lundi 20 octobre 2014

Le brûleur.

Le brûleur.

Nos campagnes n'offrent pas de ces belles distilleries à poste fixe, où tout est fait avec soin, où des instruments perfectionnés, des employés habiles, des vins excellents, assurent une fabrication irréprochable; non, bien loin de là, nous ne possédons que le brûleur, tel est le nom modeste qui lui est attribué. 
Il va de cave en cave, traînant une petite charrette qui contient son matériel. Quatre cents francs suffisent pour le monter: un alambic, un trépied pour le supporter, un serpentin contenu dans un tonneau, un seau, un pèse-liqueur, et un litre pour mesurer, voilà tout son bagage.
Il pose son appareil comme il peut: de grosses pierres simulent le fourneau; avec de la terre il garnit les interstices et concentre le mieux possible le calorique qui s'échappe des bûches fumeuses. Les spiritueux qu'on lui donne à distiller sont généralement d'une qualité inférieure: ce sont des lies de vin, du cidre, des cerises. 250 litres produisent 15 à 20 litres d'eau-de-vie de 22 à 25 degrés. Le brûleur prend 20 centimes par litre d'alcool; il est nourri et on le fournit de bois.



Le but de la distillation est de séparer, à l'aide de la chaleur, les liquides susceptibles de se vaporiser; puis cette vapeur, en se refroidissant, revient à l'état liquide.
L'alambic (fig. 1) est l'appareil employé pour amener ce résultat. Les spiritueux destinés à être distillés sont versés dans la chaudière (fig. 2) , laquelle est recouverte avec la calotte   (fig. 3 ) , et le tuyau (fig. 4 ) est joint au serpentin (fig.5 ) ; ce dernier, posé dans un tonneau rempli d'eau froide (fig. 6 ) , est destiné à refroidir la vapeur, qui coule à l'état d'alcool dans le seau (fig. 7 ) .
Le brûleur a aussi une physionomie particulière. Il est, ordinairement, d'une nature indolente; obligé d'attendre inactif, des heures entières, l'écoulement de la liqueur, il reste assis, fumant sa pipe. Si vous le questionnez, il vous indiquera le moyen de colorer l'eau de vie avec du caramel, de la vieillir avec du sirop de capillaire, ou de l'affaiblir avec de l'eau de tilleul.
Le brûlage fini, ce qui arrive vers le moi de mai, il louera une batteuse qu'il conduira pour égrener la récolte des cultivateurs, et lorsque le soutirage des vins sera terminé, il reprendra son alambic.

Le magasin pittoresque, 1865.

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