samedi 23 novembre 2013

Demande insidieuse.

Demande insidieuse.

Quand on a exécuté récemment le berger Leclerc à Saint-Michel, il a refusé du café, alléguant sa peur d'être empoisonné. Un de ses prédécesseurs devant la guillotine à Chartres, s'est montré encore plus jovial.
Cet affreux gredin, assassin de profession, et condamné à la peine capitale, apprend, un vilain matin, que son recours en grâce étant rejeté, il n'a plus que quelques instants à jouir de l'existence.
Tandis que cet excellent M. Deibler procède à sa toilette suprême et lui échancre largement le col de sa chemise, le directeur de la prison lui demande ce qu'il désire, l'usage, en pareil cas, étant de faire droit aux dernières volontés des condamnés.




D'habitude, ceux-ci, qui ne sont pas très en train et n'ont guère d'appétit, se contentent d'une cigarette ou d'un verre de rhum, et c'est bien ce qu'on entend proposer à notre chenapan.
Mais celui-ci, faisant le loustic, répond d'une voix éraillée:
- Ah ben! pas de refus!
- Que voulez-vous?
- Faut vous dire, j'ai la tête un peu dure...
- Ce n'est pas la question.
- Oh que si.
- Bref, qu'est-ce que vous désirez?
- Apprendre l'anglais!

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 juin 1903.

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