lundi 23 juin 2014

Les comptes d'une cuisinière.

Les comptes d'une cuisinière.

Le dessin n'est pas seulement un art qui a pour but d'exprimer le beau: c'est aussi, plus modestement, comme en témoignent les divers genres d'hiéroglyphes connus, un mode d'écriture qui peut servir  à tenir lieu de mots. Une personne qui par malheur ne sait pas écrire, a quelquefois, pour se faire comprendre, la ressource de dessiner, fût-ce grossièrement, mais assez intelligemment, certains objets.
Un de nos abonnés nous en communique l'exemple suivant. Il avait à son service une cuisinière qui, au commencement, dans ses comptes écrits de chaque soir, estropiait les mots d'une manière si ridicule, qu'on y comprenait rien et qu'on ne pouvait s'empêcher d'en rire: elle eut honte et, renonçant à son écriture inintelligible, s'essaya à figurer les objets mêmes qu'elle achetait; elle y réussit réellement assez bien. Nous reproduisons quelques traits copiés sur son livre:



On nous cite encore un tailleur qui désignait ses pratiques par les insignes de leur profession: un sabre, une plume, une toque, etc.
Ajoutons que, sût-on parfaitement écrire, on trouve souvent un avantage réel à faire usage du dessin au lieu de l'écriture. Il y a peu d'années, lors d'une exposition agricole à Versailles, nous avons vu un jeune fermier prendre des croquis de divers instruments de travail perfectionnés; assurément ses dessins, lorsqu'il les a montré à la ferme et au village, ont dû y être beaucoup plus facilement et plus promptement compris qu'il ne l'eussent été au moyen d'une longue description parlée ou écrite. Concluons de ces faits qu'il est très-désirable que l'on enseigne le dessin dans toutes les écoles et à tous les degrés de l'enseignement.

Magasin pittoresque, 1877.

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