dimanche 22 mars 2015

Chronique du Journal du Dimanche.

Chronique.

Au théâtre, il y a autant de drames inconnus qu'on en voit de représentés sur la scène; la vie des acteurs est féconde en événements, en situations brûlantes. Dernièrement, une jeune artiste qui débutait sur un de nos grands théâtres apprit, à l'instant où le rideau allait se lever, que son père était dans la salle. Or, ce père l'avait abandonnée lorsqu'elle venait de naître; il avait fait un second mariage et une brillante fortune; mais l'actrice savait que, malgré l'oubli dans lequel son père l'avait laissée, il réprouvait hautement la carrière qu'elle avait choisie, et compter interposer son autorité pour l'en retirer. Il lui fallait donc à son début, au milieu des émotions d'une telle soirée, entrer en scène sous le feu de l'indignation paternelle. Eh bien! l'amour de l'art a tout vaincu, et la jeune actrice, trouvant une énergie égale aux difficultés du moment, a remporté l'un des plus brillants succès qui puissent accueillir une débutante. L'enthousiasme a été puissant pour gagner même le père de l'actrice; et nous apprenons qu'il consent aujourd'hui à lui donner place dans son cœur et dans ses biens.

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Dans la nuit d'avant-hier, un incendie s'est allumé dans le quartier Saint-Lazare de la manière la plus insupportable. Il paraît que le domestique d'une dame qui habite le deuxième étage de la maison, s'est avisé de devenir amoureux de sa maîtresse. Il gardait depuis longtemps son secret pour lui, et avait grandement raison. Mais, avant-hier, l'ivresse l'avait enhardi, il se rendit près de cette dame qu'il savait seule, et lui fit une déclaration. Repoussé avec mépris, il courut s'enfermer dans sa chambre, et alluma des fourneaux pour s'asphyxier; mais bientôt le feu s'étant communiqué aux meubles de la chambre, tout le deuxième étage fut en flamme. On est parvenu cependant à s'en rendre maître à temps, et même à enlever le malencontreux amoureux, qui, non content de faire une déclaration saugrenue à sa maîtresse, voulait encore la faire brûler.
Du reste les suicides par asphyxie ne sont pas heureux ces jours-ci: un jeune artilleur, demeurant à Vaugirard, avait aussi fait choix de ce moyen pour passer dans l'autre monde. Il avait donc parfaitement calfeutré sa petite chambre, mais en oubliant un œil de bœuf qui, au dessus de son lit, donnait un fort courant d'air. Les fourneaux ayant été bien allumés, lorsque ses yeux se fermèrent, il crut que la mort venait et que tout était fini. Aussi, quel ne fut pas son étonnement au matin, quand il se trouva simplement éveillé d'un bon sommeil... et sans doute guéri de chercher celui qui ne finit jamais.

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- A quoi tient la vie? Une barque à voile, montée par quelques hommes et deux dames, se promenait par une délicieuse soirée en vue de la côte du Roucas-Blanc. Tandis qu'on admirait le spectacle de la mer, en respirant sa fraîche brise, une fausse manœuvre ayant désorienté la voile, quelqu'un eut la fatale pensée de monter au mat pour la rétablir. La frêle embarcation ne pouvant supporter ce déplacement d'équilibre, sombra aussitôt. Les hommes se débattaient dans les flots, trop étourdis du coup pour avoir d'autre pensée que celle de regagner le rivage; les deux dames allaient périr, mais, soutenues par l'immense globe de leurs jupes, elles purent en quelque sorte renouveler le miracle de marcher sur l'eau, ou du moins attendre patiemment que deux canots qui s'étaient élancés du rivage au secours des naufragés vinssent les prendre et les ramener à bon port.

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Pendant la dernière session des assises de Carpentras, un prévenu, défendu d'office par Me X... , a adroitement escamoté le mouchoir de cet avocat, pendant que celui-ci cherchait dans un plaidoyer éloquent et chaleureux à attendrir l'auditoire et les juges en demandant le bénéfice des circonstances atténuantes en faveur de son client, lequel, pourtant, avouait le crime de vol  dont il était accusé. Il faut avouer que l'avocat était bien bon et le voleur bien intraitable.

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L'estafette, l'un des organes les plus estimés de la presse parisienne, publie en ce moment un ouvrage sur Nénah Sahib et l'insurrection des Indes. Ce livre, du plus haut intérêt, est de madame Clément Robert.

                                                                                                                        Paul de Couder.

Journal du Dimanche, 29 novembre 1857.

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