lundi 8 décembre 2014

La ville de Brie-Comte-Robert.

La ville de Brie-Comte-Robert.


Sur la route de Paris à Troyes se trouve, dans le département de Seine-et-Oise et sur le territoire de l'ancienne Brie, à six lieues de distance de cette capitale, la petite ville de Brie-Comte-Robert.
Sa faible population, qui s'élève tout au plus à trois mille âmes, et son modeste commerce de draperies, de bonneterie et de plumes à écrire, la mettrait au même rang que cette foule de localités que l’œil de nos lecteurs distingue à peine sur la carte de France, si elle n'attirait les regards par quelques restes de construction du moyen-âge et par des souvenirs historiques qui sont loin d'être sans intérêt.
La ville doit son nom à la famille des Robert, comtes de Dreux. L'un d'eux, frère du roi Louis VII, reçut de lui en cadeau la terre de Brie, et le fils de ce dernier y bâtit un château auquel il donna son nom.
S'il faut en croire quelques historiens, Brie-Comte-Robert fut à cette époque témoin d'une terrible exécution. La mère du dernier comte, dont nous venons de parler, Agnès, comtesse de Braine, livra, en l'année 1192, pour une somme considérable, aux juifs du lieu qu'elle habitait, un chrétien accusé par eux de vol et d'homicide sur un de leurs coreligionnaires. Ce malheureux fut soumis à tous les tourmens signalés dans la passion de Jésus-Christ. Quand le roi Philippe-Auguste apprit ce supplice, il se transporta immédiatement à Brie-Comte-Robert, fit saisir tous les juifs de l'endroit, prit parmi eux près de cent des plus coupables, et les fit brûler vifs. La comtesse Agnès fut condamnée à la prison pour le reste de ses jours. Il paraît que le fait de l'exécution des juifs est plus certain que le crime qu'on leur imputait. On prétend aussi que l'événement eu lieu non à Brie, mais à Braie-sur-Seine.
Pendant le XIVe siècle et le suivant, l'église paroissiale de Brie-Comte-Robert fut desservie à la fois par deux curés. Il y avait le curé à dextre et le curé à senestre.
A l'époque où fut bâti le château, et dans le siècle suivant, les guerres que se livraient les grandes maisons seigneuriales de France étaient une source de calamités et de vexations de toute espèce pour les pauvres bourgeois et le peuple, surtout dans les environs des lieux fortifiés que se disputaient et s'enlevaient tour à tour les partis opposés. Ainsi le château de Brie-Comte-Robert fût-il un fléau pour la ville où dominèrent successivement les maisons de Dreux, de Bretagne, de France, d'Evreux. A une certaine époque, les seigneurs de cette résidence rendaient foi et hommage à l'évêque de Paris.
Quand le roi Charles-le-Bel épousa Jeanne d'Evreux, celle-ci lui apporta en dot la terre de Brie-Comte-Robert. Il fallait que cette princesse rendit hommage à l'évêque de Paris. Comme sa fierté répugnait à s'humilier devant le prélat, elle envoya en son lieu et place à la maison épiscopale un seigneur de sa suite, mais l'évêque se refusa à cette substitution et demanda que la reine en personne lui rende ses devoirs de vassale. Il fallut de longs pourparlers avant de réussir à vaincre sa ténacité.
Ce fut dans ce château que le roi Philippe de Valois épousa à cinquante-six ans Blanche de Navarre qui en avait à peine dix-huit. Blanche était destinée au fils du roi, mais ce monarque, s'était épris d'un amour irrésistible, et il fit la folie de se marier. Un an après Philippe était au tombeau.
Le protestantisme ayant fait quelques prosélytes à Brie-Comte-Robert, vers le milieu du XVIe siècle, cette résidence fut du petit nombre de celles où l'exercice de la religion nouvelle fut permis, mais cette permission fut retirée deux ans après. Antoine Carraccioli, évêque de Troyes, pendant le séjour qu'il fit à cette époque au château de Brie-Comte-Robert, adhéra à la réforme.
Cette cité paya son tribut aux troubles de la Fronde. Prise d'assaut par les troupes du roi, elle fut pillée et ses habitans livrés au carnage.
Au commencement de la révolution, le baron de Bezenval fut détenu au château de Brie-Comte-Robert. Lorsque que courut en France ce bruit, semé, dit-on, à dessein par Mirabeau, de l'arrivée prochaine de troupes de brigands, qui fit prendre les armes aux habitans de toutes les communes et commença l'organisation des gardes nationales, les habitans de Brie-Comte-Robert placèrent de l'artillerie dans la cour du château et montèrent la garde sur ses tours gothiques.


Une enceinte carrée dont les angles sont flanquées de tours rondes, et que protègent en outre des tours élevées sur le milieu de trois des côtés, voilà en quoi consiste le château de Brie-Comte-Robert. Celle qu'on appelle spécialement la tour de Brie est située sur le côté qui regarde le nord. Elle est d'une forme carrée, haute de cent pieds, et dans un bon état de conservation. Cette tour sert de fortification à une des portes du château.

Magasin universel, février 1835.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire