lundi 9 septembre 2013

Ceux dont on parle.

Coquelin.



Coquelin est né il y a 62 ans.Il a grandit depuis, de façon un peu inégale. Sa tête a pris des proportions normales, tandis que les jambes restaient en arrière. Quant à sa réputation et son orgueil, tous deux ont grandi considérablement, depuis le temps où le jeune Coquelin jouait dans la boutique de boulanger de son père, à Boulogne. Le nez a aussi profité: il est même allé un peu trop loin, probablement à cause de la voix de Coquelin, qui a pris la facheuse habitude de passer par là; elle y a gagné un certain nasillement qui est d'un effet très sur dans les moments pathétiques.
A dix-neuf ans, il entrait au Théâtre-Français; à vingt-trois ans, il était sociétaire. Puis arriva la guerre de 1870: coquelin montra son grand courage en dirigeant contre l'envahisseur les poèmes patriotiques de François Coppée et d'Eugène Manuel. Il accroît ensuite sa popularité au moyen de conférences qu'il fait en province et dans la salle bien connue du boulevard des Capucines.
En 1880, Coquelin, ami intime de Gambetta, fait la pluie et le beau temps, à la Comédie-Française. ses fréquentes absences exaspèrent l'administrateur général, M. Perrin. On raconte qu'ayant appris un jour qu'il allait donner une représentation au Havre le dimanche suivant, M. Emile Perrin lui fit jouer en matinée, ce dimanche là, et à la fin du spectacle, les Précieuses Ridicules, afin de l'empêcher de se rendre au Havre. Coquelin parut en coup de vent, expédia son rôle et sauta dans le train qui partait à 5 heures 5.
Très roublard, il fit en Allemagne, en Russie, en Amérique, des tournées qui lui rapportaient des sommes énormes, et où ses imprésarios laissaient parfois leurs plumes.
On lui doit de nombreuses créations, en particulier celle d'un fils, Jean Coquelin, qui porte dignement ce nom illustre.

                                                                                                                       Jean Louis.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 8 février 1903.

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