lundi 9 juin 2014

L'achèvement du Sacré-Cœur.

L'achèvement du Sacré-Cœur.

Tout arrive! On a terminé l'Opéra-Comique, on s'est décidé à commencer le métropolitain et voici qu'on annonce l'achèvement du monument colossal qui dominera toute la vallée de la Seine, l'église du Sacré-Cœur de Montmartre.
C'est en 1873 que l'oeuvre du Vœu national s'adressait à l'Assemblée nationale pour lui demander la concession du terrain sur lequel serait édifiée la nouvelle église consacrée au Sacré-Cœur. La butte Montmartre n'était pas à cette époque envahie par les habitations modernes qui viennent chaque jour envahir ses flancs escarpés. Il y avait là des guinguettes fleuries, des petites maisons d'aspect rustique et des sentiers de chèvres qui conduisaient à des massifs de verdure dont il ne reste plus, hélas! que de maigres vestiges.
Le Comité du Vœu national, dès qu'il fut en possession du décret de concession, se mit à l'oeuvre avec l'appui de tout le haut clergé français.
On fit appel à la France catholique et cet appel fut aussitôt entendu. On s'adressait à toutes les bourses et aux bienfaiteurs généreux, on offrait la satisfaction de faire don d'une pierre du monument et qui porterait leur nom. Depuis vingt-cinq ans la souscription pour le Sacré-Cœur est restée ouverte et elle a produit plus de trente millions.
Les plans de l'église furent dressés par M. Abadie, architecte, et au mois d'octobre 1875, un contremaître terrassier, qui depuis n'a pas quitté les travaux, donnait dans la butte le premier coup de pioche.



En 1879, on vit surgir du sol les premiers piliers de la crypte du monument solidement arcboutés sur le sous-sol. 



Puis les constructions furent au raz de terre et on dut commencer ces échafaudages dont l'enchevêtrement sans cesse complété n'a pas cessé depuis d'amuser l’œil des Parisiens.



Tout cela très silencieusement, car on n'employait pas le fer dans ce monument, rival heureux de la Tour Eiffel qui devait plus tard dresser sur l'autre rive de la Seine son audacieuse silhouette. C'était encore l'âge de pierre.



L'oeuvre prenait corps, et on put en 1890 dans le cœur encore à ciel ouvert, célébrer une cérémonie religieuse devant un autel provisoire dont la simplicité étonnait dans ce cadre déjà gigantesque. 



En mai 1898, on posait solennellement devant le cardinal Richard la clé de voûte du grand dôme intérieur. Il ne restait plus qu'à terminer ce dôme et c'est l'oeuvre qui vient d'être achevé et qui sera définitivement consacrée par la cérémonie de la bénédiction de la croix qui termine le clocheton principal.




Entre temps, nous avions vu la Savoyarde, l'énorme cloche de bronze dont tous les parisiens connaissent la voix profonde, gravir péniblement le butte Montmartre.



Le 15 octobre, la Savoyarde sonnera à toute volée pour annoncer que le gros-oeuvre du Sacré-Cœur est terminé, et nous verrons se profiler sur le ciel la croix bénie qui dira à la foule que l'oeuvre de foi, conçue il y a vingt-cinq ans, et achevée par le parfait architecte qu'est M. Rauline, s'est accomplie.




                                                                                                                             Memor.

                                                                                                         (Phot. Chevaujon communiquées
                                                                                                                                                          par M. Rauline.)

La vie Illustrée, 6 octobre 1899.

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