lundi 5 janvier 2015

Pontaven.

Pontaven.
  (Finistère)


Le port de Pontaven est situé à douze kilomètres au sud de Bannelec, chef-lieu de canton que l'on rencontre sur la grande route  de Nantes à Brest, à 22 kilomètres de la première de ces deux villes.
M. Grandsire a exprimé avec charme et fidélité l'impression agréable que fait naître chez ceux qui aiment la nature (et quels sont les barbares qui ne l'aiment point?) le paysage de Pontaven. Un aimable écrivain en donne aussi une juste idée en quelques lignes.
"Un ravin, dit M. Eugène Loudun, tout encombré d'énormes roches, d'arbres confusément poussés, aunes, peupliers, saules, et, parmi ces arbres et ces rochers, une petite rivière rapide, tournant autour des rochers, noire ou claire, selon qu'elle reflète des arbres ou la couleur du ciel, voilà le fond du tableau. Sur les deux versants s'étagent les maisons de la ville, et presque autant de moulins que de maisons s'éparpillent sur les bords, assis sur les rochers ou à demi cachés dans les arbres.
"Le proverbe dit:

Pontaven, ville de renom,
Quatorze moulins, quinze maisons.

"Tout est riant et frais en cette jolie vallée; au tic tac régulier des grandes roues se mêle le mouvement de l'eau, le frôlement des herbes et des feuilles; la voix forte de la nature, qui ne se tait jamais, adoucit le bruit dur du travail de l'homme.
"Un peu plus bas, la rivière s'élargit et, libre en son cours, plus profonde, salée déjà et verdâtre, va se perdre dans la grande mer."
C'est ce dernier site que représente la gravure: on y est éloigné des moulins, et l'on sent déjà le voisinage de la mer.


"Les coteaux d'alentour, dit un autre écrivain (1), sont boisés et d'un aspect singulièrement varié. La rivière qui reçoit des barques de cinquante et soixante tonneaux, est très-poissonneuse; naguère encore les meuniers se permettaient de nourrir leurs pourceaux avec de petits saumons: le voisinage du chemin de fer a fait cesser cet abus."
A un kilomètre de Pontaven, au milieu de vallons et de monticules, on voit de beaux reste du château de Rustephan, où, suivant une légende que racontent encore, non sans effroi, quelques bonnes vieilles gens du pays, apparaissaient, à minuit, un vieux prêtre, chauve et aux yeux étincellants, ou un cercueil qu'éclairent quatre cierges blancs, ou une belle jeune fille, en robe de satin vert, garnie de fleurs d'or, dont on peut entendre tout à tour les chants ou les sanglots.

(1) M. Pol de Courcy.

Magasin pittoresque, 1877.

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