mardi 31 mars 2015

Aiguières ou aquamanilles.

Aiguières ou aquamanilles.

Parmi les ustensiles de fonte que nous a laissé l'art allemand du moyen âge, les plus curieux et les plus originaux peut-être sont les vases à eau destinés au lavement des mains avant et après le repas et désignés communément sous le nom d'aiguières ou aquamanilles.



Presque tous ces vases affectaient la forme d'animaux réels ou chimériques. 



On retrouve un peu partout, du reste, à cette époque, des objets usuels fabriqués en façon d'animaux, et nous en avons fréquemment donné des exemples (notamment des chandeliers).



Ce goût s'étendait même aux objets destinés au service des autels. Dans l'inventaire du mobilier dont Théodoricus, abbé du célèbre monastère de Saint-Tron, près de Liège, avait enrichi son église, on voit figurer une colombe de bronze servant d'aiguières et destiné au lavement des mains de l'officiant.



L'usage de ces aquamanilles était général; nulle part on ne se mettait à table sans se laver les mains, ou tout au moins l'extrémité des doigts, avec de l'eau aromatisée et surtout de l'eau de rose ou eau rose si appréciée de nos ancêtres; l'annonce des repas, faite chez les princes et les grands seigneurs au son du cor, avait même reçu un nom particulier qui témoigne de la généralité de cette habitude: on l'appelait corner l'eau.



Tous ces vases de bronze étaient habituellement fondus avec beaucoup de soins et souvent retouchés au burin avec art. La plupart ne manquent pas de style et d'un certain caractère décoratif. 


Quelques aiguières présentaient à la partie antérieure une sorte de biberon à robinet; mais le plus ordinairement l'eau, qu'on introduisait au moyen d'un petit couvercle à charnière dissimulé au-dessus de la tête, s'écoulait par le conduit que l'animal tenait dans sa bouche. Ces sortes d'ustensiles étaient fabriqués principalement aux environs d'Augsbourg et à Nuremberg.

Les aiguières représentées ici sont du treizième et quatorzième siècle. (collection de M. Pickert)
Dessins d'Edouard Garnier.

Magasin pittoresque, septembre 1877.

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