jeudi 10 septembre 2015

Fêtes données à Orléans à l'occasion de l'inauguration des fontaines publiques.

Fêtes données à Orléans à l'occasion de l'inauguration des fontaines publiques.



Le Monde illustré a tenu à honneur de se faire représenter à cette fête d'un caractère national qui réunissait dans un même sentiment d'actions de grâces deux dates, dont l'une est célèbre et glorifiée depuis des siècles, et dont l'autre est la réalisation d'une ère nouvelle pour cette ville d'Orléans, cité de lumière et de progrès, boulevard du patriotisme et de l'honneur national.
Les journaux de la localité ont retracé heure par heure les différents détails de ces fêtes splendides qui n'ont point d'analogue dans nos villes de France, parce que l'histoire ne compte pas de date plus glorieuse, plus nationale, plus pure, à laquelle on s'associe avec plus d'enthousiasme, que cette date immortelle du 12 octobre 1428, où Jeanne d'Arc, la fille inspirée, vient rendre la vie aux combattants assiégés et sauver la ville.
Ajoutez à ce souvenir le nouveau bienfait que les habitants d'Orléans doivent à leur municipalité: la distribution des eaux, qui apportent avec elles la santé, la fraîcheur; ces eaux, qu'on est allé courageusement puiser dans les courants souterrains du Val; ces eaux "que la nature a pris soin de filtrer et qui, salubres comme celles de la Loire, seront du moins toujours limpides et toujours fraîches", suivant les excellentes paroles de M. Vignat, le maire d'Orléans, auquel on doit la bonne initiative de ce progrès. Ajoutez encore ces décorations, ces arcs de triomphe, ces étendards, ces pompes de l'église, ces prélats entourés de leurs diocèses, ces ferveurs, ces actions de grâce, ces hossana, ces prières, ces accents de reconnaissance, et, par dessus tout, cette satisfaction d'honnêtes gens heureux, riches de leur travail, en paix avec eux-mêmes, populations bénies, éclairées, courageuses et intelligentes, et vous vous ferez difficilement encore une idée du spectacle auquel nous avons assisté pendant deux jours.
La ville d'Orléans que nous n'avions pas revu depuis bien longtemps, a réalisé de sérieux progrès; nous avons voulu nous rendre compte des innovations heureuses, des efforts tentés dans toutes les branches; partout nous avons constaté le progrès.
Les rues s'assainissent, et les nouvelles fontaines, dont l'inauguration a donné lieu à ces fêtes, apporteront autant d'agrément que de salubrité.
La ville vient de faire l'acquisition de l'ancienne maison de Diane de Poitiers, un véritable joyau d'architecture, pour y établir un musée d'antiquités. Nous y avons déjà trouvé installé un cheval antique, en bronze, et des étendards romains trouvés dans les plaine de la Sologne, disposés avec un goût parfait par les soins intelligents du maire d'Orléans dont les goûts artistiques étaient un guide sûr dans cette occasion.
Le moment que nous avons choisi pour reproduire la fête est celui de la bénédiction des eaux par Mgr Dupanloup, assisté de Mgr l'évêque de Suriat.



Le préfet avait prêté gracieusement son aide aux autorités municipales, avec toutes les notabilités du département, de sorte que tout a concouru à faire de cette solennité une des plus remarquables que nous ayons vues en ce genre. 
Nous remercions publiquement M. Jutteau, un architecte distingué, qui a bien voulu donner l'hospitalité au Monde illustré en notre personne.

                                                                                                             Charles Yriarte.

Le Monde illustré, 21 mai 1864.

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