jeudi 19 mars 2015

Le tir continu à la baïonnette.

Le tir continu à la baïonnette.

La théorie très curieuse et très nouvelle du commandant Buisson s'applique surtout au soldat français, au soldat d'assaut. L'attaque à la baïonnette, à la charge a, selon lui, l'inconvénient de soumettre au feu, sans défense, l'assaillant qui court à l'ennemi, d'en faire une cible vivante, sans riposte et sans protection, pendant le trajet, la course de trois ou quatre cents mètres qu'il faut franchir au pas de charge ou au pas de gymnastique, en croisant la baïonnette, pour enlever finalement une position.
Le système proposé pour remédier à ce grave inconvénient est l'organisation du tir en courant, qui protégerait l'assaillant sans le ralentir, ou tout au moins assurerait son moral en relevant sa confiance. Mais, pour ce cas spécial, le tir réglementaire, où le soldat épaule son arme avec les deux mains, ne peut se concilier avec le mouvement de la course. Aussi le tir en courant, n'a-t-il aucun rapport avec l'autre.
Selon ce système nouveau, la bretelle du fusil devient l'appui principal de l'arme en action. 


En effet, les points d'attachement de la bretelle, en haut et en bas du fusil, tournent de telle façon, qu'ordinairement placée sous le fusil, comme on le sait, la bretelle vient, au contraire, se placer au-dessus. L'homme alors jette cette courroie, vers son milieu sur l'épaule droite, et le fusil se trouve ainsi suspendu, faisant angle avec le corps, le canon horizontal et dirigé en avant, la crosse appuyée au flanc droit de l'homme un peu au-dessus de la hanche. 


La main gauche demeure libre pour assurer l'équilibre de la course: elle n'intervient que pour charger, en prenant les cartouches sur la poitrine de l'homme et en les portant au fusil sans le déplacer.

                                                                                                                                   C. G.

La France Illustrée, 5 mars 1892.

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