lundi 16 mars 2015

La porte noire à Besançon.

La porte noire à Besançon.

Ce monument qui, avant d'avoir été noirci par le temps, était connu sous le nom de porte de Mars, est un arc de triomphe romain d'un style dégénéré.
Sous quel empereur a-t-il été élevé? Les savants ne sont point d'accord sur cette question: ils se sont partagés entre Aurélien, Julien, Virginius Rufus, Crispus et Marc-Aurèle. Au moyen âge, il avait été rétréci par des constructions dans lesquelles on avait incrusté les figures des quatre Évangélistes: sa partie supérieure était surmonté d'un bâtiment qui servait de grenier à blé aux chanoines de Saint-Jean, et de logement aux élèves du chapitre.
C'est seulement en 1820 que l'on a débarrassé le monument antique de ces masures. Voici une description de l'arc empruntées aux Recherches archéologiques sur les monuments de Besançon, par M. Delacroix, et la description historique de ces mêmes monuments, par M. Alexandre Guénard.
L'arc de triomphe se compose d'une seule arcade de 5,60 m de longueur, haute d'environ 10 mètres, et ouverte du sud-est au nord-ouest. Les flancs sont engagés, l'un dans une partie peu importante du palais archiépiscopal, l'autre dans une maison particulière.
Le soubassement est à moitié enseveli par suite des exhaussements du sol.


Chaque façade est ornée de huit colonnes formant deux étages. Chaque colonne est entièrement couverte, les unes de rinceaux, les autres de figures représentant des jeux et des fêtes.
L'archivolte n'est qu'un long enroulement de dieux marins. Cette partie, fort bien traitée, semble appartenir au même ciseau que les sculptures de la colonne Trajane.
Les Renommées portent d'une main des palmes, de l'autre des guirlandes suspendues à la console de l'arc. Ces figures sont élégantes. Leurs extrémités ont beaucoup de finesse.
Entre les deux colonnes de l'étage inférieur sont des images de dieux groupés avec une rare magnificence.
Une partie, récemment découverte et moins endommagé que les autres, présente un piédestal dont le dé est orné d'un bas-relief où l'on voit une Ville assise. Sur le piédestal est une Hébé avec un aigle. Les draperies de la déesse, soulevées par le vent, se développent au-dessus de sa tête, de manière à cacher et en même temps à décorer la partie inférieure d'une espèce de corne d'abondance placée debout, et qui sert de console pour porter un dieu d'un ordre plus important, peut être un Jupiter. Cette dernière figure est encore noyée dans la maçonnerie de la maison voisine; mais l'explication est donnée par le groupe du revers de la même pile. Celui-ci est entièrement découvert, mais il est usé. Le piédestal a été brisé. La déesse qui fait pendant à l'Hébé est entièrement drapée; les attributs sont effacés. La console placée au-dessus de la tête porte un dieu dans une attitude pleine de mouvement, et couvert d'une large coquille disposée comme un dessus de niche.
Les groupes de l'autre pile sont ou détruits ou encore noyé dans la maçonnerie du palais archiépiscopal.
Entre les colonnes de l'étage supérieur on voit, au-dessus de chacun des dieux, un Hercule colossal appuyé d'une main sur une lance, tandis que l'autre main, posée sur la hanche, tient une massue et une étoffe froissée.
Les six bas-reliefs, placés sous l'arcade représentent:
A gauche, en regardant la ville:
Bas-relief supérieur. Un soldat bat en retraite en se défendant vigoureusement; il porte un casque romain et un bouclier dont la forme est un hexagone allongé. Les jambes sont nues. Celles du groupe ennemi, dont tout le reste est effacé, sont vêtus de pantalons. Au pied du soldat, qui paraît être un légionnaire, est un blessé vêtu comme les peuples barbares du nord de l'Europe.
Bas-relief du milieu. Sous la porte d'une ville un soldat armé d'une lance se retourne comme pour défier l'ennemi. Que ses cheveux soient chassés par le vent, ou liés derrière la tête, la coiffure rappelle un peu celle des femmes.
En dedans des murs, on voit un homme enveloppé d'un manteau et dont l'attitude semble respirer une extrême confiance.
Bas-relief inférieur. Au centre un personnage entièrement drapé, à l'exception des jambes, porte sur la tête une couronne, ou les attributs d'une ville; cet ornement, fort effacé, est d'un diamètre égal à peu près au tiers de la tête. Le personnage, vu de face, est debout, les bras pendants. A sa droite est un groupe dont on voit encore un homme également debout, nu, les mains derrière le dos. La figure du milieu semble intercéder pour les captifs auprès d'une personne qui devait occuper la gauche du bas-relief.
A droite en regardant la ville:
Bas-relief supérieur. Il représente un combat de fantassins. Un des groupes est plus élevé que l'autre, dont le seul personnage conservé, qui est tout à fait sur le premier plan, et vu de dos, a les jambes entièrement cachées par le cadre. Ce guerrier est nu, à l'exception des épaules, qui sont légèrement drapées. Il a un bouclier ovale.
Bas-relief du milieu. On y reconnaît un combat de cavalerie.
Bas-relief inférieur. Chaque angle de ce bas-relief est occupé par un captif assis les mains dans le dos, et gardé par un légionnaire debout, vêtu d'une cotte d'armes. Le captif de droite, presque couché à terre, pourrait être une femme; l'autre est un homme aux formes athlétiques. Le milieu du tableau manque.
Chacun de ces bas-reliefs est séparé des autres par un bandeau évidé, orné intérieurement d'armures. On y voit des boucliers hexagones, ronds et ovales assez bien conservés. Au centre d'un bandeau sont même des boucliers sacrés, des haches, des glaives, des cottes d'armes. Sur d'autres frises on voit encore des boucliers et d'autres attributs guerriers.

Magasin pittoresque, mai 1849.

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