dimanche 22 décembre 2013

Principes utiles à la conservation de la santé.

Principes utiles à la conservation de la santé, selon la constitution, le sang, l'âge et la saison.


1- L'alimentation ne doit pas être uniforme. On a besoin de varier les substances qu'on livre à son estomac, afin qu'il s'habitue  à leurs diverses impressions, mais on ne doit point user à chaque repas d'une grande variété de mets.
2- Les mets qui excitent immodérément l'appétit ruinent les meilleures constitutions.
3- Gardé trop long-temps, le meilleur pain s'altère. Le pain chaud est indigeste; le pain bis est moins nourrissant que le pain blanc; celui qui contient du son moisit promptement; le pain de froment est le meilleur.
4- Les alimens tirés du régime animal sont plus nourrissants que les autres. La chair de poisson est moins nourrissante. La viande des jeunes animaux contient moins de sucs nutritifs que celle d'animal parvenu à son entier développement.
5- Les alimens féculens sont de facile digestion, nourrissent beaucoup; combinés avec certaine quantité de viande, ils forment une excellente nourriture. Les végétaux herbacés sont peu nutritifs. Les fruits le sont moins encore; l'on doit s'en abstenir lorsqu'ils ne sont pas bien mûrs.
6- L'eau est le meilleur dissolvant, celle des fleuves ou des rivières est la plus convenable à l'usage alimentaire.
7- On peut faire plusieurs repas dans la journée, mais, avant d'en commencer un autre, il faut toujours attendre que la digestion des repas précédens soit faite, et, pour cela, quatre heures au moins sont nécessaires. Les enfans doivent manger plus souvent que les adultes et les vieillards, parce qu'ils besoin de croître, tandis que les autres n'ont qu'à réparer les pertes qu'ils ont faites.
8- Que tout changement d'alimentation ne se fasse que graduellement: des alimens peu sains, mais auxquels l'estomac est habitué, sont souvent préférables à une nourriture plus salubre dont on n'a pas l'habitude.
9- Le vieillard fera plusieurs repas dans la journée, ne fatiguera pas son estomac. Un seul repas par jour expose à de fréquentes indigestions. C'est à la vieillesse que les excès dans les alimens et les liqueurs fortes sont surtout nuisibles.
10- Celui qui est doué d'une forte constitution n'a pas toujours un bon estomac. Lorsque l'on ne ressent pas des besoins irréguliers qui indiquent une grande sensibilité de l'estomac, ou de l'aversion pour les alimens, ce qui annonce de l'inertie dans cet organe, lorsque l'on respire facilement, que l'on a ni coliques ni borborygmes, on est en état de bien digérer.
11- L'homme robuste doit prendre des alimens tenaces, qui excitent les organes de la digestion, stimulent et soutiennent l'organisation.
12- Le régime des personnes robustes doit être très-varié. Sans se livrer à des excès, elles doivent changer fréquemment leur manière de vivre.
13- La nourriture des sujets faibles, infirmes, valétudinaires, doit être substantielle, légère, prise en petite quantité plusieurs fois le jour. Les végétaux flatulens ne leur conviennent pas. point de substances grasses, visqueuses, pesantes. Exercice modéré, bains tièdes, bains frais. Frictions sèches sur la peau. Se coucher de bonne heure, au midi de préférence à toute autre exposition, se lever matin, se coucher de nouveau si l'on est fatigué, éviter le froid du matin et du soir, le soleil du midi, les vapeurs et les brouillards, ne jamais travailler immédiatement après les repas.
14- La nourriture animale convient dans le Nord, et pendant les saisons froides. Les habitans des pays chauds se trouvent mieux des substances végétales. Régime mixte dans les climats tempérés.
15- En hiver, on peut faire usage d'alimens forts, excitans, qui exigent une forte action de l'estomac, de boissons stimulantes. Dans cette saison les forces digestives ont leur plus grande énergie; l'estomac doit être fortement exercé afin qu'il puisse donner aux autres organes la force de résister à l'impression du froid; on dort et on mange plus que dans les autres saisons. Aussi, vers la fin de l'hiver, doit-on se mettre un peu à la diète, car la surabondance de sang, à cette époque, dispose aux inflammations pour le printemps.
16- Le printemps est la saison de la végétation. Le sang, déjà en excès, circule avec plus d'activité. On doit diminuer sa nourriture; user, de préférence des alimens végétaux; boire moins de vin qu'en hiver, qu'il soit plus léger et mêlé d'eau. Les constitutions sanguines sont le plus exposées aux inflammations à cette époque. Il faut éviter le passage subit du chaud au froid, d'un exercice violent à un repos complet; ne point quitter trop tôt les habits d'hiver.
17- L'été active le système veineux, la sécrétion de la bile. C'est alors que l'on doit faire usage des viandes blanches, de la chair des jeunes animaux, de légumes et de fruits, ne boire que peu de vin mêlé à de l'eau fraîche, user des assaisonnemens avec modération. Les alimens compactes, les viandes grasses et visqueuses, les exercices violens sont très-nuisibles pendant la grande chaleur. Un usage modéré des fruits, les bains frais et les boissons rafraîchissantes sont de la plus grande utilité.
