mardi 28 octobre 2014

Les nouveaux autobus Parisiens.

Les nouveaux autobus Parisiens.

Les transports en commun, à Paris, sont aujourd'hui en voie d'évolution rapide. Le mot révolution serait même plus juste. On sait, en effet, qu'en 1910 expire la concession actuelle de la Compagnie générale des omnibus; et qu'à cette époque prendra naissance un régime tout nouveau. Les tarifs seront abaissés, et la traction animale, la seule connue à Paris voici seulement trois ans, aujourd'hui encore dominante, sera rigoureusement proscrite.
Quel sera le concessionnaire de ce nouveau mode de transports? Il est impossible de le prévoir. Les futurs concurrents se livrent à de nombreux essais, ils perfectionnent et expérimentent différents modèles qui seront soumis d'ici peu à l'épreuve d'un concours. La Compagnie générale des omnibus est évidemment fort bien placée pour préparer dès maintenant un matériel d'omnibus automobiles.
Depuis trois ans déjà, elle exploite un nombre chaque jour croissant d'autobus; d'un modèle il est vrai, lourd, disgracieux, coûteux et déjà condamné. Mais la Compagnie, à leur maniement, a acquis du matériel automobile une expérience précieuse qui doit lui permettre d'élaborer des types donnant au public toute garantie de sécurité, de rapidité et de confort.
Nous voyons, en effet, depuis quelques jours en circulation des voitures toutes nouvelles: c'est d'abord la voiture à caisse anglaise; d'une carrosserie plus élégante que les anciens autobus, elle est caractérisée par son impériale où les bancs sont placés dans le sens de la largeur de la voiture, et non plus dans la longueur. Pour les voyageurs curieux des paysages parisiens, cette disposition est à coup sûr plus agréable. 


L'impériale est découverte; la voiture y gagne un peu de légèreté et de stabilité par l'abaissement de son centre de gravité; mais, les jours de pluie, les voyageurs de ressources modestes maudiront la Compagnie.
Quant au châssis, c'est le châssis des autobus actuels, avec son moteur à alcool carburé.
La Compagnie des omnibus expérimente également une voiture d'un type tout différent, établie sur les plans de la voiture pétroléo-électrique G. E. M. si remarquée au dernier Salon de l'automobile....



La voiture G. E. M. comporte un moteur à explosion, actionnant une dynamo productrice de courant électrique, le courant est envoyé à une batterie d'accumulateurs qui sert en quelque sorte de réservoir régularisateur, où l'on puise à volonté l'énergie électrique pour la distribuer aux moteurs actionnant les essieux. Ce dispositif offre de précieux avantages: pendant les arrêts, les contrôles, les ralentissements si fréquents dans un service de transports automobiles urbains, l'énergie superflue du moteur n'est pas perdue: elle est employée  à charger les accumulateurs, qui la restitue en pleine marche, lorsque se présente une résistance supplémentaire. Il y a là une source d'économies importantes. D'autre part, la douceur du changement de vitesse électrique sera appréciée des voyageurs secoués sans ménagement dans les autobus actuels.
Il est encore d'autres types à l'étude à la Compagnie des omnibus; notamment, nous-a-t-on dit, un type de voiture légère. Mais la question est trop peu avancée pour qu'il y ait lieu d'en parler aujourd'hui. Constatons seulement que l'on travaille activement, et que, grâce à ces efforts, nous pouvons espérer pour 1910 un matériel de transport en commun enfin digne de Paris et de notre époque.

                                                                                                               A. Troller.

La Nature, premier semestre 1908.

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