vendredi 23 janvier 2015

Une officine à Rome du temps de Néron.

Une officine à Rome du temps de Néron.

Un après-midi de printemps à Rome. Nous sommes tout près de la Suburre, quartier plutôt mal famé. Elles en reviennent sans doute ces deux belles désenchantées; elles y habitent peut-être. Elles s'arrêtent devant la boutique d'une parfumeuse qui est en même temps herboriste, pharmacienne et peut-être quelque peu sorcière.
Des paquets de plantes desséchées, pariétaires et sariettes, de la vervaine cueillie vers le commencement de la canicule, de façon à n'être vu de la lune ni du soleil. Elle a, précieusement enveloppés dans du parchemin, des poils arrachés au front d'un lion, de l'écume d'un cheval vainqueur dans les courses du Cirque, des ongles de chien, de la peau de cerf, et mille autres amulettes précieuses pour se préserver des maladies et des mauvais sorts.
Mais ce n'est pas cela que veulent les belles: il leur faudrait une eau qui augmente leurs charmes et attire sur elles les yeux des hommes.
- N'en as-tu pas, bonne vieille?
- Oui, colombes de Vénus, j'en ai: une eau rare et précieuse que je gardais pour embellir ma propre fille Fortunata. Mais je vous la céderai, colombes de Vénus, et à un prix raisonnable.


Voyez le joli petit flacon qu'elle leur montre et que les deux belles filles vont payer au poids de l'or.

Les annales de la santé, 15 juin 1909.

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