mardi 20 mai 2014

Mortalité comparative des pauvres et des riches.

Mortalité comparative des pauvres et des riches.


Pour arriver à quelques éléments de comparaison pour la mortalité des riches et des pauvres, M. Benoiston de Châteauneuf a eu l'idée de faire des recherches statistiques sur la pairie française et anglaise, sur les vice-amiraux, lieutenants-généraux, présidents des Cours supérieures de Paris, directeurs-généraux, ministres et conseiller d'état, existant tous au 1er janvier 1820.
Les annuaires et almanachs royaux lui ont fourni, en outre, sur les souverains, sur les princes de l'Europe, sur le haut clergé, les renseignements dont il avait besoin. 
De cette manière, il avait réuni, à la fin de 1829, seize cents noms, sur lesquels il a pu opérer avec quelque confiance. Ces 1.600 personnes, parmi lesquelles figurent 157 souverains ou princes composant les dix famille couronnées de l'Europe, et huit autres qui, sans porter le nom de rois, règnent cependant sous les différents titres de ducs, grands-ducs, électeurs, landgraves, représentant à M. de Châteauneuf ce que la société a de plus élevé, lui ont paru pouvoir, quant à présent, servir à déterminer comment meurt le riche comparativement à la mortalité qui frappe le pauvre.
Du 1er janvier 1820 au 31 décembre 1829, c'est à dire dans l'espace de dix ans, les décès parmi ces 1.600 personnes privilégiées se sont distribués ainsi d'année en année: 57, 47, 49, 56, 61, 61, 46, 51, 50, 41; total, 502, c'est à dire à peu près le tiers de la totalité des vivants.
Le second terme de comparaison recherché par M. de Châteauneuf a été pris dans le 12e arrondissement de Paris, parmi les chiffonniers, balayeurs, terrassiers, journaliers, des rues Mouffetard, de la Clé, de l'Oursine, etc. Les décès de dix années pour 1.600 individus de cette classe misérable ont donné en somme une mortalité double. 
Restait à ajouter la mortalité des classes moyennes: c'est ce qu'a fait M. de Châteauneuf, et il est arrivé au résultat suivant; 
- de 25 à 30 ans, la mortalité pour la classe moyenne a été de 1,31 sur 100, celle des riches de 0, celle des pauvres de 2,22; 
- de 30 à 35 ans, 1,56 pour la mortalité commune, 0,85 pour celle des riches, 1,43 pour celle des pauvres.
- De 35 à 40 ans, les trois objets de comparaison ont donné les chiffres que voici, en suivant l'ordre qui a été indiqué: 1,71, 1,20, 1,85;
- de 40 à 45 ans, 1, 95, 1,99, 1,87;
- de 45 à 50 ans, 2,21, 1,59, 2,39;
- de 50 à 55 ans; 2,63, 1,81, 2,50;
- de 55 à 60 ans; 3,39, 1, 68, 4,60;
- de 60 à 65 ans, 4,41, 3,05, 5,76;
- de 65 à 70 ans, 5,85, 4,31, 9,25;
- de 70 à 75 ans, 7,80, 6,80, 14,14;
- de 75 à 80 ans, 10,32, 8,03, 14,59;
- de 80 à 85 ans; 13,15, 11,58, ...
- de 85 à 90 ans; 13,55, 16,28,...
- de 90 à 95 ans; 14,5.
Ainsi, pour la classe moyenne, la mortalité est entre 70 et 75 ans, de 7,80 sur 100; elle est de 6,80 pour les riches, et de 14,14 pour les pauvres. Le 31 décembre 1829, la chambre des pairs de France se composait de 313 membres dont les âges réunis formaient dix-huit mille cinq cent trente-cinq ans, et donnait un âge moyen de cinquante-huit ans cinq mois neuf jours.

Journal des Connaissances Utiles, avril 1834.

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