mardi 4 août 2015

Quel âge doivent avoir des époux assortis?

Quel âge doivent avoir des époux assortis?

Les ingénus de l'un ou l'autre sexe qui souhaitent de s'engager dans les nœuds du mariage consulteront avec profit les travaux de M. Chalmers Mitchell, professeur à l'University college de Londres. M. Chalmers Mitchell ne leur dira point s'il faut ou non se marier; si l'on doit attacher plus de prix, dans le choix d'un conjoint, à la beauté, au mérite, à la vertu ou à la dot, car ce sont là des questions si ardues que depuis six mille ans que l'on se marie (d'après les chronologies les plus circonspectes), elles sont encore discutées.
Mais M. Chalmers Mitchell leur dira, et c'est déjà quelque chose, l'âge de la personne qui peut faire leur bonheur. On serait tenté de croire que le conseil varie suivant l'âge du consultant, l'état de sa santé, ses ressources, ses goûts, la manière dont il conçoit la vie. Point. Le professeur n'a qu'une formule, une seule, qui s'applique à toutes les circonstances et résout également toutes les difficultés.
Cette formule a le grand avantage d'être mathématique: elle ramène le mariage à une règle de trois.
Soit x, l'âge de l'homme. Divisez x par 2, ajoutez 7, vous obtenez y, l'âge de la bien-aimée.
x:2 + 7 = y
Avez-vous 26 ans? 26:2 + 7 = 20; épousez une femme de 20 ans.
Avez-vous trente quatre ans? 34:2 + 7 = 24; unissez votre sort à une femme de vingt-quatre ans.
Etes-vous quadragénaire, sexagénaire, centenaire. Prenez, selon le cas, épouse de vingt-sept, de trente sept ou de cinquante sept ans.
Quand c'est la femme qui consulte, la même formule est encore applicable; il suffit de la retourner. De y ôtez 7, multipliez par 2, vous déterminez x, âge de l'heureux élu (y-7) x 2 = x. 
La jeune fille a-t-elle dix-huit ans? (18-7) x 2 = 22; qu'elle épouse un adolescent.
Trentenaire? (30-7) x 2 , elle doit prendre un mari de quarante-six ans; cinquantenaire? (50-7) x 2, elle fera bien de borner ses désirs à un époux de quatre-vingt six ans.
M. Chalmers Mitchell s'étend avec complaisance sur la sagacité de cette admirable formule qui satisfait, dit-il, à toutes les exigences, s'accorde à toutes les coutumes et convient à tous les climats.
En Andalousie, en Sicile, il est d'usage de marier les filles très jeunes (16-7) x 2 = 18; la formule indique qu'une enfant de seize ans épousera un garçon de dix-huit, et c'est l'âge, en effet, où convolent les ardents Siciliens et les vifs Andalous. Il semble toutefois que l'ingénieux professeur n'ait pas pensé à l'Orient (12-7) x 2 = 10. On marie bien, en Turquie ou en Perse, des jeunes filles de douze ans, mais non à des hommes de dix ans.

Mon Dimanche, Revue populaire illustrée, 5 mars 1905.

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