18- L'automne est accompagné de changemens brusques de température. Aux approches de l'hiver il faut revenir peu à peu à l'usage des viandes, à une alimentation et aux boissons toniques. Usez encore de végétaux, surtout, si l'été a été chaud. Que les vêtemens soient plus chauds vers la fin de l'automne. Enfin, suivant l'irrégularité des saisons, il faut observer les préceptes précédens. Souvent on est obligé, le même jour, de laisser des habits légers pour en prendre des plus chauds; que la nourriture soit également appropriée à l'état atmosphérique.
19- Les personnes d'un tempérament sanguin bilieux ne doivent user de viandes que modérément. Les végétaux leur conviennent beaucoup mieux. La vie de l'homme sanguin doit être variée, et s'il n'a pas de dispositions marquées pour la pléthore (disposition à devenir trop gras), il peut faire usage de tous les alimens et de toutes les boissons.
20- Celui chez qui le sang surabonde dois prendre des alimens peu nourrissans, des boisson rafraîchissantes; qu'il prenne un exercice modéré; qu'il s'abstienne de vin pur, de liqueur, de café; les viandes blanches, les herbes potagères, les fruits doivent faire la base de son régime. Si l'on est pléthorique, il faut éviter les alimens succulens, gras, huileux, assaisonnés; ne boire que peu de vin, jamais pur; préférer les végétaux et les viandes blanches.
21- Le sujet bilieux doit suivre ce dernier régime, éviter les épices, touts les stimulans; les acides lui conviennent; le lait ne lui est pas avantageux; point de graisse, point de viandes noires, de fromages, d'alimens doux, sucrés, mielleux; peu de vin ou mêlé à beaucoup d'eau; exercice modéré, sommeil prolongé.
22- Le sujet nerveux s'abstiendra d'alimens visqueux, de légumes farineux, de pâtes non fermentées de mets d'une digestion difficile, d'assaisonnemens excitans; qu'il mange du pain bien levé, bien cuit, des viandes blanches, gélatineuses, telles que le veau, l'agneau, la poule, le poulet; des herbages, des fruits; qu'il boive un vin léger, de la petite bière ou un cidre bien paré, peu chargé; point de viandes noires, bœuf, pigeon, gibier, etc., exercice léger, par une température modérée et peu humide; fréquentes distractions.
23- Les lymphatiques ne doivent pas beaucoup se nourrir de végétaux, les plantes réputées antiscorbutiques, diurétiques, leur conviennent; point d'alimens gras, visqueux ou provenant de jeunes animaux; pas de poisson, de farineux, de légumes féculens; qu'ils mangent des viandes riches en fibrine, du bœuf, du mouton, du gibier, etc.; qu'ils usent, mais sans excès, de vins généreux, de liqueurs spiritueuses, d'assaisonnemens; l'exercice, surtout par une atmosphère sèche et chaude, est indispensable; l'oisiveté suffit pour rendre lymphatique; il leur faut un régime tonique, un sommeil léger, l'air des montagnes.
24- Peu de viandes aux enfans et aux jeunes gens; les légumes, les racines, les herbages, les fruits leur conviennent; un vin léger trempé, mais pas de boissons spiritueuses. A mesure que la vie s'avance, il faut une nourriture plus tonique, plus réparatrice;
25- A peine l'organisme a-t-il atteint son point de perfection que bientôt il marche vers la décadence. La vieillesse ordinairement commence vers soixante ans. Après soixante-dix ans commence la décrépitude. Dans le premier cas où un homme est encore vert, qu'il évite les liqueurs fortes, les épices, l'abus de la table, les exercices violens, les passions vives; manger peu, surtout le soir, peu de viandes noires, pain bien cuit; végétaux nourrisans; vin vieux et généreux, pris modérément; point d'alimens gras, farineux, pesans.
26- A mesure que l'on avance en âge, on doit mener une vie sobre, régulière, tempérante.Tout doit être réglé, occupations, repas, excrétions, exercice, repos, sommeil. Porter de la laine ou de la flanelle sur la peau; éviter l'impression du froid, les sueurs abondantes; prendre quelques bains tièdes afin de faciliter les sécrétions.
27- L'éducation que l'on donne aux femmes les fait différer presque entièrement de l'homme. d'une constitution plus faible, plus irritable, elles ont toujours à craindre des maladies nerveuses. Leur régime se rapproche de celui de la jeunesse. Point d'alimens difficiles à digérer, pas de stimulans, d'épices, de café, de liqueurs; mais des viandes blanches, des végétaux, etc.
28- La femme qui mène une vie active, dont le physique et le moral se rapproche de l'homme, doit suivre le régime qui a été indiqué pour celui-ci, sauf les précautions qu'exigent les différens états qui sont particuliers à son sexe. La vieillesse est plus hâtive chez les femmes, mais ses progrès sont plus lents.

                                                                                                      Magistel, D. M.

Journal des Connaissances utiles, février 1833.

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