mardi 13 janvier 2015

Sauve.

Sauve.
(Département du Gard)


"Sauve est bâtie en amphithéâtre sur le bord du Vidourle; de hautes maisons suspendues sur ses rives rocheuses forment un groupe pittoresque, surmonté au sommet par un antique château tout démantelé. Le plus ancien document où il soit fait mention de Sauve, est celui par lequel nous apprenons que Charles le Simple fit présent du château à l'archevêque de Narbonne, en 898, pour en employer les revenus à la restauration de l'église cathédrale et des autres églises de Narbonne, qui tombaient en ruine. 


On pense bien que, depuis cette époque si reculée, ces murailles crénelées ont plus d'une fois été détruites et relevées. Aujourd'hui elles servent de repaires aux lézards et aux hiboux.
Le territoire de la ville de Sauve est de toutes parts singulièrement soulevé; les blocs d'un calcaire dur et blanchâtre jonchent partout ce sol desséché; çà et là des groupes d'arbustes d'un vert poudreux s'emparent des anfractuosités de la roche partout où elle peut retenir un peu d'humidité et de terre végétale. 
Ces tristes arbustes sont cependant un trésor pour la ville de Sauve. Le micocoulier (Lotus arbor) , que les habitants du pays appellent fanabrègue, est un arbre rameux qui croît surtout dans les pays chauds. Il produit de petits fruits noirs, dont la chair, sèche et peu abondante, a un goût agréable qui les fait rechercher par les oiseaux et les enfants; ces derniers, qui en sont très-friands, leur donnent le nom de bilicoques.
Le principal usage auquel ses branches sont appliquées, et ce genre d'industrie paraît particulier au territoire de Sauve, est le confectionnement des fourches. Cet arbre, qu'on ne laisse atteindre ici que les dimensions d'un arbuste, se divise, à quelque distance de la racine, en trois branches. On coupe la tige ras de terre; cette tige devient un manche; un moule s'empare des trois branches supérieures, les écarte, les plie: le feu fixe pour jamais cette forme nouvelle, et la fourche est achevée. Les coutumes du pays exigent que chaque propriétaire dépose sa récolte de fourches dans un magasin très-vaste d'où on les exporte à de grandes distances." (1)

(1) Emilien Frossard, Tableaux de Nimes, etc.

Magasin pittoresque, 1877.

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