mardi 22 octobre 2013

Les armes de la coquetterie.

Les armes de la coquetterie.


La mode est un tyran capricieux. A chaque saison nouvelle, elle oblige ses fidèles à changer non seulement leurs toilettes, mais aussi les accessoires qui en font la gracieuse parure. Pour celles de nos lectrices qui ne voient pas passer tous les jours sous leurs yeux les élégances parisiennes, nous allons indiquer ce qu'il est indispensable de porter pour mettre en pleine valeur le fini et la grâce des toilettes, et donner aux costumes féminins ce que l'argot parisien a dénommé "le chic".

Les chaussures.

Les chaussures sont désormais de par leur élégance, un accessoire important de la toilette. Les bottines ordinaires sont à boutons, avec talons plats, en veau ou en chevreau; celles plus élégantes sont à talons Louis XV, en chevreau glacé et claque vernie. On aime les chaussures étroites, longues, à bout légèrement carré. Pour l'été, comme chaussure courante, la bottine en cuir tan. Avec les toilettes claires, on porte à pied le soulier de chevreau ou de daim blanc; s'il s'agit d'une toilette beige, on mettra des souliers en daim chamois; d'une toilette grise, des souliers en daim gris. Pour le soir, on assortit la chaussure à la couleur de la toilette; soulier Louis XV en satin bleu, rose, vert, blanc, en drap d'or ou d'argent, avec boucle d'argent ou de strass et broderies de perles ou de paillettes. Avec les robes rouges, souliers de peau rouge ou souliers noirs à talon rouge, on porte également le soulier rouge avec la robe noire, ou, ce qui est plus pratique, le petit soulier Louis XV en vernis, satin noir ou chevreau glacé. Il sert également comme soulier d'intérieur.

Les bas.

Les bas en soie s'assortissent à la chaussure, des médaillons à jour ornent le cou-de-pied et les baguettes de côté, les bas de filoselle noire se portent pour la toilette courante, on ne met plus guère de bas de laine. La vilaine jarretière qui déformait le genou a vécu, elle est remplacée par des jarretelles se fixant aux bas à l'aide d'agrafes.

Les gants.

Les gants sont en peau glacée blanche ou en suède champagne avec trois boutons. Les gants du soir sont à manchettes très longues, en peau blanche. Pour les gants ordinaires, on choisit des gants de peau couleur tan.

Les bijoux.

L'Exposition de 1900 a ressuscité le bijou, sous le formes des bagues, des colliers, chaînes sautoirs, bracelets, etc...La perle est devenue d'un prix inabordable depuis que toutes les femmes veulent avoir le collier de perles vraies à un ou plusieurs rangs.
Le diamant, l'émeraude, le rubis revivent sous toutes les formes, montés avec un art merveilleux qui fait valoir la beauté de la pierre. On les emploie en chaton de bagues, en pendentifs, en fermoirs pour collier.
La broche et les boucles d'oreilles ne se portent plus guère. En revanche, bagues et bracelets de tous les styles s'accumulent aux mains de nos élégantes; la chaîne sautoir en or semée de perles fines, de diamants, de pierres précieuses, soutient les breloques, les porte-bonheur, la montre, le crayon d'or.
Les épingles à chapeau, les épingles pour corsage sont garnies de perles, de diamants, d'énormes perles baroques supportées par un calice de petits diamants ou de petits rubis.

Le bibelot.

C'est le cher jouet de la femme, il touche à tout et comprend toutes les parties de la toilette. C'est la canne de l'ombrelle ou du parapluie, en nacre, en bois, en or, en argent, en écaille que surmonte une pomme en métal ciselé, un oiseau en or dont le bec retient une perle de prix.
C'est le précieux éventail ancien Louis XV ou Louis XVI, ou l'éventail ancien peint et brodé sur soie et sur peau, monture de nacre ou d'os ou l'éventail artistique peint sur peau signé Abbéma, Chennevière, Lemaire, etc. Comme bibelot nouveau, de moins grand prix, l'éventail nouveau style, les petits éventails fantaisie pailletés ou peints sur satin, les éventails montés sur bois laqués, les éventails chinois, japonais, montés sur bambou.
Le réticule, le petit sac à main qui remplace la poche exilée de nos jupes, va du simple sac en soie noire jusqu'à la grande bourse en or à maillons semées de pierres précieuses et de perles fines, en passant pas les sacs de velours ou de vieille soie montés par un fermoir ancien genre Renaissance, et le sac de maroquinerie unie ou de daim gris incrusté de turquoises.
Que d'autres jolis bibelots, il faut encore citer! La boucle à maillons d'or, la glace, la boite à poudre, le flacon, le mignon porte-cartes en or qui contient les cartes, les épingles. Puis le porte-monnaie en maroquinerie, large et étroit, contenant le porte-cartes, le crayon, un block-notes.
Signalons encore les boutons artistiques qui décorent mantes et corsages. Le face-à-main Louis XV ou Empire se monte en or ou en écaille blonde et s'enrichit du chiffre en diamants. Tous ces objets se font aussi en argent, acier, métal oxydé.

La coiffure.

Il est de bon ton, mesdames, de rester blonde ou brune suivant que Dieu vous a créée. N'employez la teinture que lorsque vos cheveux s'argenteront, et encore, les cheveux blancs sont désormais très à la mode et siéent aux jeunes visages. De même pour l'arrangement de vos cheveux, la mode vous laisse entière liberté; si les cheveux relevés tout autour du front et des tempes vont à votre visage, , adoptez la coiffure haute découvrant hardiment la nuque et tordue en un chignon posé au sommet de la tête? Avec la coiffure basse, les bandeaux sont plus seyants, on les fait plus ou moins larges, retombant sur les oreilles ou découvrant les tempes, les cheveux tordus dans le cou forment nœud ou catogan, ou trois rouleaux superposées ou un chignon natté.
Les ondulations à larges vagues conviennent surtout aux blondes; pour les brunes, les cheveux plats sont généralement plus seyants.
Avec la mode des coiffures basses est revenue la mode des postiches que l'on porte en faux chignon, en nattes, en crépon, en rouleaux, en bouclettes. On fait également des combinaisons en cheveux ondulés qui emboîtent le tour de tête et imitent à s'y méprendre les cheveux naturels.
Le peigne tient du bijou, il est en or, en écaille avec monture d'or et pierres fines, en ivoire et ciselures art nouveau, en or avec boules en perles ou brillants. Pour le soir, les cheveux s'embellissent de brillants, de parures, de grosses fleurs posées en choux, d'aigrettes avec brillants, de nœud de velours.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 3 mai 1903.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire