jeudi 12 juin 2014

Le photo-gibus.

Le photo-gibus.


Tout récemment, notre confrère Cerfbeer, à propos des progrès réalisés dans la photographie, parlait des appareils instantanés; il en citait quelques uns au moyen desquels on obtient des résultats merveilleux; c'est ainsi que l'on peut, non seulement photographier le cheval au galop, mais encore l'oiseau dans son vol, un train dans sa marche rapide, et même, cela tient du prodige, un obus dans la trajectoire qu'il décrit avec une vitesse de plus de cinq cent mètres à la seconde.
Les Américains et les Anglais, qui s'occupent beaucoup de photographies, qui ont de nombreux "clubs" d'amateurs, ont inventé, pour la photographie instantanée, une foule d'appareils qui ont tous des qualités réelles, mais possèdent deux grands défauts: d'abord, leur prix élevé et ensuite, leurs dimensions embarrassantes. Il est, certes, fort agréable de pouvoir, immédiatement, prendre une vue qui vous séduit, de charmer les longues heures d'un voyage en chemin de fer en photographiant, pendant la marche du train, les paysages que l'on traverse; mais aussi, quel ennui de transporter toujours une boîte lourde encombrante, qu'il faut plusieurs minutes pour installer, juste assez de temps pour que le paysage ait disparu depuis longtemps lorsque l'amateur est prêt à "opérer" et quelle déception!
Eh bien, l'appareil quasi parfait, qui joint à toutes les qualités d’instantanéité celles non moins appréciables d'un petit volume et d'un poids léger existe, et, cette fois, ce n'est ni en Amérique, ni en Angleterre qu'il est construit; c'est en France, et par des fabricants français.
MM. Dehors et Deslandres ont imaginé une chambre à soufflet que je ne puis mieux comparer qu'à nos chapeaux de soirée, ces chapeaux claques connus sous le nom de gibus; et c'est justement en raison de cette ressemblance, qu'ils ont nommé leur appareil photo-gibus. Fermé, il peut se glisser dans la poche; veut-on opérer, on l'ouvre, ainsi qu'on ferait d'un gibus et comme on le tient à la main, en quelques secondes, on a une épreuve 9 x 12 excellente. J'en ai quelques unes sous les yeux, obtenues de la sorte, qui sont véritablement très belles.
Je suis d'autant plus heureux de signaler cet appareil aux amateurs photographes de la Petite Revue, qu'il est d'invention française, fabriqué par des Français et que nous pourrons nous procurer le photo-gibus sans être tributaires de l'Amérique ou de l'Angleterre.

                                                                                                                 G. B.

La Petite Revue, premier semestre 1889.

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