mercredi 25 février 2015

Différents usages du laurier .

Différents usages du laurier
                 chez les anciens.


L'arbre que nous appelons laurier, appelé par les latins Laurus, et par les Grecs Daphné, est un de ceux qui furent le plus à l'honneur chez les anciens. Ils l'avaient choisi pour la récompense du mérite et de la vertu, dont il était comme le symbole.
Dans leurs cérémonies religieuses, ses feuilles étaient regardées comme un instrument de divination. Si, jetées au feu, elles faisaient beaucoup de bruit, c'était un bon présage; si elles en faisait peu, c'était un signe funeste. Voulait-on avoir des songes vrais, il suffisait de mettre quelques-unes de ses feuilles sous le chevet de son lit; voulait-on donner des protecteurs à sa maison, on plantait des lauriers devant la porte ou aux environs.
Les anciens croyaient aussi que la décoction des feuilles de cet arbre était un spécifique excellent pour éloigner des prés et des champs les mouches si redoutées des bœufs pendant l'été. Ils en faisaient aussi des remèdes excellents. De là, selon toute apparence, la coutume d'orner de couronnes de laurier les statues d'Esculape. Son suc préparé passait pour un contre-poison salutaire, et on l'estimait très-propre à guérir de l'épilepsie et d'une foule d'autres maux. 
Juvénal nous apprend que, lorsqu'il arrivait quelque heureux événement, on ornait de laurier les portes des maisons en signe d'allégresse. Il était particulièrement consacré à Apollon, par suite de la croyance où l'on était qu'il communiquait le don de prophétie et l'enthousiasme poétique. Pausanias dit qu'un des prêtres de ce dieu portait le nom du laurier dont il était toujours couronné. Une couronne de laurier était décernée à tous ceux qui remportaient le prix aux jeux Pythiens; de même aux poëtes et aux grands orateurs. Pline dit de Cicéron qu'il avait mérité un plus noble laurier par son génie et son éloquence, que les généraux par leurs conquêtes.
Les faisceaux de tous les magistrats de Rome, des dictateurs, des consuls, des prêteurs, des censeurs, etc. , étaient couronnés de laurier. Il y a cependant lieu de croire que cette prérogative n'était accordée qu'à ceux qui s'en étaient rendus dignes par des exploits. Plutarque, parlant de l'entrevue de Luculus et de Pompée, dit qu'on portait devant tous les deux des faisceaux couronnés de laurier en considération de leur victoire. Virgile fait remonter jusqu'à Enée l'usage de ceindre  de laurier le front des vainqueurs. Les Romains adoptèrent de bonne heure cette marque de distinction: mais c'était dans la cérémonie des triomphes qu'ils en faisaient le plus noble usage. Dans cette cérémonie, les généraux le portait non-seulement autour de la tête, mais encore dans la main, comme on le voit dans les médailles. Quelquefois même une figure, représentant la Victoire, posait sur cette tête une seconde couronne. Celle-ci cependant n'avait, selon quelques-uns, que la forme du laurier; la matière en était d'or, et le triomphateur la consacrait le plus souvent à Jupiter Capitolin.
Les messagers, chargés de porter des nouvelles de victoires et de bons succès, ornaient de laurier la pointe de leur javeline. C'est par ce signe que la mort de Mithridate fut annoncée à Pompée. On en ornait aussi les lettres et les tablettes qui renfermaient ces sortes de nouvelles, les vaisseaux victorieux et ceux qui partaient pour quelque glorieuse expédition. Cet ornement se mettait à la poupe, parce que c'étaient là qu'étaient les dieux tutélaires du vaisseau, et que c'était à ces dieux que les matelots, menacés du naufrage, adressaient leurs prières.
Le laurier était encore un signe de paix et d'amitié. Au milieu même de la mêlée, l'ennemi le tendait à son ennemi pour marquer qu'il se rendait et qu'il demandait la vie. Enfin on en décorait ceux qui étaient morts en triomphant. Ce fut ainsi qu'Annibal en usa à l'égard de Marcellus.

Magasin pittoresque, juillet 1849.

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