lundi 19 août 2013

La suppression des cuisinères.

La suppression des cuisinières.

Une féministe zélée et des plus ardentes, Mme Schmahl, a écrit, il y a quelques années, dans un de nos grands périodiques, une série d'articles qui ont fait beaucoup de bruit et qui avait pour objet de démontrer que la femme sera forcément l'esclave de l'homme tant qu'elle laissera faire la cuisine chez elle, soit qu'elle s'en occupe elle-même, soit qu'elle confie ce soin à une bonne.
Cette révolution dans la cuisine n'est pour le moment que toute théorique en France, mais elle vient d'être mise en pratique en Angleterre où s'est constituée une société pour l'organisation des "cuisines de quartiers" qui distribuerait à domicile, à l'heure convenue, avec une extrême ponctualité, les mets voulus, que ceux-ci soient achetés à l'avance avant la cuisson, ou que la société de cuisine en fasse elle-même l'achat d'après les instructions. La grande difficulté était jusqu'ici de servir chaud dans toutes les maisons et à tous les étages sans mécomptes.
Le problème serait résolu par le thermaphère, porte-manger, composé de plusieurs bidons superposés, chaque bidon contenant dans un double fond une substance chimique se dissolvant aussi facilement que du sucre sous l'action de la chaleur et conservant celle-ci pendant une durée suffisamment longue.
La même substance, en se refroidissant, retourne à l'état de cristallisation et peut servir indéfiniment.
La société anglaise de "cuisines de quartiers" a calculé que, pour servir quotidiennement, à raison de deux repas par jour cinquante mille familles, il faut un capital initial de 360 livres sterling ( 9.000 francs), pour l'installation des locaux, fourneaux, etc...et une dépense annuelle, réserve comprise de 1.500 livres ( 37.500 francs). Les bénéfices annuels pourraient s'élever à une dizaine de mille francs par chaque groupe de cinquante clients qui payeraient un abonnement d'environ 700 francs et économiseraient une somme au moins égale, puisqu'il n'y aurait plus de chauffage pour la cuisine ou de gages de cuisinière.
Rappelons à ce propos, qu'à Berlin, il existe depuis quelques années des " cuisines de distribution" dont les cuisiniers portent aux ouvriers, à l'atelier, leurs repas tout préparés, en leur faisant faire une économie importante.
En Chine, on ne fait pas la cuisine chez soi. On achète ses repas tout faits aux cuisines ambulantes., qui parcourent sans cesse les rues, comme à Paris les petites voitures des marchands de quatre saisons.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 21 décembre 1902.

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