanitaires et scientifiques et de la Répression des Fraudes", se remarquait surtout et principalement le bouchon le plus léger, le plus creux, le plus vide, le plus véreux, le plus pourri... qui conduisait naturellement toute la théorie des bouchons flottants de l'Association des Vétérinaires départementaux; j'ai nommé le distingué rond-de-cuir départemental en chef du Nord: mouchard; fabricant de fiches malpropres pour vétérinaires sanitaires; inventeur du nœud de ficelle obstétrical, destiné à suspendre les vaches flamandes par la queue, pour la réduction du renversement du vagin et de l'utérus; fruit sec de l'Ecole vétérinaire d'Alfort, débarqué pour ignorance crasse; le plus brillant élève de la maison de Gavage de la rue Gay-Lussac, études rapides pour élèves en  retard, etc., etc.
Cet éminent savant, d'un poids considérable (plus de 120 kilos), l'ORGUEIL du département du Nord, était tout naturellement indiqué... pour tenir le crachoir officiel. Boursouflé de son rôle, météorisé de son importance et de sa suffisance, à la fin du repas, qui était exquis, M. Monsarral, qui est un gros mangeur, prit la parole au nom de la presque unanimité des vétérinaires!!!!
Dans une délicieuse salade russe assaisonnée de plates flagorneries, où M. le Ministre de l'Agriculture était mêlé à la Direction de l'éminent savant, collaborateur immédiat de M. Roux, était délayé de sang nouveau, le tout assaisonné de M. Cayol de l'enseignement vétérinaire; des réformes généreuses, du simili-cloître et de l'avènement prochain au doctorat vétérinaire, Jules, (il s'appelle Jules aussi), soufflant comme un phoque, suant, ruisselant, puant, leva son verre et but... il but en l'honneur de M. le Ministre présent, il but en l'honneur de M. Roux; il but en l'honneur de M. Leclainche, il but en l'honneur de M. Cayol et de sa haute distinction; il rebut à l'union féconde des Services sanitaires et scientifiques et de la Répression des fraudes... il buvait toujours... et l'homme à la belle barbe limoneuse... boirait encore, si ses deux voisins immédiats, attelés aux basques de son habit, n'étaient arrivés, à force de poigne et d'énergie, à le faire s'écrouler sur son siège.
Afin de renseigner très exactement mes lecteurs et La Semaine Vétérinaire, sur le cynisme auquel pouvait atteindre ce triste individu, qui espionne ses collaborateurs immédiats et fait surveiller ses confrères sanitaires comme des assassins, pendant des journées entières, par un agent de la police mobile, je fus consulter Mme de Thèbes qui me confia:
"Par le temps qui court, tout est possible, ce docteur en médecine, raté, candidat marron au Sénat, capable de tout, si les cochons hollandais ne lui flanquent pas "la peste porcine" peut aller loin "dans l'ignominie".

                                                                                                                 Eug. Eloire.

Les Annales de la Santé, revue illustrée, 15 mars 1912.

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